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 Une rencontre à l'aube (Alceste & Édith)

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Édith Maignan

Édith Maignan
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Une fleur invente la perfection du monde
Activité : La science dans le sang. Elle est chercheuse en botanique pour l'Orme. Fait partie de l'équipe qui a créé le terreau argent (Édith). Sous un autre nom elle est gardienne de la Serre du Grand Palais (Annie)
En société : Noblesse déchue par l'impératrice. Ancienne famille noble respectée pour son savoir. Aujourd'hui luttant contre cette anarchie.
Organisation(s) : Scientifique de l'Orme, l'organisation de son père. Petite princesse chercheuse qui essaye de donner une seconde vie à la nature. Elle travaille sur le terreau argent
Besace : Un cahier de croquis, des fleurs séchées, un flacon de parfum, à la rose, une clé de détermination de botanique, un animautomate libellule piraté

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Une rencontre à l'aube (Alceste & Édith)    Mer 27 Mai - 14:32


Une rencontre à l'aube


L’aube est comme un rêve, un soupir, un murmure, il chuchote les secrets du temps à l’oreille, permettant aux cœurs de battre en harmonie avec la terre intemporelle. Une jeune femme marche dans les rues de Paris. Au loin, elle aperçoit les fins rayons de soleil, encore timides, ils ne semblent pas vouloir briller. Ses sens s'éveillent, elle sent l’odeur de la fumée avant même que ses yeux puissent la discerner. Le smog, devenu le cauchemar de ses nuits, son Némésis, celui qui pourrit sa vie. Édith a juré de le faire disparaître. À l’aube, la grisaille n’a pas encore envahi Paris, sa ville. À l’aube, elle me met à rêver d’une vie meilleure, où la nature reprendrait ses droits et le chant des oiseaux viendrait l’émouvoir. À l’aube, le monde semble plus beau.

À cet instant, Édith chérit son travail à la Serre du Grand Palais pour lui offrir ces moments de paix. Des matinées entières entourées d’une verdure présente nulle part ailleurs. Une promenade tôt le matin, l’enveloppant de tous les rêves qu'elle garde précieusement. Oui, la botaniste chérit ces instant, bien qu'il lui faille en profiter sous un autre nom. Parfois, il lui semble que l’anonymat est bien plus facile à porter que son vrai nom. Annie Monian n’est personne, elle n’est pas un symbole de révolution, elle ne lutte pas pour la cause de son père qui est devenue la sienne. Annie n’a rien à faire d’autre que vivre. Tous les matins elle ouvre la serre du Grand Palais et s’occupe des plantes. Tous les après-midi elle profite, vogue dans la ville au grès de ses envies. Personne n’attend rien d’elle, car elle est libre de ses mouvements. Édith Magnian a des responsabilités, un combat qu’elle ne peut abandonner et un nom qui ne lui appartient pas totalement. Édith Maignan est fougueuse, passionnée, elle a l’opportunité de changer le monde. Une femme d’un autre temps. Mais parfois, Édith est fatiguée. Et parfois, être Annie lui suffit.

C’est le cas ce matin, alors qu'elle erre seule dans les rues encore sombres de Paris. Des bruits se font entendre, elle écoute les premières maisons s’éveiller. Quelques fenêtres qui s’ouvrent, l’odeur des bougies et de l’huile, le son des chevaux que l’on réveille. Au loin un homme s’active, éteignant les réverbères avant que le soleil n’emplisse les rues de sa lumière céleste. Elle le reconnais. L’homme est grand, sombre, droit, elle a déjà eu l’occasion de parler avec lui, quelques semaines auparavant. Heureuse, Maignan ne pensait  pas le recroiser par-ici. Quelle belle surprise! Quelle belle journée qui s’annonce. Courageuse elle avance dans sa direction " Bien le bonjour Monsieur. Quelle heureux hasard de se retrouver de nouveau de si bon matin " .  Avec lui elle n'est qu’Annie, jeune femme sans histoire, n’appartenant à aucune organisation, juste une employée de la Serre. Aujourd’hui, elle avait besoin d’être Annie, car la nuit n’avait pas été bonne. Trop agitée, porteuse de mauvaises nouvelles, des expériences avaient échoué. Oui, la nuit avait été difficile dans son laboratoire. "  Comment allez-vous ce matin ? "
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Activité : absurde activité qui semble se battre légalement contre le couvre feu. puisqu'il le faut puisque si un jour quelqu'un va dans l'espace il faudra bien lui servir de phare alceste allume et éteint les réverbères tous les jours à heures fixes.
En société : petit prolétaire fonctionnaire qui fait ce qu'on lui dit tête basse. longtemps surveillé puisque huysmans l'état a bien vite décidé en riant qu'il n'avait pas la trempe ou les idées de ses parents et l'a laissé seul dans ses miasmes.
Organisation(s) : et pourtant alceste une fois l'attention d'état perdue s'est offert à l'ordre du plomb puisqu'il n'avait rien d'autre à apporter que lui.
Besace : clés allen, chiffons, allumettes, journal de son père, plumes cassées et rêves qui n'en sortent jamais

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Re: Une rencontre à l'aube (Alceste & Édith)    Ven 5 Juin - 22:43

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de toute façon, me disais-je, un jour je le verrai moi aussi, face
à face, et je n'en mourrai pas : l'idée qu'il y a un âge où la vérité
tue répugnait à mon rationalisme.


mémoires d'un jeune fille rangée, simone de beauvoir

le huitième arrondissement : pas son préféré. le plus vide, le plus grand, le plus intimidant. avec ses grosses bâtisses de pierre imposantes qui semblent narguer quiconque ne prétend au luxe il exclut le prolétariat, nie sa saleté, fait oublier à la haute son existence même. dans un quartier pareil il est aisé de vivre sans savoir que la pauvreté existe quelque part. facile de se raconter n'importe quoi dessus, oh, ils n'ont juste pas de sorties le soir ou au contraire ils vendent tous leurs enfants ce sont des gens terribles, des monstres. les fables qu'on se raconte sur ce que l'on ne voit pas, ce qu'on ne connait pas, cette façon de se les approprier pour qu'elles cessent de faire peur. et pourtant dans le huitième arrondissement il y a le grand palais, bâtiment splendide et majestueux s'il en est. et s'il devrait être le pire pied de nez de la haute aux petites gens, alceste ne peut s'empêcher d'être fasciné par lui. il a ce menu privilège, de par son métier, de pouvoir s'en approcher bien près. trop couard pour coller son visage aux vitres, il jette de petits regards furtifs occupé à sa tâche, il cherche à percevoir un bruissement, une feuille, tente de percevoir un arbre dont il ne connait pas le nom, qu'il serait incapable de distinguer des autres, mais qui lui ferait du bien.
il s'arrange toujours pour le mettre à la fin de son parcours. ça lui donne l'excuse d'y trainer sans en avoir l'air. s'arrange pour toujours avoir une excuse à sortir au cas où on lui demanderait, bien qu'on ne lui demande jamais. il sait bien qu'il pourrait sans doute être plus téméraire, tenter une percée, et qu'il ne lui arriverait pas grand chose. coller son visage à la vitre, sentir si elle est chaude ou froide, tenter de percevoir des odeurs inconnues. coller son visage un jour - il ne demande rien de plus.

il éteint le dernier réverbère du pont alexandre III distraitement. descend l'échelle sans écouter ses bras et ses épaules qui hurlent puisqu'ils hurlent toujours et qu'il ne peut rien y faire de toute façon. il sait le corps de l'ouvrier qui le lâche au fur et à mesure et s'y est résigné. à quoi bon y faire quelque chose si c'est inéluctable ? voilà une bonne maxime pour représenter la vie d'alceste.

au loin se profile une silhouette qui lui attire le coin de l'oeil sans qu'il sache se l'expliquer. elle est vaguement familière mais pas assez pour faire lumière immédiate dans son esprit. la silhouette se précise et il découvre les traits d'une jeune femme qu'il a rencontrée presque exactement au même endroit quelques semaines plus tôt, la dernière fois qu'il était assigné au huitième. il se permet de tourner la tête pour regarder franchement, et son nom lui revient. madame monian, bien sûr. il avait été trop timide pour lui demander ce qu'elle faisait là de si bon matin la dernière fois et s'en était voulu ensuite. voilà que la vie lui donnait l'occasion de se rattraper, ce qui est inespéré si l'on compare ce petit détail de vie avec l'immensité de paris. comme si le destin vous permettait de placer finement cette réplique spirituelle à une dispute qui nous était venue des heures plus tard. et de fait, elle se dirige vers lui. et même : lui adresse la parole. alceste est le dernier individu maladivement timide de france (du moins la vie tente souvent de lui donner cette impression, n'aidant en rien une amélioration éventuelle). madame monian - mais bien et vous ? il se trouve soudainement encombré par son barda comme s'il était débutant et qu'il s'agissait de sa première tournée. parler aux gens en service lui fait cet effet là les trois quarts du temps. le temps s'est radouci, il est plus agréable de travailler dans ces conditions. c'est joli de le voir comme ça, la vérité c'est que c'est juste un peu moins pire quand ça ne gèle pas. êtes vous simplement une promeneuse matinale ou vous rendez vous quelque part ? bénie soit l'éducation éclairée et polie que lui ont donné ses parents, sans laquelle il n'aurait sans doute jamais parlé. et même, fou ce matin, il pose son roseau et son échelle à terre, essuie ses doigts sur sa veste d'uniforme et tend la main.
Édith Maignan

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Activité : La science dans le sang. Elle est chercheuse en botanique pour l'Orme. Fait partie de l'équipe qui a créé le terreau argent (Édith). Sous un autre nom elle est gardienne de la Serre du Grand Palais (Annie)
En société : Noblesse déchue par l'impératrice. Ancienne famille noble respectée pour son savoir. Aujourd'hui luttant contre cette anarchie.
Organisation(s) : Scientifique de l'Orme, l'organisation de son père. Petite princesse chercheuse qui essaye de donner une seconde vie à la nature. Elle travaille sur le terreau argent
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Re: Une rencontre à l'aube (Alceste & Édith)    Dim 21 Juin - 21:48


Une rencontre à l'aube

En réalité, elle ne connaissait rien de cet homme. C’est peut-être pour ça qu’elle est allée lui parler. Elle ne connaissait rien de cet homme et l’inverse était également vrai. Cet homme ne connaissait rien d’elle. Dans ce Paris, dans son Paris, les rumeurs allaient de bon train et rien ne restait secret bien longtemps. Dans ce Paris de l’empire, il n’était plus bon d’être affilié au nom Maignan et à l’Orme, mais il n’était pas simple de se cacher. Cet homme ne savait rien d’elle à part le nom qu’elle avait bien voulu lui donner. Un nom sans aucune signification. Un nom qui n’était ni Ormiste, ni révolutionnaire, ni milicien. D’abord, elle fut surprise par cette appellation. « Madame Monian», l’avait-il appelé. Elle en avait presque oublié ce mensonge bien trouvé. Oui, c’était bien elle, déguisée, éloignée de ses préoccupations. Madame sonnait pourtant faux. Édith était loin d’être une madame. Sa peau était encore trop douce, ses yeux trop grands, sa tête pleine de rêves. Enfant adulte, Édith n’était pas madame, pas encore et peut-être jamais, car elle avait de bien meilleures préoccupations que de se marier. Cachée dans son laboratoire, elle s’inquiétait jour et nuit de ses expériences. Depuis quelque temps, elle s'intéressait au vif-argent, plusieurs flacons de contrebandes ornaient son bureau à toute heure de la journée. Loin du mariage, Édith était soucieuse de sauver la terre, permettre de nouveaux aux fleurs de pousser, soucieuse d’un avenir meilleur. Peut-être un jour, elle deviendrait madame, mais cela ne faisait pas partie de ses priorités. Sans trop savoir pourquoi il lui sembla important d’informer son interlocuteur, peut-être parce qu’elle ne voulait pas lui mentir plus que nécessaire. « Mademoiselle Monian, s’il vous plaît. Je ne suis pas encore une dame dans cette société ». Elle sourit de sa propre remarque. N’aurait-elle pas pu passer outre ? Sans doute. « Je vais très bien merci. Je ne me souviens pas vous avoir entendu me dire votre nom lors de notre dernière conversation, monsieur ?».

Au loin, le soleil amorçait sa montée. Paris était encore caché sous les rêveries de la nuit. Édith n’aimait rien de plus que l’aube, à part peut-être son laboratoire. Elle aimait cette sensation de renouveau, tout lui semblait possible quand elle contemplait l’aube avec ses yeux d’enfants. Son regard se perdit à l’horizon. Il n’y avait rien de malpolie bien que cela aurait pu en donner l’impression. Elles était tout simplement ainsi, incapable de rester dans le présent, incapable de rater la beauté du monde quand le spectacle s’offrait à elle. Comme une prière, un murmure prononcé pour elle-même Édith s’émerveilla « L’aube est magnifique aujourd’hui ». Sa voix à peine perceptible traversa le calme des matins de Paris. L’air frais lui fit reprendre conscience, se souvenant d’un coup de l’homme qui était à ses côtés. Il posa son échelle à terre et tendit sa main à Édith. La jeune femme s’avança pour répondre au geste. Cet homme était de toute évidence bien élevé, son ton était calme, bien que de petits gestes révélés sa timidité. D’une voix tout aussi calme et trahissant son éducation et l’ancienne noblesse de sa famille, Édith reprit vie dans le présent. « je me rends à la Serre du Grand Palais pour travailler. Il se trouve que j’en suis la gardienne. Je dois aller l’ouvrir ». En tant que gardienne de la Serre, Édith - ou plutôt Annie - devait se charger d’ouvrir la serre tous les matins. Elle avait donc prit l’habitude de se lever très tôt. Ce travail apportait à la jeune blonde tout ce dont elle avait besoin : elle pouvait s’occuper de plantes qu’on ne trouve nulle part ailleurs, elle en apprenait beaucoup sur ces plantes de l’ancien temps et parfois, elle arrivait à voler quelques graines pour ses recherches. Ce travail ne lui prenait que la matinée, car elle était vite remplacée quand midi approchait, lui laissant le loisir de profiter de son autre vie et de travailler au laboratoire tous les après-midi. La chercheuse vivait une vie bien remplie, ne s’ennuyant jamais, toujours plongée dans ses recherches. Cependant, elle s’abstint de parler de ce chapitre de sa vie à l’homme devant elle. Personne ne sera jamais qu’elle était une des créatrices du terreau argent. Des heures de recherches, des années passées à étudier le vif-argent et la botanique. Elle y avait passé des heures, des expériences ratées, des pleurs et des rires. Tout cela, toute cette sueur versée pour un but « permettre aux plantes de pousser de nouveau dans Paris ». Tout ça pour un peu d’espoir.
Mais elle ne pouvait pas en parler à cet homme en face d’elle. Personne ne sera jamais, parce qu’elle ne cherchait pas la gloire. Edith voulait simplement faire une différence dans ce monde, apporter un espoir que tous croyaient perdu. Elle n’en parlerait pas parce qu’elle ne pouvait pas risquer la prison. Après tout, elle n’était que Mademoiselle Monian, Annie Monian, Gardienne de la Serre. Annie sourit à son interlocuteur, parce que c’est ce qu’elle aurait fait. « Avez-vous bientôt fini votre tournée? ». Le soleil se levait, les réverbères seront éteints jusqu’au coucher.
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Re: Une rencontre à l'aube (Alceste & Édith)    Jeu 2 Juil - 19:55

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de toute façon, me disais-je, un jour je le verrai moi aussi, face
à face, et je n'en mourrai pas : l'idée qu'il y a un âge où la vérité
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ce qu'il sent chez cette jeune femme l'émeut, sans pourtant qu'il sache mettre le doigt, qu'il sache nommer ce que c'est exactement. peut être une sorte d'insouciance, une façon d'être au monde, de s'offrir à l'aube. un pas qui s'est prévu en avance pour ne pas se presser, qui se permet de flâner non sans but. contrairement à tous les parisiens qu'alceste a pu croiser dans sa vie, elle n'est ni écrasée par un lourd fardeau permanent, ni complètement dilettante et oisive. cet équilibre là, si rare, il s'émerveille de pouvoir en être témoin dans ces heures sombres. peut être avait-il même oublié qu'il pouvait exister. non voilà, tout précisément cela lui vient quand elle le corrige sur son appellation. c'est tout ça mais c'est surtout sa capacité à profiter des petites choses qui l'entourent qui le touche. elle profite de l'aube. elle profite de la lumière et du soleil qui contre toute attente continue à se lever tous les matins. elle profite complètement de toutes ces choses que les parisiens ont pris pour décor négligeable à la fin de leurs enfances, souvent même avant. elle lui donne envie de jouer aux jeux des premières fois où l'on tente de tout vivre comme une chose inédite et donc délectable. alors il s'excuse de bonne grâce. il a dit madame par réflexe, parce qu'en étant dans le huitième il plie son esprit à la servitude, parce qu'appeler quelqu'un mademoiselle lui a toujours semblé trop audacieux.

facile de s'excuser d'une petite entorse, plus compliqué en revanche de choisir comment se présenter. il est malvenu d'être un huysmans partout, dans ce quartier particulièrement. on pourrait croire qu'à avoir trois noms de famille se présenter devient un palpitant moment de choix à la faveur de l'humeur, mais ses trois noms sont maudits. il ouvre la bouche et parce qu'il ne veut pas trop laisser de temps de latence pour ne pas être percé à jour en sort le premier nom qui lui vient à l'esprit. le premier nom qui n'est pas le sien. martel. monsieur martel. enchanté mademoiselle. derrière l'ombre de la silhouette de la terrible hélène dans sa vie il y a la lumière inextinguible d'agnès et leurs douces enfances. si ce choix sonne comme une évidence il sait bien qu'il ne s'agit que de s'enfermer dans une autre famille dysfonctionnelle.

c'est tout juste si la jeune femme ne s'étire pas en prononçant la phrase suivante. sait-elle qu'elle est extraordinaire ? qu'à son coeur aigri elle parvient à donner un sourire ? ça fait quelques années déjà que je suis témoin de toutes les aubes. j'en avais oublié de la regarder. et de fait il lève le nez, regarde les couleurs, le rose qui teinte par touches le smog, qui lui donne une allure encore plus cotonneuse, une allure de friandise de fête foraine. le vent, léger, secoue des chevelures imaginaires et passe vainement sur les bâtiments contre lesquels il ne peut rien. paris cesse d'être assistée, paris s'illumine elle même, et bientôt la foule battra le pavé. cette heure est une heure de flottement, d'élan avant la course, un moment d'apesanteur. je vous remercie pour cela. mais cette matinée ne semble pas être qu'esthétiquement magique. cette matinée, pour la première fois depuis bien longtemps, semble vouloir lui faire cadeau de surprises sur surprises. le voici donc face à la mystérieuse gardienne de la mystérieuse serre, objet de ses rêves obscurs et inatteignables soudainement offerte à sa curiosité dormante. trop de questions se bousculent en lui, à trop de niveaux; la fébrilité de l'enfance avide s'empare de lui, brise sa prison de timidité, l'anime d'un appétit monstre. ouvrir la serre ? en quoi ça consiste, gardienne de la serre ? est-ce que vous êtes...botaniste ? le mot met un temps à lui revenir. il fait partie de ce champ lexical oublié par les langues des rues. puisqu'une chose n'existe plus, pourquoi lui laisser un vocabulaire ? et vice versa puisque pour faire disparaitre une chose l'humain s'applique souvent à ne plus la nommer.

maintenant tout son corps hurle qu'il existe d'autres possibilités. qu'il est si proche, encore plus proche que d'habitude de la serre en parlant avec cette jeune femme. la chaleur du terreau humide l'appelle. le musc, le vrillé, toutes ces mille odeurs que son nez n'a jamais rencontrées. c'est découvrir qu'on parle avec une personne qui a fait le voyage dont on rêve depuis toujours, écrit le livre qu'on aime le plus au monde. c'est s'abreuver des songes qui semblent soudain émaner d'elle sans qu'elle en ai conscience, et ça suffit presque, il pourrait presque se contenter d'être face à elle sans avoir de réponse à ses questions. mais j'ai fini, je viens de finir, je... alceste le lent et posé réalise à peine les mots qui sortent d'entre ses lèvres trop agiles pour lui. je m'arrange toujours pour finir aux abords de la serre. ça me donne comme une excuse pour y trainer. il avoue et son empressement annule presque toute forme de honte à en faire la confidence. il s'aperçoit que peut être la silhouette qu'il a vue déambuler quelque fois dans la serre à travers les vitres presque absolument opaques c'était la sienne. l'existence comme le ciel semble se teinter d'une couleur nouvelle.
Édith Maignan

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Re: Une rencontre à l'aube (Alceste & Édith)    Dim 19 Juil - 17:53


Une rencontre à l'aube


L’homme était curieux. Elle adorait la curiosité, étant elle-même maladivement curieuse. Chez elle tout tournait toujours de ce trait de caractère. Son métier, sa solitude, ses amours, sa famille, oui, toute sa vie tournait autour de cette curiosité maladie. C’était ce qui la caractérisait, ce qui faisait d’Édith ce qu’elle était. Comment lui était venu cette curiosité ? Peut-être de son éducation cartésienne et érudit qui l’incite à tout comprendre et toujours chercher la vérité. Peut-être de l’artiste qu’elle n’était pas - mais que sa mère avait été - qui cherche dans ses toiles les vérités cachées du monde. Ou bien, peut-être ne venait-elle de nulle part, car elle était encrée dans son code génétique, dans sa peau, dans son sang. Était-elle née pour être curieuse et ainsi découvrir certains secrets de la vie ? Cela ne serait-il pas merveilleux ? Mais là n’est pas la question. Il était bien trop tôt pour divaguer à de telles questions et elle ne voulait pas paraître impolie face à cet homme curieux devant elle. Monsieur Martel, un nom qui ne semble vouloir rien dire, si ce n’est l’origine de son sang.

Monsieur Martel était grand, bien plus grand qu’elle. Son corps était long et fin, délicat. Son teint pâle, le contraste parfait avec sa sombre chevelure. Quant à ses yeux, ils étaient d’un vert clair apaisant. Le vert était la couleur qui manquait le plus à Édith et elle se dit qu’ils seraient beaux à côté des fleurs de la serre, du vert des feuilles. Cet homme l’intimidait tout autant qu’il l’apaisait. Il était une présence qu’elle acceptait lors de sa méditation matinale. Il était une présence rafraîchissante de curiosité. En société, elle s’affirmait solitaire. On disait d’elle qu’elle n’avait besoin de personne. Édith Maignan se sortait pas souvent, non pas qu’elle soit recherchée, mais il n’était jamais bon de se faire remarquer quand on était Maignan, membre de l’Orme - surtout depuis quelque temps, depuis de terreau magique. Mais ce matin-là, elle était heureuse de pouvoir profiter avec monsieur Martel, de pouvoir lui parler de sa passion, de son travail, de pouvoir satisfaire sa curiosité qu’elle aimait tant. Elle accueille ses remerciements avec un sourire. Elle était heureuse de partager sa vision du Monde avec quelqu’un. Il n’y avait ville plus grise et déprimante que Paris. Pourtant, le matin, on y trouvait un espoir, on y trouvait une aube aux milles couleurs et un air aux milles saveurs. On y trouvait un plaisir à partager.

« En effet, je suis botaniste. Mon métier n’est pas très compliqué et il semblerait qu’il ait quelques similitudes avec le vôtre : je me lève tôt tous les matins et parfois me couche tard le soir ». Elle ouvrait, elle fermait - en réalité, c’est dans son laboratoire à Ulmus qu’elle fermait, mais il s’agissait d’Édith et non d’Annie. «  Je suis chargée d’ouvrir la serre tous les matins, j’arrive avant tout le monde, quand le soleil amorce sa montée comme en ce moment. Dès lors, je dois me charger d’inspecter toutes nos plantes, de les arroser, m’assurer qu’elles vont bien, faire des boutures - c’est-à-dire couper certaines tiges, feuilles, fleurs, pour permettre à la plante de continuer sa croissance. Et puis parfois, je prépare des plateaux de légumes et de fruits pour les cuisiniers du palais ». Loquace la petite, quand il s’agissait de parler de son métier. Il ne s’agissait pas de son seul passe-temps, ce n’était d’ailleurs pas le plus passionnant. Il aurait été tellement plus intéressant de pouvoir parler de ses recherches, de son travail pour l’Orme. Pendant des heures, elle aurait pu lui parler de ses travaux sur la terre, sur la croissance des plantes, sur le vif-argent, sur le terreau d’argent. Mais elle ne le pouvait pas, alors elle parlait de la serre. Et c’était suffisant, car c’était intéressant. Il s’agissait après tout de satisfaire la curiosité du jeune homme. « Si vous avez fini, que diriez vous de m’accompagner jusqu’à la serre ? Voyez ça comme un service rendu à une jeune femme. Il n’est pas bon de se balader toute seule aussi tôt. Je vous laisserais jeter un œil rapidement, à cette heure-là, je suis seule pendant trente minutes ». Pourquoi se mettait-elle en danger pour un inconnu ? Parce qu’elle savait ce que c’était de devoir observer quelque chose de l’extérieur. Si, l’espace de quelques minutes, elle pouvait apporter à cet homme un peu plus. Si l’espace de quelques secondes elle pouvait titiller la curiosité de cet homme, lui montrer d’autres possibilités, un autre monde plein d’espoir, alors peut-être cela en valait la peine. Le risque était d’ailleurs très bien calculé, car elle savait qu’à cette heure de la journée elle serait seule. Pas d’alarme, pas de surveillances, il n’y avait qu’elle dans l’enceinte de la serre jusqu’à l’arrivée du premier jardinier.
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En société : petit prolétaire fonctionnaire qui fait ce qu'on lui dit tête basse. longtemps surveillé puisque huysmans l'état a bien vite décidé en riant qu'il n'avait pas la trempe ou les idées de ses parents et l'a laissé seul dans ses miasmes.
Organisation(s) : et pourtant alceste une fois l'attention d'état perdue s'est offert à l'ordre du plomb puisqu'il n'avait rien d'autre à apporter que lui.
Besace : clés allen, chiffons, allumettes, journal de son père, plumes cassées et rêves qui n'en sortent jamais

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Re: Une rencontre à l'aube (Alceste & Édith)    Lun 27 Juil - 12:35

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de toute façon, me disais-je, un jour je le verrai moi aussi, face
à face, et je n'en mourrai pas : l'idée qu'il y a un âge où la vérité
tue répugnait à mon rationalisme.


mémoires d'un jeune fille rangée, simone de beauvoir

une excitation lui soulève la peau de milliers de petits picotements. quelque chose d'un frisson remonte le long de sa colonne vertébrale. c'est comme sortir d'un long sommeil profond - non, c'est sortir d'un long sommeil profond. une nouvelle possibilité de trajet et de vie se propose, et c'est même effrayant de soudaineté. alceste n'est pas un vrai débrouillard, pas un de ces virtuoses de la vie qui d'un sourire ou d'un bon mot peut parvenir à ses fins plusieurs fois par jour, et vivre par dessus les autres, et survivre comme dans un jeu, comme si à la fin ça ne faisait que recommencer à zéro, une foi aveugle d'éternité dont certains misérables font preuve et qui en deviennent des princes, foi qu'ils ne font que partager avec les plus riches qui eux l'expriment à l'égard du vif argent. on n'a pas supprimé la foi, se dit alceste devant édith, on lui a simplement ôté son dogme. l'humain est nul et non avenu sans foi et sans espoir, et le voici devant la jeune femme tout prêt à croire, à baisser sa garde, à jouer à ce jeu-là dont les règles sont simples : théoriquement, toute journée peut contenir son moment de bonheur. c'est une règle absurde, odieuse et qui semble parler pour ne rien dire - pourtant elle change tout.

il pense à tous ceux auxquels on ne montre jamais d'autre possibilités de réalité. ce qui sont enfermés dès l'enfance dans un modèle de vie et complètent leur existence sans savoir qu'il en existe d'autres, qui leur auraient été accessibles s'ils avaient voulu, s'ils avaient su. il songe à tous ceux qui auraient pu être de grands hommes et de grandes femmes s'ils avaient su que c'était possible. en même temps se demande : auraient-ils vraiment pu l'être ? est-ce que le destin n'est pas irrémédiablement régi par une forme de fatalité qui rend le conditionnel désuet et inutile ?
il regarde édith et se demande comment, grandie dans le smog, elle a pu avoir l'idée de devenir botaniste. qui a pu lui dire, les plantes disparaissent certes mais il y a encore des gens pour prendre soin d'elles ? qui lui a appris les boutures, les tiges, les cycles ? à qui transmettra-t-elle ce savoir qui était déjà presque anachronique quand on lui a transmis ?
de similitude avec le mien ? mais vous maintenez la vie ! vous empêchez la flore de disparaitre tout à fait ! moi je ne suis qu'un pantin avec un prétexte de métier ! la dernière phrase est à peine prononcée qu'il la regrette déjà. il n'a pas pour habitude de se confier, encore moins de se plaindre de son sort, et surtout pas avec une inconnue. c'est comme si la comparaison faite par la jeune femme lui avait été insupportable. quand son corps et son esprit reprennent un semblant de vie, c'est à dire rarement tant il est engoncé dans l'ambre de sa vie sans but, sa vie mécanique, le lyrisme de son adolescence s'empare de lui comme si l'ambre qui le rendait passif et survivant avait aussi figé dans le temps sa mentalité d'il y a dix ans, prête à bondir à nouveau dès que sa prison ramollit un peu. y'a-t-il des insectes dans la serre ? l'information lui semble d'importance capitale en plus d'être un bon moyen de changer de sujet.
un vrai membre du plomb aurait plutôt bondi sur les plateaux de légumes préparés pour le palais. sur l'injustice du fait que toute cette vie soit dirigée vers les bouches et le profit des riches sans que la question se pose de partager avec les gens du faubourg. chaque jour la vie lui fait se dire qu'il a tort de se croire si peu révolutionnaire, qu'il a au fond la flamme en lui, puis lui rappelle qu'il est si passif, si peu en colère, trop anesthésié pour faire un bon rebelle.

je voudrais vous suivre. je ne demande pas mieux. mais cela ne va-t-il pas vous apporter des ennuis ? peut être a-t-il peur de lui même aussi. peur de ne pouvoir s'empêcher de croquer dans un fruit qu'il n'a jamais vu, de voler une fleur trop sublime pour le laisser sage. peut être a-t-il peur d'être pris lui, le fils huysmans, dans la serre impériale, et mis aux fers pour l'éternité. vous lisez la gazette ? vous avez entendu parler de cette histoire de terre au vif argent ? les plantes poussent...est-ce qu'a la serre, c'est ce que vous utilisez ? voilà un autre détour de son âme : voilà une phrase digne d'un membre du plomb. est-ce que le terreau est utilisé depuis l'ouverture de la serre, à l'abri des regards ? est-ce que ce qui dérange l'empire c'est que quelqu'un s'en soit emparé pour le rendre disponible à tous et montrer qu'avec un peu d'effort les plantes peuvent renaitre pour toute la france ? le miroir ne prenant jamais parti, n'ayant pas tous les angles de la chose, il était compliqué de se faire un avis. mais voilà qu'il avait la gardienne du grand palais devant lui, et qu'il pouvait accéder à des données peut être précieuses au plomb.
cette rencontre catalyse tout, il se dit, et il frissonne dans l'air frais de l'aube.
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