Elle avait dit que Bonnie ça sonnait bien.

caractère ◇ Voluptueuse elle enlace la sagesse naissante.  Farouchement, elle accepte l'inacceptable, rancoeur au coeur, malheur au ventre.  C’est une de ces gamines, qui quand elle a un truc dans l’viseur, elle lâche pas, elle lache rien, au risque de s’y perdre. Tenace tout en gardant son calme, y’a cette part de douceur, qui danse dans ses pupilles humides. La patience du métier lui a appris la persévérance de la vie. Frivole quand elle connait, son masque elle rabat. La sensibilité de l’art rend les choses moins pénibles au fond de son âme. Alors, tête baisse, elle fonce, le taureau par les cornes, ravalant toute question de lucidité.

place en société ◇ Ils avaient bon train, les tourtereaux. Elle bijoutière, lui scientifique, ils gagnaient sciemment bien leur vie. Rien de bien folichon, rien d’envieux à la haute sphère, non c’est sûr. Mais correct, était le terme. Était. Lui partit, elle, seule. Ce n’est pas avec quelques gemmes et un peu de talent, qu’on remplit sa bourse. Plus maintenant. Elle aurait dû, elle aurait pu reprendre les pas du paternel, lécher les bottes des ducs et comtesses, se sentir six pieds sous terre pour vendre son âme aux diables. Mais elle a choisi un autre chemin, la gamine, plus si gamine que ça. Le chemin de la liberté, la voix du peuple, la direction qu’il aurait prise, lui. Si la daronne inexistante avait un jour pointé le bout de son nez, alors, alors peut-être que les choses seraient tout autres.

réputation ◇Généreuse. Elle aide, de son petit rang, ceux qui sont les plus désespérés, ceux qui, comme elle sont tout abîmés. Activiste, on entend de plus en plus sa voix glaner les passants, sensibiliser à qui veut l’entendre les mauvais présages de cette continuité. On ne sait pas grand chose, dans l’ombre, elle se garde de donner un peu d’espoir.

lieu(x) fréquenté(s) ◇  Son petit atelier, loué à un ivrogne de noble. Dans la vieille ville, au fond de la grisaille de l’île. Aux abords des guinguettes populaires, il y a cette minuscule vitrine, diamants et argent exposés, aux yeux des curieux. L’appartement du dessus, respire la noirceur de la ville, comme toutes les autres vieilles bâtisses qui l’entourent. Mais elle s’y sent bien, elle s’y sent chez elle, un coin de calme, dans la torpeur citadine qui vacille. Une fois par semaine, elle ouvre un stand au village des antiquaires, dans l’attente de garnir sa maigre bourse.  Ou bien, marcher sur les quais de la Seine, vers Ulmus, où elle y place tout espoir.

journée type ◇  Un réveil ébouriffé à l’aube, une tasse d’eau claire pour son gosier et une pour son visage. Enfilant une de ses créations pour mettre quelque peu en lumière cette vieille maille qu’elle arbore. Descendre à l’atelier, ouvrir la boutique, puis affûter et tordre les métaux pendant des heures jusqu’à sentir les cloques sous ses ongles endoloris. Fermer, partir, se vider l’esprit hors de la vieille ville, fumer une cigarette le long de la Seine. Se mouiller un peu pour atteindre la ville sous l’eau. Discuter, planifier, espérer. Puis rentrer à la limite du couvre-feu dans l’espoir d’avoir apporté un petit quelque chose, encore.

rapport au vif argent ◇  Le mercure est un métal intéressant, d’un point de vue professionnel. Mais bien trop complexe pour ses mains de joaillière. Il convient aux alchimistes, aux scientifiques, pas à une tailleuse de diamant, pas à quelqu’un qui tord et fond quelques bouts d’ors et d’argents. D’un point de vue personnel, elle n’y croit guère. Pensant même qu’il doit être bien plus dangereux qu’il n’y paraisse. Bien trop de nouvelles priorités devraient gagner le coeur des gens, que de courir, peine perdue derrière un énième métal. Ce n’est qu’un sujet parmi tant d’autres pour détourner l’attention.

spiritualité ◇ Pragmatique, Bonnie n’a jamais baigné dedans. Seule avec son père, bien trop occupé à d’autres attraits que de relever une seule fois la question d’une quelconque religion.