absolution préventive (philémon)

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Gustav Cortenbach

Gustav Cortenbach
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Activité : Alchimiste de l'Ordre de Mercure. Rafistoleur de carcasses sous le manteau, chasseur de chimère aux relents de désespoir.
En société : Bourgeois hédoniste, créature de rêve ou pire des crevures pour certains...
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absolution préventive (philémon)    Dim 2 Aoû - 20:12

Maud était vraiment somptueuse ce soir-là : cela aurait été injurieux de ne pas lui faire remarquer. Gustav avait pu constater que de nombreux hommes avaient mieux vieilli que lui - même s'il était bien conservé. En revanche, sa femme mettait à l'amende la plupart des femmes de son âge présentes dans l'assemblée ce soir là, avec son visage poupin, dont les lèvres pleines ne pouvaient qu'attirer toute l'attention. Les lippes de sa femme étaient écarlates, comme si elle venait de mordre quelqu'un - la connaissant intimement, cela n'aurait point surpris notre ami. Si tout le monde en savait assez pour lire à travers les simulacres romantiques que s'imposaient Maud et Gustav en société, il n'empêchait que l'allemand avait la main délicatement posée en bas du dos raide de sa femme et qu'il se confondait en éloges publiques à l'honneur de compagne.

Son ego de mâle n'aurait jamais supporté d'avoir pour compagnie une femme fade et inapte, ainsi, malgré le fait que leur couple ait été stérile et un ratage total, il tirait une grande fierté perverse de l'admiration que les autres - surtout les hommes - portaient à Maud Cortenbach. Non pas parce qu'elle était sienne mais parce qu'elle rayonnait sur lui - malgré leurs dissensions, elle serait toujours celle qui le pousserait à faire mieux, même lorsqu'il était persuadé que faire le pire était l'unique voie.

(Gustav, il faut que je te présente quelqu'un.)

Il ne cache pas son étonnement. Des deux, il est le plus sociable, le plus faux, diraient certaines mauvaises langues.

(C'est Monsieur McBurney. Il est conservateur au Louvre.)

- De ce qu'il en reste j'imagine, commente Gustav en lui tendant une poignée de main énergique, bien éloignée de celle que l'on imaginerait pour un homme malade.

Comme ça, on aurait bien du mal à savoir si sa remarque était une honnête critique de la politique culturelle de l'Empire ou un calembour malveillant. Chez Gustav, les deux pouvaient s'entremêler.

(Je reviens, discutez bien.)

Alors qu'il s'étonnait encore de cette situation inattendue - Maud qui lui arrangeait des interactions sociales, quelle curiosité, celle-ci s'éloigna après lui avoir claqué un baiser discret au coin de la joue. Il avait depuis longtemps cessé de vouloir comprendre les femmes, dans le cas échéant, surtout la sienne.

Il se demanda, l'espace d'un instant, si Maud avait lu dans ses pensées - car Philémon McBurney était un homme qu'il souhaitait rencontrer depuis un bon moment, sans en avoir eu l'opportunité. Un homme qui, lui aussi, avait joué avec la vie. Mais qui, contrairement à lui, avait réussi. Il le jaugea : qu'avait-il de plus que lui, ce grand dadais aux mains lisses ?

Pourquoi était-ce lui, qui avait récupéré son dû après du Créateur, s'il existait ?
Après avoir vaincu la mort, devenait-on un Dieu ?

Pour un Dieu, l'homme qui lui faisait face était bien banal.

- J'admire beaucoup ceux qui travaillent auprès de l'inanimé, surtout à notre époque. J'en fais aussi parti, mais l'on a tendance à taxer mon travail de productif... le mal du siècle, si vous me permettez. Ses lèvres s'étirent, car malgré les mots qui s'extirpaient de sa bouche, elles étaient restées quasi closes, comme la sale gueule d'un reptile. Maud me disait que vous aviez une charmante famille. (c'était un mensonge). Votre petite partage t-elle votre amour des belles choses ? C'est normalement une passion que l'on aime léguer, s'aventure t-il, tout de suite plus affable.

Philémon McBurney
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Philémon McBurney
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Activité : passionné et féru d'art depuis toujours - devenu restaurateur puis conservateur au louvre à grands renforts d'éloquence. la fortune familiale s'amenuisant petit à petit et l'art n'étant pas la priorité de l'empire, il a depuis peu inventé un stratagème lui permettant de trafiquer du vif argent en l'incrustant dans les oeuvres qu'il exporte.
En société : éminent membre de la haute, connu reconnu apprécié suivi et écouté.
Organisation(s) : il les connait toutes mais n'appartient à aucune.
Besace : fusains, tétines, listes à n'en plus finir, bouquins et carnets froissés.

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Re: absolution préventive (philémon)    Mar 8 Sep - 12:48

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je savais que le bien comme le mal est affaire de routine, que le
temporaire se prolonge, que l'extérieur s'infiltre au-dedans, et que
le masque, à la longue, devient visage.


mémoires d'hadrien, marguerite yourcenar

il a de quoi se sentir chef d'orchestre, les soirs de gala où garnier s'offre aux soirées des mécènes du louvre. si l'organisation tue parfois, de plus en plus souvent, le plaisir, il y a néanmoins des soirs comme celui ci où philémon se surprend à s'amuser. particulièrement sensible aux énergies qui traversent la pièce, il sent qu'il est le narrateur de cette histoire, qu'il provoque les changements d'âme, qu'il dirige les rencontres. la soirée n'a pour l'instant pas dévoilé qui serait le personnage principal. tout est encore possible, et pourquoi s'imposer des règles mondaines quand celui ou celle qui mène le vent est précisément celui ou celle qui les brise ? s'endormir dans un carcan, voilà ce qui scelle les cercueils. il a bien fallu qu'un jour, quelqu'un de moins précautionneux que les autres décide qu'il est possible de dîner entouré de chefs d'oeuvres essentiels à l'histoire humaine, pour que les vernissages se mettent à exister.

oh oui, cette soirée s'annonçait absolument grandiose, menée par un philémon comme on n'avait pas vu depuis longtemps ! virtuose de corps et d'esprit. mais c'était composer sans les tensions existantes, les historiques vivantes entre lui et certains invités. on oublie aisément les petites querelles, mais faire face à celleux qui sont en possession de vos secrets les plus obscurs demande un autre niveau de composition.
il a encore son sourire superbe aux lèvres quand il se détourne de la duchesse de villeparisis, l'ayant confiée à un groupe qui mutuellement rêvait de faire sa connaissance, quand ce même sourire se fige en découvrant maud cortenbach accompagnée d'un homme face à lui. physiquement trop proche, bien sûr : les importun.e.s le sont toujours. puisque le sourire est là et qu'il sert aisément d'armure, il en profite et le garde. mais voilà que, brisant les règles sans y chercher la réputation, maud cortenbach s'enfuit déjà, lui laissant dans les pattes cet homme sans même prendre la peine de lui présenter. cette femme avait le don de briser ses soirées mondaines avec brio - la dernière soirée au louvre en sa compagnie avait déjà été un désastre intérieur pour lui. il se fait note mentale de ne plus l'inviter, décide dors et déjà de tirer un trait sur l'apport considérable qu'elle et son mari font pour le musée (oubliant la situation critique de la culture, et qu'il changera probablement d'avis dans quelques jours par manque de choix). et voilà d'ailleurs que l'inconnu vient souligner la parenthèse de ce qu'il suppose être un trait d'esprit bien cruel. pas d'autre choix néanmoins que d'en rire. de ce qu'il en reste, comme vous dites ! il serre la main qu'on lui présente. cette poignée de main est trop énergique pour être bienveillante. sans savoir à qui il a affaire, il est compliqué de faire des suppositions. et puis, en continuant de ne pas livrer son nom, l'homme enchaine.

il y a un goût de déjà vu dans cette confrontation. et par ce déjà vu, et par les informations qu'il semble posséder, philémon en déduit qu'il a affaire à l'époux cortenbach. de lui il ne sait pas grand chose, si ce n'est qu'il est alchimiste de l'ordre du mercure. ce peu d'informations suffit à lui glacer le sang, au regard de l'existence de ruth qu'il semble connaître. sa composition s'effondre sous le glorieux plafond de l'opéra - il est incapable de faire front. de grâce, monsieur, baissez votre ton. murmure-t-il, fiévreux. s'il s'agit bien de gustav cortenbach, alors ces époux ont le chic pour lui faire perdre sa contenance en public. je ne sais comment vous êtes au courant de l'existence de ma fille, mais je vous serais gré d'en garder l'information pour vous. en prononçant ces mots, il se sent parfaitement vain. il se sent déjà perdu : un mercurien sachant qu'il est parvenu à ressusciter sa fille grâce au vif argent c'est l'empire déjà à ses portes. l'empire s'emparant de sa fille, sa petite, et le scandale qui gronde déjà. il est pris d'un irrépressible besoin de tout laisser tomber pour courir à perdre haleine jusqu'à fontainebleau pour récupérer ruth et partir en cavale avec elle pour toujours. paradoxalement, il est paralysé, jambes coupées. qu'est-ce que vous attendez de moi ? et déjà il se blâme, s'auto flagelle de n'avoir pas su faire semblant, nier en bloc, jouer les pères endeuillés dont on bafoue la douleur. mais c'est trop tard, beaucoup trop tard, et le voilà crispé sur sa flute de champagne, comme garnier splendide mais maculé de stigmates d'incendies et d'explosions.
Gustav Cortenbach

Gustav Cortenbach
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Re: absolution préventive (philémon)    Lun 5 Oct - 10:52

Les soirées mondaines laissent un drôle de goût en bouche - un mélange de liqueur qui vient gâter les gencives et de nourriture finement assaisonnée, comme issue de la cuisine des dieux, mais jamais totalement appréciée car perçue comme due, méritée, acquise, voire même prédestinée pour certaines lignées dont les membres n’ont jamais aperçu de près ou de loin l’ombre même de la misère.

Puis il y a les conversations : toutes particulières qu’elles sont, à mi chemin entre l’hypocrisie pure et un plaisir minable de se mêler seulement aux membres de sa caste. Ici on ne se salit pas et on s’abîme pas les esgourdes à devoir goûter l’accent râpeux des pauvres. L’accent des faubourgs, des quartiers, du paris nébuleux et tentaculaires qui s’étend dans toutes la contrée tant les minables arborent le même visage, la même tristesse, la même mine grisâtre et confuse.

Gustav fut un étranger certes mais il avait atterri directement dans un groupe avec lequel il partageait des similarités : européens, riches, cultivés, masculins pour la plupart. Autant de paramètres qui venaient ajuster son reflet social, autant d’avantage qui venaient renflouer les clés qui lui avaient déjà été offertes par sa prédisposition au charme et à la roublardise.

De facto, sa compagne savait pertinemment qu’il n’y avait rien à craindre lorsqu’elle le laissait effectuer son numéro de charmeur de serpent. Jamais il ne la mettrait dans l’embarras en public : il n’était pas de ces hommes obtus qui se ridiculisaient de diverses manières : manque d’élégance, de culture, voire d’intellectuel pour les plus mal lotis. Les deux premiers défauts pouvaient être aisément dissimulés voire même travaillés, mais le dernier était fatal, la cause ultime du pathos mondain : être la risée de tous, sans même s’en rendre compte.

Il connait de loin l'homme à qu'il s'adresse : c'est un visage familier, rangé dans l'une des cases de son cerveau. Cela se résume à des fiches pratiques, quand l'on croise autant de gens que Gustav au quotidien. Faces bariolées, traits exagérés, presque caricaturaux - les yeux globuleux de l'une lui permettent de la distinguer de l'autre, taux d'intérêt social situé entre 0 et 10, métier... Les gens sont rangés, triés, afin de perdre le moins de temps possible. Il ne s'en veut pas ni se fustige - après tout, les autres font de même, c'est ainsi lorsque l'on fait parti des gens dits "occupés".

Il sait que Philémon de près ou de loin, a tripoté son argent - depuis toujours, les époux Cortenbach financent l'art. Est-ce que c'est une manière de compenser, peut-être même de se sentir utile dans cette société qui évolue déjà trop vite pour ces deux reliquats du début du siècle ? Peut-être que s'ils avaient su enfanter, leur progéniture se moquerait allégrement de leur tendance à se faire mécènes de l'immatériels alors qu'il existait tant d'inventions utiles et révolutionnaires à financer. Néanmoins, Gustav ne verra jamais son reflet dans un œil plus jeune, alors, quelle importance ? Chacun choisit sa postérité.

Aucune expression ne glisse sur son visage de gentleman alors qu'il observe silencieusement le faciès débonnaire de son interlocuteur se liquéfier au fur et à mesure qu'il parle. Ses mots innocents avaient eu l'effet d'une pluie d'acide. Les traits se tordent en un ravage paniqué et Gustav peut suivre les pensées du pauvre Philémon aussi certainement que s'il avait été le démon lui ayant susurré à l'oreille. Grâce à ses airs amicaux et séducteurs, on a tôt fait d'occulter le fait qu'il n'est rien d'autre qu'une saleté de manipulateur.

- Tut, tut, tut, s'amuse t-il en glissant un doigt sur sa bouche. Bien sûr que cela reste entre nous. Il attrape au vol deux verres de bourbon. Tenez, ça va vous faire du bien, vous êtes livide. Moi, tout ce que je veux, c'est comprendre. Voyez, vos pouvez me faire confiance. Car là où je m'interroge, c'est comment vous, un gestionnaire - n'y voyez aucun mépris, avez pu réussir là où j'ai, pitoyablement si j'ose dire, échoué. Pourriez-vous m'éclairer ?

Tout en déblatérant, comme s'il causait de la météo ou d'un autre sujet trivial et sans intérêt, il avait entraîné le pauvre Philémon vers la terrasse déserte, comme un amant indiscret.
@Philémon Mcburney désolée pour ce retard et ce rp plus que moyen, je ferai mieux au prochain absolution préventive (philémon) 4796223
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