les FEUILLES mortes (assomption)

caractère ◇ Assomption, c’est l’effet porte qui grince. D’aucuns dirait qu’elle est une bonne compagnie, et on ressent un certain malaise avec sa barre en fer qui lui sert de sourire au milieu du visage. Elle prône beaucoup de valeurs, la noblesse au coeur, mais face à l’action, Assomption se heurte à sa peur qu’elle transforme en prudence dans les grandes discussions. Jamais trop sûre d’elle, toujours à sa place, elle se contente de rester polie pour assurer ses arrières, et s’étonne qu’on puisse considérer ses échanges comme cassants et corrosifs. C’est un masque qu’elle aborde partout où elle va, partout où elle s’expose, car elle sait qu’elle peut dénoter, et craint la marginalité comme on craint la peste. Très proche de ses idéaux, elle croit fort en une lutte des classes qui gronde en elle, mais sait que sa position ne lui permet pas de proclamer à qui veut l’entendre son avis. Assomption n’a pas d’avis, ou du moins, semble ne pas en avoir. C’est un fantôme qui rase les murs, qui paraît ne pas avoir de personnalité ni de forme. Elle se cache derrière sa façade qu’elle veut serviable, et possède cette politesse de l’administratif qui agace.

Elle peine à comprendre l’humour, mais se contentera de rire pour éviter les questions.
Elle considère l’Impératrice Céleste comme un monstre, mais lui serrera la main en opinant du chef.
Assomption est hypocrite, lâche, peu bavarde, et ne désire pas être connue et reconnue. Qu’on lui foute la paix, et ça lui conviendra.

Autrefois courageuse et affirmée, elle prend conscience des enjeux de sa position et préfère protéger son fils et elle-même. Mère qu’elle aimerait martyre, elle joue de son rôle de matriarche pour satisfaire ses moindres désirs. Utilisant son fils comme une raison à tous ses agissements et toutes ses demandes, elle sait que les larmes des enfants et des mères émeuvent et permettent de grandes choses. Si Paris recherche le Vif Argent, elle pourrait fouiner pour le Morne Plomb : une façon bien à elle de maintenir Raoul enfant et d’obtenir les faveurs des plus privilégiés.

place en société ◇ Restent la vanité qu’elle aborde en fortune et fierté. Assomption est une femme du paraître, bien que l’avis des autres semble peu la toucher. Elle aimerait pouvoir croire en l’ascension sociale. En attendant, elle possède ce mépris de la bourgeoisie, qu’elle se plaît à arnaquer en jouant les diseuses d’aventure venues d’ailleurs. Consciente qu’elle peut représenter de grands termes qu’uniquement les gentils bourgeois de Paris utilisent comme la « spiritualité » ou bien « l’exotisme », Assomption s’est crée un sens de l’honneur très précis. Arnaquer les plus riches est une fierté, et elle attend patiemment que sa situation soit plus favorable pour pouvoir lutter à nouveau. Autrement, elle n’a aucun soucis éthique à dénoncer les membres de l’Ordre du Plomb, si l’État le veut et si ses actions permettent le maintien de l’ordre et évitent le chaos politique. Sourire poli sur le visage, elle joue la prudence pour ses idées et passe pour quelqu’un de relativement serviable et disponible pour aider les autres.  

réputation ◇ On la connaît peu. Les seuls événements lui permettant de creuser sa place dans le monde mondain sont les invitations en tant qu’attraction macabre de diseuse de bonne aventure. Si c’est une réputation qui lui déplaît et l’agace plus que tout, elle ne peut s’empêcher d’en jouer et de se dire plus miséreuse qu’elle ne l’est réellement, stimulant la fibre philanthrope des plus riches. Elle récupère alors sa réputation tâchée de honte et son argent senteur mépris.

lieu(x) fréquenté(s) ◇ Domestique dévouée, ou du moins, ce qu’elle laisse penser, Assomption passe le plus clair de son temps chez les Cortenbach, à nettoyer poussières, saletés et autres toiles d’araignée. L’extérieur l’intéresse peu : elle possède tout ce qu’elle désire à l’intérieur et l’état de la faune et de la flore la déprime plus qu’autre chose. N’étant pas une personne friande de mélancolie, elle se protège les yeux et le coeur.
De son temps libre, elle se permet, quand les affaires sont bonnes, la visite des Serres du Grand Palais. C’est le seul endroit à Paris qui parvient à calmer ses terreurs religieuses. Autrement, elle a entendu parler d’une curieuse organisation qui agissait pour le maintien de la pratique religieuse, et elle tourne autour de Notre-Dame de Paris pour observer de quoi il en retourne.

journée type ◇ Parler des journées d’Assomption, c’est parler de routine. Au matin, elle se lève aux aurores pour prier, honorer et s’assurer que le contact avec les lwas est encore présent en les appelant et en leur parlant. Elle consacre généralement le début de sa matinée à la pratique de sa religion, au risque de se sentir anxieuse et en danger durant toute la journée. Une fois le contact établi et Assomption rassurée de son bon rapport avec les lwas, ses journées sont rythmées par l’entretien de la demeure Cortenbach et ses devoirs de mère. Elle n’en est pas mécontente, dit-elle, le regard en berne et une esquisse de début de sourire sur le coin de la lèvre. Le soir, ses activités se diversifient en fonction de ses besoins. Elle peut exercer ses activités de voyante, divinatrice astrale, tireuse de cartes et vendeuse d’espoirs.

rapport au vif argent ◇ Elle le haït.
Littéralement.
Elle ne comprend pas cette quête de l’immortalité. Assomption perçoit la mort comme étant une étape cruciale de la vie, et à ses yeux, ne pas respecter cette partie de la vie est une aberration : pire, une offense et un jeu qui pourrait se retourner contre ses créateurs. Elle craint constamment que des malheurs arrivent à cause du Vif Argent et c’est une science qui l’effraie. Ce qui est sûr, c’est qu’elle se détourne de cette quête et attend tranquillement sa mort.

spiritualité ◇ La religion est très importante dans la vie d’Assomption. Cette dernière est vaudouisante, et l’abolition de la libre pratique des cultes impacte fortement sa vie. Si la persécution de ses croyances est, malheureusement, devenue habituelle pour elle, que ce soit à Haïti ou en France, elle est très effrayée de voir l’état actuel de la flore et de la faune en France, le vaudou étant une religion profondément rattachée au culte du vivant, puisque des lwas sont rattachés à des éléments naturels comme l’eau, et quelques rites pour une partie des lwas nécessitent des sacrifices animaux.
Souffrant du manque de reconnaissance de ses croyances, et vivant dans la peur que les lwas se retournent contre elle face à son manque d’action, elle possède dans sa chambre un modeste autel dédié à ses pratiques, avec une bougie, une photo de Saint-Patrick ainsi que des photos de ses grands-parents décédés. Elle y dépose régulièrement des objets blancs, en honneur à Ayida Weddo, lwa dont elle se sent particulièrement proche. Elle a donc une pratique personnelle, à défaut de pouvoir assister à des cérémonies dirigées par des prêtres et prêtresses plus initiées.