(léontine) if i fall

tell me how ◇ les pieds dans l’eau, la petite regardait les petits poissons qui tournaient autour des chevilles en riant aux éclats. la sensation de baigner ses petons dans l’eau turquoise de l’atlantique était certainement une des choses qu’elle préférait faire, après manger la célèbre tarte-tatin de sa grand-mère. — p’pa ?! tu crois que je peux nager jusque là-bas ? du bout de doigt la gamine pointait une petite île qui faisait face au rivage. — hm.. quand tu seras grande peut-être ? pour le moment, ça me semble encore dangereux. que dirait grand-mère si tu te faisais attraper par un poulpe géant ? une fois, léontine avait vu un petit poulpe sur le marché, une créature étrange qui l’effrayait grandement, surtout s’il était qualifié de géant. malgré une âme farouche, la gamine rebroussa chemin pour se rapprocher de son père qui lisait le journal sur le sable. ce genre de sortie entre père et fille étaient rares, mais la petite les appréciait tout particulièrement. — la prochaine fois, grand-mère pourra venir avec nous ? élevée par la vieille femme, léontine était un peu triste de profiter de la mère sans elle, mais il était évident que cette dernière n’aurait pas apprécié le voyage. de plus, cette dernière passait son temps à se plaindre et elle aurait sûrement râler contre chaque grain de sable qui aurait le malheur de lui fouetter le visage.

people you know ◇ — tu devrais avoir honte, quand ton père va apprendre ça, il sera très déçu de toi. coincée la main dans le sac, léontine ne tentait même pas de se défendre face aux reproches qu’on lui faisait. son père ne dira sûrement rien, comme à toutes les bêtises qu’elle faisait depuis la mort de sa grand-mère. la boulangère, elle, criait tellement fort que les passants s'arrêtaient dans la ruelle pour regarder le spectacle, curieux de savoir ce qu’une enfant avec un visage si angélique pouvait bien avoir fait. léontine ne manquait pas particulièrement d’argent, pour dire vrai, au fond de ses poches, elle possédait sûrement assez de pièces pour s’offrir ce qu’elle venait de chaparder. cependant, pour une raison étrange, c’était plus excitant de chiper les bonbons que les acheter honnêtement. une montée d’adrénaline qui la faisait frémir, et ce peu importe ce que les autres pouvaient penser d’elle. lorsque son père entra dans la boutique, il soupira légèrement, avant de s’excuser le plus platement possible et repartir sous le regard critique des habitants du quartier.

she pretends ◇ assise sur l’un des fauteuils du salon, léontine contemplait le bâtiment des thermes par la fenêtre, tout en écoutant les conversation ennuyeuses que pouvaient avoir les adultes qui l’entouraient. cela faisait déjà plusieurs semaines qu’elle vivait à paris, dans la famille de son père et même si elle souffrait intérieurement de ce nouveau décès, la jeune fille se montrait étrangement impassible. — elle a l’air de tenir le coup… la pauvre enfant quand même… heureusement, elle vous a vous. la dame qui parlait était une des amies de sa famille adoptive, une parisienne à la voix désagréable qui sentait la cocotte et qui ne pouvait s'empêcher de passer sa langue sur ses dents toutes les deux minutes. voir la pitié des gens devenait une habitude et léontine refusait éperdument de leur donner raison, persuadée qu’en réalité, ils se moquaient bien de savoir comment elle se sentait. d’ailleurs, personne ne lui posait jamais la question, sauf sa famille adoptive bien sûr, et la plupart des invités mentionnaient uniquement la gratitude des propriétaires des thermes à l'accueillir chez-eux. du cirage de pompes qui semblait être une pratique très populaire à la capitale et pour laquelle elle développa rapidement un certain dégoût. — je vais lire dans ma chambre. sans prendre la peine de saluer les invités, la blonde traversa le salon, pour gagner sa chambre au couleur douce, ce qui ne manqua pas de déplaire à certains.

sleepwalking ◇  la fumée de bain rendait l’atmosphère très intime, idéal pour s’éclipser rapidement en direction de couloirs plus calme pour avancer ses lectures personnelles. léontine était indéniablement l’employée la moins active du bâtiment, mais grâce à son lien de parenté, cela ne posait aucun soucis. — excusez moi jeune demoiselle, à combien est ce bain ? d’un regard froid, la blonde scruta la personne qui venait de l’interpeller, marquant un arrêt de quelques secondes sur l’immense moustache qui occupait la moitié du visage de l’homme. — c’est inscrit sur les plaques de chaque bassin. léontine n’aimait pas qu’on la dérange pour rien, même si c’était son boulot d’accompagner les clients dans leur visite et ainsi leur offrir une expérience plaisante. — pouvez-vous m’expliquer à quoi vous servez si vous refusez d’indiquer ce genre d’informations ? amusée par la réflexion léontine referma son livre, avant de se relever pour faire face à l’homme. — vous avez appris à lire ? eh bien servez-vous en. sans attendre de réaction particulière, la blonde lui pointa du doigt la fameuse plaque descriptive avant de lui tourner le dos pour trouver un endroit plus agréable pour vaquer à ses propres activités.

chronologie
11 mai 1915 ◇ naissance de léontine perron à nantes. enfant désirée, elle causa cependant la mort de sa mère à son premier soupire, un drame malheureusement encore fréquent dans une france où la médecine reste encore limitée.

février 1925  ◇ mort de sa grand mère, la personne avec qui elle passait le plus de temps. en effet, comme son père était très occupé avec son travail, il ne pouvait pas s’occuper de l’enfant en journée. léontine se sentait très proche de la vieille femme et fut assez bouleversée par ce décès.

avril 1925  ◇ léontine se fait coincer pour la première fois en train de chaparder des bonbons à la boulangerie de sa rue. un délit mineur qui devient cependant une vilaine habitude. même si son père lui fait souvent la morale à propos du vol, il laisse un peu couler, persuadé que c’est sa manière à elle de surmonter le décès de sa grand-mère.

novembre 1926 ◇ la terrible loi de la série frappe, et son père tombe terriblement malade. conscient qu’il va sûrement y laisser la vie, il contacte son frère / sa soeur pour trouver un nouveau foyer à sa très chère fille. juste après l’enterrement, léontine part à paris, vivre dans les thermes deligny auprès de sa nouvelle famille. étrangement, la jeune fille fait preuve de beaucoup de maturité pour son âge et se résigne rapidement a accepter cette nouvelle mort.

juin 1931 ◇ léontine commence à travailler aux thermes, en plus d’un début d’études en lettre. trop flemmarde, elle ne terminera pas sa formation, et optera pour un emploi définitif sur la propriété de sa famille adoptive.

mai 1933 ◇ pour son anniversaire, ses parents d’adoption lui offrent un chaton  ; maurice. un cadeau qu’elle apprécie tout particulièrement, étant donné que les animaux ne courent clairement pas les rues de paris.

septembre 1939 ◇ alors qu’elle chapardait des boucles d’oreilles hors de prix dans une boutique prisée du centre ville, léontine se fait interpeller par une femme qui lui explique voir en elle un potentiel certain. de fil en aiguille, elle finit par intégrer une organisation de bandit au féminin ; l’almeria.