I'd rather ask forgiveness than permission.

caractère ◇ aussi méticuleux qu’intransigeant, l'imprimeur voue un culte à son travail qu’il fantasme comme étant capital à la survie de l’espèce humaine. charisme émaillé d’un chatoyant accent du sud, même après vingt ans de faubourgs parisiens. bavard, aussi, et un tantinet prétentieux mais pas fondamentalement mauvais. derrière une façade cynique, un idéalisme révolutionnaire se dessine en clair-obscur et lui ronge les entrailles chaque jour un peu plus - ses frasques dissimulent d'ailleurs une déprime profonde qu'il ne s'avouera jamais. avenant de prime abord, il se murmure qu'il est également épidermique et lunatique quand on le connaît mieux. il a la rancune tenace, léopold, et ses colères dévastatrices vont main dans la main avec une vivacité d'esprit et un humour grinçant qui ne manquent jamais de faire mouche. peu cultivé, il sait pourtant faire illusion lorsque les conversations le permettent. enfin, c'est un homme aux vices typiques de son époque. de plus en plus dépendant au pypthur, cette addiction qui lui coûte cher dans tous les sens du terme : l'air maladif, le visage émacié - son épuisement lui coupe l’appétit, chose pourtant impensable pour un bon-vivant tel que lui.

place en société ◇ fils de restaurateur, il a grandi dans un petit village des cévennes niché au creux des causses. sa famille était modeste et ne vivait certainement pas dans l'opulence grasse des bourgeois de la capitale, au sein de laquelle ils ont pourtant de la famille. quand l'industrialisation a anéanti leur écrin de verdure et leurs ressources, les garnier-brissac ont migré sur paris en espérant y trouver un nouveau départ auprès de leurs lointains cousins.
leur opiniâtreté couplée à leur chaleur provinciale leur ont permis de se faire une petite place dans le monde de la restauration parisienne pourtant bien dépeuplé. contre toute attente, les affaires ont prospéré malgré la crise alimentaire. après le décès du paternel le frère de léopold a pris la tête du restaurant familial en misant tout sur la haute société : légumes du marché noir, pots-de-vin, rien n’est trop dangereux pour la survie de la famille. les garnier-brissac sont maintenant connus comme des social-traîtres nouveaux-riches ayant renié leurs origines modestes pour devenir les lèches-bottes des aristocrates. leur restaurant, « le garnier-brissac » est connu dans tout paris. léopold n'en profite pas, cependant, car le vieux lui avait coupé les vivres à leur arrivée sur paris, après l'avoir surpris au lit avec son amant. la religion est interdite mais les traditions ont la vie dure chez les campagnards.

réputation ◇ mouton noir depuis toujours au sein d’une famille catholique désapprouvant son amour des hommes, l’imprimeur n’est pas en vogue auprès des siens. ses cinq ans de résidence à la prison de la roquette n’ont sans doute pas aidé, d’ailleurs : il est tout simplement devenu la honte suprême des garnier-brissac - même si le frère a fait jouer ses contacts pour le sortir de prison en échange de services pas toujours reliusants. dans les faubourgs, cependant, il intrigue. amiable et bon vivant, ses traits d’esprit invitent à la conversation et même ceux qui restent méfiants envers cet ancien taulard fils de bourgeois ne peuvent le détester complètement.
officiellement, il n’imprime que ce qui légal, mais en secret il est l’imprimeur du plomb, celui qui donne corps à une pensée populaire qui n’est jamais écoutée par les riches. pamphlets satiriques, discours politiques, poèmes révolutionnaires, il ne refuse que rarement de les passer sous sa presse même s'il se dédouanera complètement devant les autorités en cas d'arrestations. il grave aussi des illustrations pour ceux qui ne savent pas lire, boit un coup avec ses clients, avec les passants, et explique son art aux désoeuvrés qui cherchent un moyen d’expression peu cher. son caractère sans compromis n’en fait pas quelqu’un de populaire, loin de là, mais les militants savent qu’il ne les trahira pas et c’est le plus important.

lieu(x) fréquenté(s) ◇ il n'est pas difficile de trouver l'imprimeur, il est soit dans son atelier sombre faisant face au père lachaise, soit au bistrot du coin. parfois, on peut également le voir déambuler à  montmartre à la recherche d'une drogue suffisamment forte pour tarir les hurlements de son âme (il est très mélodramatique quand il s'y met). il y a pourtant un lieu qu'il évite toujours comme la peste et auprès duquel vous ne le verrez jamais : la prison de la roquette, qui reste son pire cauchemar et dont la simple vue des rues y menant lui donne la nausée.

journée type ◇ léopold besogne une bonne partie de la journée, du lever au couché du soleil. parfois pour répondre à des commandes privées, d'autres fois pour donner vie aux pamphlets révolutionnaires de l'ordre du plomb dont les brouillons sont cachés dans les cartons d'encre déposés devant sa porte. une fois le travail terminé il s'affale sur la banquette la plus moelleuse du bistrot et attend que les piliers de bar habituels le rejoignent. l'imprimeur n'a pas vraiment d'amis fixes mais s'accommode facilement de n'importe quelle compagnie et mène souvent la conversation en racontant mille et une histoires abracadabrantesques. parfois, il réalise également quelques tâches ingrates dans tout pour son frère en échange d'argent de poche. ses liens familiaux s'arrêtent là mais restent vitaux pour lui qui n'a pas de grandes rentrées d'argent. d'autres soirs encore, il hante le funiculaire à la recherche de pypthur : ses nuits se transforment alors en kaléidoscope effrayant de débauche et d'enivrement. bref, il n'est pas prêt de passer prendre le thé chez l'impératrice.

rapport au vif argent ◇ le vif-argent est sa perdition, une dégringolade jusqu'aux plus sombres tréfonds de paris. la substance si chère était la lueur d'espoir pouvant soigner sa petite soeur - le père et le frère se fichant bien de la pneumonie qui rongeait ses voies respiratoires. léopold était seul à chercher un remède. il s'est ruiné en médicaments et consultations hors de prix jusqu'au jour où il a entendu parler du vif argent. léopold a commencé à écumer le marché noir en quête de cette substance étrange qui détenait peut-être la clé de la délivrance. sauf qu'une fois administrée, il en fallait toujours plus car la pneumonie était tenace, vicieuse. l'homme a donc emprunté de l'argent à des personnes peu recommandables. il a menti, volé, misé sur les mauvais animomates et s'est retrouvé avec des dettes faramineuses. la famille ignorait tout de sa situation jusqu'au jour où il a tué un homme en se battant pour la dernière fiole disponible sur le marché. un accident malencontreux, mais les autorités n'ont rien voulu entendre, évidemment.
après cinq ans de prison et une sortie anticipée l'an dernier, le vif argent est devenu sa bête noire. a cause de lui, léopold n'a pas pu assister aux funérailles d'arianne et il ne se le pardonnera jamais. il hait cette saloperie de toute son âme.

spiritualité ◇la prison a l'incroyable capacité à détruire toute espérance, toute beauté. cette amante difficile lui a ouvert les yeux sur la misère crasse qui suinte de tout paris et il compte bien faire quelque chose pour la combattre. léopold ne croit donc plus en rien, si ce n'est en sa colère envers l'ordre établi qui enterre toujours plus profond le peuple au profit des élites.