paroles de verre | edith + ephemer

edith + ephemer

C’est la nuit.

On se presse, on saute dans les flaques en dégueulassant ses belles godasses.

Les siennes sont usées bien qu’il puisse se contenter d’aller chercher une autre paire chez lui. Il a la rébellion flemmarde et le sous aisé. La pluie salée dégouline sur ses cheveux ivoirins et son nez pâle. Ce doit être de ce côté. Mais qu’est-ce qu’il en sait ? Il s’est aventuré ici de rumeurs en ragots. Un itinéraire hasardeux qui le pousse à côtoyer un pont douteux de la ville. Quelques sans-abris râlent dans un bruit sourd pas loin. Qu’est-ce qu’il fout là ?

Son informant lui a dit que son contact se trouverait là. C’est bien sa veine, il n’a rien demandé de plus. Pas de nom, pas de signe distinctif. Un homme peu commode s’approche de lui, alors il le regarde lui lance un clin d’œil pour lui montrer qu’ils sont de mêche. C’est peut-être lui qu’il cherche. Son signe secret n’a pas l’effet désiré , le bougre lui réponds qu’il n’est pas intéressé. Comment ça ? D’un haussement d’épaule, Ephemer fait un pas en arrière, ils ne comprennent vraiment rien à rien ces pécores.

Il commence à douter, il se retrouvera bientôt ligoté dans un sous-sol crasseux. Les yeux bandés et un chiffon sale dans la bouche. On demandera une rançon à son père, on le tuera quand même. Egorgé comme un cochon dans un caniveau.
Alors terminé le brillant futur. Mais après tout, quel brillant futur ? Il n’aura certainement jamais de femme. Sa personne plait parfois mais il n’est pas assez constant pour qu’on l’aime longtemps. Et lui il a tendance à tomber amoureux d’un peu tout le monde. La muse est une exception mais c’est bien parce qu’elle est : sa muse. Il s’entiche de beaucoup de femme mais une unique le prends au cœur.

Des enfants ? Il n’en aura certainement jamais. C’est sûrement pour le mieux, qu’une race comme lui ne se reproduise plus jamais. Que dans cette vie le sang de la lignée De Staël s’éteigne pour de bon. Pour le mieux.

Il frémit, il va bientôt attraper la mort sous son manteau. Il distingue une silhouette, un mirage qui se faufile près de lui. Il a peut-être déjà attrapé la fièvre, il ne voit déjà plus rien. Un autre souffle, il se tourne à nouveau. Au loin, une personne qui se traine là. Serait-ce son interlocuteur ? La personne qu’il cherche pour l’Orme ? Elle n’en a pas l’air. Il s’approche un peu, le pas hésitant, faisant mine de regarder tout autour. Il se mettrait presque à siffloter.

Il se tient plus près. C’est une fille, la chevelure dorée toise le mauvais temps et l’endroit gris. Il s’éclaircit la gorge pour se manifester. Une fois, deux fois, une troisième fois plus fort. Il attire un regard, alors il hausse les sourcils plusieurs fois. Il pense qu’il sait s’y prendre, balance deux trois clins d’œil comme s’il était dans la confidence.

-Alors vous..

Il s’éclaircit la gorge devant l’absence de réaction.

- Vous venez souvent ici ?

Il va pas lui parler de l’Orme directement non plus, il n’est pas fou. Il sourit un peu, fier de ses talents d’usurpateur. Il se croit malin et habile. Lui le grand roi des affaires secrètes.