bring the lion out.

les murmures empoisonnés de son esprit, dont les voix ressemblent de manière terrifiante sa famille, lui répètent en boucle encore et encore, comme une malédiction bien ancienne, que le peuple est la gangrène de ce monde. à l’époque de ses grands-parents et parents, les colères se font entendre avec la première formation du syndicalisme, les ouvriers ont de suite plus de pouvoir, et cette évolution diffuse que prend l’royaume-uni ne fait que s’étendre et s’aggraver durant les années qui se passent. certains diront que ce sont de grandes et bonnes avancées sociales qui sonnent les premières heures du xx siècle comme une promesse exquise pour les temps à venir. mais alors que la démocratie se fait petit à petit au déclin de la monarchie, drôle de comparaison avec son pays voisin qu’est la france où l’empire est plus suprême que jamais, les nobles perdent peu à peu certains de leurs privilèges, et les berkeley – qui sont à l’évidence des lords – n’apprécient pas cette évolution, estiment qu’ils subissent une strangulation, un coup d’poignard mortel dans l’dos – toute expression plus ou moins synonyme de discrimination qu’ils ressentent à tort. alors, l’esprit traditionnel et égocentrique d’une famille au dessus des autres, l’petit theodore berkeley a été élevé dans la haine des autres. haine perpétuée après toutes ces années, alors que les voix sont toujours bien présentes dans sa tête et créent l’mal être dans son âme.

c’est la fuite vers la france. les berkeley essaient de garder coûte que coûte leur grandeur, à l’intérieur d’un pays qui prône les disparités sociales et s’plait à les aggraver. cette sensation de souffler, de retrouver cette place qui leur est due.
il n’fait aucun doute que theodore aime la france, et c’est dans ce renouveau que s’crée la dissonance. la vérité est que s’il est fier de ses origines sociales, éduqué dans cet orgueil discriminante, il en souffre sans l’réaliser. cette haine qui guide chacune de ses actions. cette haine qui s’mêle à une peur éduquée, comme une manipulation perverse et perfide de son esprit, une peur des autres. néanmoins, c’mal être inconscient ne l’rend pas plus attendrissant. theodore est un connard qui aime être un connard ; qui sait qu’il est un connard, à un certain degré, même s’il pense être dans l’vrai en s’battant pour l’empire.
l’pouvoir ferme dans sa poigne et ses paroles. les gens l’écoutent, parce qu’ils sont obligés. ceux qui ne l’écoutent pas sont écrasés d’son genou, ils sont mis à terre et suffoquent. l’milicien qu’il est espère presque qu’ils résisteront, pour qu’il puisse foutre l’feu. il les pousse presque à s’rebeller, quand son humeur est à la bagarre. s’ils ne résistent pas, c’est parce que la peur leur tord les tripes, et il se délecte de la terreur qu’il peut lire dans leurs regards. plus la chasse est longue, et plus l’bain d’sang final est grandiose et le plaisir en est réel. l’empire lui donne raison, alors pourquoi se remettrait-il en question ?

dans toute cette haine, il y a cette once d’amour. hyacinthe est sa lumière qui vient dissipé l’obscurité de sa haine, mais pas assez. il l’aime sincèrement, hyacinthe. d’un amour dont il n’est pas forcément capable. parce que finalement, il n’aime pas bien, theodore. à travers cet amour, il le force sans l’vouloir. l’force à l’empire, l’force à ses valeurs. il n’s’en rend pas compte qu’il le force. il le croit heureux. alors son mari, dont il a pris l’nom d’famille – une preuve en plus qu’il est troublé par ses origines –, est obligé de lui mentir. sur ses valeurs, sur son avis, sur sa position politique. et theodore n’se doute de rien. parce qu’il est tellement sûr de lui, parce qu’il a cette fâcheuse tendance à écraser les autres, tout l’monde, même l’homme qu’il aime. et il l’aime tellement qu’il avait ce désir de fonder une famille avec lui. devenir père, s’occuper et élever un bambin avec lui, aimer une seconde personne autre que hyacinthe. désir devenu fou, devenu obsession. obsession pendant des années de frustration face à l’impossibilité, devenue alors une autre souffrance. dans un monde où la stérilité est trop présente, adopter est encore plus compliqué, même pour un homme haut placé comme lui, pour un lord et un mercurien comme lui. alors c’est encore dans l’feu et la violence qu’il a trouvé sa solution. des personnes étiquetées de menace à l’empire qu’il a traquées pour foutre derrière les barreaux, et un bébé de quelques jours à peine. il leur a volé, sans aucune empathie. parce que d’toute manière elles allaient être enfermées, par lui, pendant des années. et parce qu’il a évidemment tous les droits. enfant ramené à la maison, pour l’plus grand bonheur des duval, et hyacinthe qui a évidemment aucune idée de la misère que theodore a encore causée sur son passage.

un mariage d’mensonges, des deux côtés. et une vie d’violence.