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 passé rouillé (gustav & hélène)

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Hélène Martel

Hélène Martel
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Activité : Agente de sûreté, elle espionne, surveille et sait se faire discrète pour le compte de l'Empire.
En société : Établie dans les hautes sphères, on l'approche sans savoir quoi penser d'elle et c'est tant mieux.
Organisation(s) : Ordre du mercure, officière de l'Offendi.
Besace : Un carnet à la reliure de cuir, rempli de gribouillis lisibles par elle seule ; un miroir, pour se repoudrer le nez ou voir qui se cache dans son dos ; un ruban bleu ; un animomate, bien souvent en forme de coccinelle ou de papillon ; une broche, pour coiffer ses cheveux, ouvrir des portes ou (cas exceptionnel) la loger au creux du corps d'un étranger peu coopératif.

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passé rouillé (gustav & hélène)    Lun 18 Mai - 18:23

passé rouillé
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gustav cortenbach & hélène martel

...le suspect a finalement été transféré au centre de détention…” Sous la lumière électrique du bureau, Hélène écrivait les derniers mots de son rapport de la journée. Plus que quelques phrases, deux retours à la ligne tout au plus et elle pourrait troquer l’inconfort de la chaise sur laquelle elle était assise pour le moelleux d’un sofa, chez elle. En plus de ce siège en bois usé, elle détestait les longs cliquetis de la machine à écrire, le grésillement des ampoules autour d’elle, les quelques chuchotis des autres agents de l’Offendi qui comme elle, devaient parfois s’astreindre à l’écriture de bilans. “C’est la partie la plus barbante du métier.”, lui avait dit une de ces collègues de terrain. Oh, “barbante” n’était qu’un euphémisme pour celle qui naviguait avec délice entre les manteaux, les pas pressés et les cris de commerçants. Malgré le smog qui abîmait l’organisme du tout Paris, la jeune femme préférait le dehors et ses surprises promises une fois le pas de la porte passé, à l’édifice froid et particulièrement lugubre du Quai des Gesvres. Lugubre, l’endroit l’était d’autant plus qu’il se vidait petit à petit du personnel qui lui donnait vie. Hélène poussa un long soupir après avoir posé le point final de son papier et elle se mit à relire le document. Une fois la besogne terminée, elle se leva et remarqua que le bureau des agents de surveillance était désormais vide ; un coup d’oeil à sa montre lui indiqua que le bâtiment n’était pas loin de fermer. Glissant le rapport dans un orbe, Hélène éteignit la lumière de son bureau, attrapa son manteau avant de glisser le document dans le système d’envoi interne au Quai et sortit de la pièce.

Dans les escaliers qui menaient à la sortie, elle croisa quelques derniers employés qui pressaient le pas pour ne pas rater un tramway à vapeur ou leur taxi ; elle allait faire de même lorsqu’elle s’aperçut de l’oubli d’un des gants qu’elle avait commencés à enfiler. Elle fit demi-tour et retrouva l’objet de son tracas par terre ; dans sa précipitation à partir, il avait dû glisser de sa poche. Elle allait redescendre les escaliers qu’elle venait de remonter quand elle entendit un grand bruit, comme du métal qui venait de tomber au sol. Au fond de l’étage où elle s’était arrêtée, là où le fracas s’était fait entendre, se trouvait la réserve d’animomates ; on y stockait de vieux animomates qui attendaient d’être transférés au Louvre pour réparation par les alchimistes de l’Empire. Personne n’allait vraiment dans cette réserve, à moins d’y être accompagné par un alchimiste, et surtout personne ne se rendait là-bas à cette heure. Les sens en alerte mais la figure paisible, Hélène se dirigea silencieusement vers l’origine du bruit ; la main posée sur le revolver qu’elle tenait à sa gauche, ses réflexes pareraient bien vite à l’éventualité d’un indésirable dans le bâtiment. Peut-être était-ce simplement une souris qui aurait dérangé le matériel présent, mais dans ce cas, difficile d’imaginer comment des rayons lumineux avaient pu se glisser sous la porte. Prenant son inspiration, elle tourna la poignée et ouvrit la porte doucement ; une silhouette remuait les animomates étalés sur le sol et elle se contenta de la regarder avec amusement. “Besoin d’aide ?”, fit-elle avec un air doucereux à la limite du sarcasme. Sous l’éclairage de la pièce, l’homme qui lui faisait face lui semblait cependant vaguement familier ; ne pouvant se souvenir de l’endroit elle l’avait croisé, elle adoucit son ton et ajouta en désignant l’endroit où tous deux se trouvaient. “Peut-être pourriez-vous me dire ce que vous faîtes ici, seul et la porte fermée. Il me semble être un peu tard pour ranger ces vieux objets.
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Re: passé rouillé (gustav & hélène)    Jeu 28 Mai - 21:41



Gustav est un penseur, mais pas du genre contemplatif, cela va de soi. Il a besoin d’être sans cesse en alerte, sans cesse en mouvement, toujours fébrile, inconstant, saccadé, comme deux images, deux hommes qui se superposent, deux miroirs qui dansent un tango et qui reflètent une image brisée en son centre. S’il y a bien une chose qu’il a retenue de son cher paternel, c’est celle-ci : un homme immobile, qui cesse de réfléchir et a l’audace, voire l’arrogance de se reposer sur ses acquis, est un homme mort. Non, jamais Gustav ne s’assoit dans un coin sombre pour s’adonner à des contemplations stériles. Il a besoin de gribouiller, de fabriquer, de salir ses mains, voire même de les blesser, d’ériger ses pensées en chose tangible, en création terrestre. Il y aurait presque quelque chose de mystique à cet accomplissement si, tout du moins, l’allemand n’était pas aussi fermé à la spiritualité.

Ce soir, il se traîne dans les couloirs obscurs, dans les entrailles des fervents défenseurs de l’Empire.  Il ne souhaite pas rentrer chez lui, pas tout de suite du moins. Il ne se sent pas suffisamment patient pour endurer les reproches innocents de sa femme et pas assez solide pour survivre au silence et à la vacuité qui font loi dans leur appartement parisien. L’ennui est quelque chose qui relève du traumatisant pour Gustav. L’ennui le terrifie. Le silence dans sa tête est si assourdissant qu’il pourrait en perdre les pédales. Bien que Maud se montrait bien plus douce ces temps-ci, tourmentée par la maladie, très certainement, Gustav ne souhaitait pas composer avec elle, pas ce soir. Se faire questionner sur son état de santé était presque pire que se faire accabler par la colère de la même donzelle qui semblait, en ce moment, redoubler d’efforts pour que son mari se sente bien.

Tout cela n’était que façade, Gustav le savait bien. S’il venait à mourir, Maud souhaiterait certainement le voir quitter cette terre sans en récolter mille regrets et tourments. Même si elle était parfaitement athée, bien que Gustav la soupçonnait d’être secrètement agnostique sans oser partager ses questionnements avec son mari, elle aimait vanter sa rigueur morale. La rigueur, les principes, c’étaient sans doute les seules choses qui restaient lorsqu’on avait tout perdu. La dignité s’en va et contrairement aux idées reçues, il est ardu de la mimer. En revanche, les principes… on peut toujours faire semblant.

C’est bien pour cela que ce soir, il a prétexté devant ses collègues une venue soudaine de l’inspiration nocturne. Personne ne moufte : Gustav est réputé pour avoir un rythme décalé, une aversion à la chronologie et à l’ordre du calendrier. Et puis, il propose de passer un coup de balais au labo, quel gentilhomme… La porte se ferme et une fois le rangement du soir effectué, Gustav sort de la pièce réservée aux alchimistes et observe les alentours. La voie semble libre. Il commence à marcher vers la réserve et comme à chaque fois, s’émerveille devant tous les mécanismes oubliés, bafoués dans leur individualité. Ces rouages le fascinent. Et si le secret de la vie se trouvait là et non pas dans les bulles volcaniques du vif argent mourant ?

Le temps passe vite, si vite que Gustav oublie qu’il existe. C’est la voix légèrement courroucée d’une femme qui l’interrompt : Gustav se fige, quelque peu honteux et gêné d’avoir été pris sur le fait. Il peut le phraser comme il le souhaite, ce qu’il est en train de faire reste du vol.

- Oh… Madame Martel. Bonsoir. Non juste un peu de rangement nocturne… il faut bien que quelqu’un s’y atèle, n’est-ce pas ? N’ayez crainte, vous pouvez lâcher votre revolver, s’inquiète légèrement le bourgeois en louchant discrètement sur l’arme, qu’il distingue malgré l’obscurité ambiante.

Quand bien il ne la verrait pas, il était évident qu’un membre de la milice avait une arme sur lui. Cela allait de soi. Il connaissait peu Hélène Martel : l’avait croisée de loin, comme on croise tout le monde au sein du l’Ordre à vrai dire… Cela s’appelle du réseautage. Voyant que la femme d’adoucit, Gustav fait de même. Un sourire glisse sur ses lèvres carmines. L’aisance se lit sur ses traits.

- Vieux mais pas inutiles… ils sont plus jeunes que moi, en rétrospective, s’amuse-t-il en singeant l’outrage désuet.

Quoiqu’il en soit, il est inutile de mentir. Il en est conscient.

- Vous avez raison. Je ne suis pas en train de ranger. L’Ordre peut dormir tranquille, vous m’avez pris sur le fait… il se tait, se demandant si la taquinerie allait être bien prise par son interlocutrice. Tousse sèchement, avant de reprendre : j’avais juste besoin de quelques vieux mécanismes. Quand on a une idée… on ne l’a pas ailleurs, pour ne pas dire autre chose !

Il se fend d’un clin d’œil. Peut-être sont-ils de la même engeance, de ceux qui s’entraident et qui, de ce fait, s’élèvent sempiternellement au-dessus des autres.

@Hélène Martel
Hélène Martel

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Re: passé rouillé (gustav & hélène)    Jeu 11 Juin - 14:55

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@gustav cortenbach & hélène martel

En entendant la voix de l’homme qui se tenait devant elle, Hélène décocha un petit hoquet de surprise ; la jeune femme en devint presque gênée d’avoir oublié le nom de celui qu’elle avait menacé. Elle avait entendu cet accent à l’occasion de plusieurs dîners de l’Ordre, bien sûr, mais aussi lors de conférences internes à l’organisation, portant sur le vif argent et les animomates. Souvent intéressée par les premières minutes de ces réunions où les alchimistes essayaient avec enthousiasme de présenter leur travaux à des agents mercuriens hermétiques à la science de leur propre lutte, Hélène avait plusieurs fois remarqué M. Cortenbach et son “beau-parlé” scientifique ; elle le retrouva dans le sourire en coin et à demi gêné que lui lança l’alchimiste pris sur le fait.  
Délaissant le revolver qu’elle tenait encore légèrement et voyant que la silhouette qu’elle venait de surprendre dans la réserve montrait tout de même, et de manière tout à fait compréhensible, quelques signes d’inquiétudes, elle tenta de s’excuser: “M. Cortenbach, désolée si je vous ai surpris ou inquiété ; ce n’était pas mon intention.” Cependant… L’heure tournait, les locaux continuaient à se vider ; dans le couloir, on entendit une porte se claquer et les conversations de plusieurs collègues sur le départ. C’est stupide, mais Hélène ne pouvait s’empêcher de garder quelque méfiance pour les situations incongrues auxquelles elle faisait face. Celle à laquelle elle participait actuellement, minime sur l’échelle de l’étrangeté, ne dérogeait pas à la règle. Hélène soupira ; devait-elle vraiment se mêler des recherches scientifiques d'un de ses plus éminents collègues du Louvre ? D’autant plus que l’alchimiste en question avait l’air sincère dans son embarras et qu’aucune panique excessive liée au fait d’avoir été découvert ne se lisait sur ses traits. La comparaison pouvait paraître douteuse d'une collègue à un autre, mais il semblait à Hélène avoir surpris un enfant, la main plongée dans le bocal à bonbons. Un second soupir lui permit de mieux écarter ses réflexes d’agente de surveillance et de répondre, amusée par le clin d’oeil qu’on lui avait lancé: “Un coup de génie créatif, hm ?” Elle quitta des yeux l’alchimiste pour observer le vide du couloir dans lequel elle se tenait et écouter le silence de mort qui y régnait désormais. “Le bâtiment va fermer. Vos recherches ne me regardent pas M. Cortenbach, mais même les plus grands savants dorment, parfois.” Ces paroles furent son moyen à elle de répondre à l’oeillade de son collègue ; elles se voulaient de ton à plaisanter tout en rappelant la situation.
Reportant ses yeux dans la réserve, Hélène ne put alors s’empêcher d’observer plus en détails ce qui s’y trouvait. Sur les étagères se cachaient les carcasses de métal fatiguées par des années de service ; reliques de leur travail commun, à Cortenbach comme à elle, elles reposaient tout en demeurant menaçantes pour quiconque connaissait leur fonction. Dans leurs yeux éteints, paraissaient encore luire l’énergie d’un ancien combat ; aux oreilles tendues par le calme les entourant, le mécanisme de leur cœur semblait cliqueter encore. Pourtant résolument froids et sans vie, jamais les animomates n’avaient paru aussi peu rassurant qu’en cet instant, entassés, coincés et mal éclairés sur leurs rayonnages de fer. Un peu malgré elle, Hélène frissonna. Des dépouilles refroidies, elle en avait vu des plus effrayantes que celles-là, mais ce soir, la roideur des macchabs lui fit vive impression. Dans une tentative de reprise d’aplomb, elle mit son frisson sur le compte de la fatigue. “Avouez que passer la nuit entouré de ces animaux de métal rouillé n’a rien de rassurant.” remarqua-t-elle d’un demi-sourire grinçant en désignant les cadavres métalliques rangés. Et la jeune femme d'ajouter, comme un conseil : “Peut-être vaudrait-il mieux rentrer chez vous.” À vrai dire, tout valait mieux qu’être ici selon Hélène, surtout après une longue journée de travail. Un instinctif coup d’œil vers son interlocuteur lui avait appris qu’il portait alliance au doigt et qu’il était donc marié. Il était sûrement préférable pour lui de retrouver la vie ou du moins le confort de son foyer, puisqu’il en avait un, que de rester ici entouré de témoins du passé.
Gustav Cortenbach

Gustav Cortenbach
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Re: passé rouillé (gustav & hélène)    Ven 10 Juil - 10:02

Certains avançaient l’existence d’une rivalité et d’une incompréhension tacite entre les agents mercuriens, les garants de l’ordre et de la morale, le glaive affûte de l’Impératrice et les savants à la peau blanchie par le manque d’exposition à l’air frais et aux yeux globuleux, abîmés à force d’être rivés sur de minuscules pattes de mouches ou des artefacts étranges. Gustav n’était point de ceux qui entretenaient activement ladite rivalité, jugeant qu’elle, premièrement, n’existait pas et de deux, que leur coopération était indispensable à l’Empire. Ils étaient les deux faces d’une même pièce : la force et l’intellect, le maintien et l’accès au sommet, la réflexion et l’action. Comment est-ce qu’une société digne de ce nom pourrait bien se passer de leurs indispensables services ? Gustav se posait sincèrement la question, non sans arrogance.

Il pouvait se targuer de connaître de nombreux membres de l’Ordre : sa sociabilité naturelle, ainsi que sa personnalité excentrique, en avait fait la coqueluche des dîners de l’organisation dans ses jeunes années. Avec le temps, Gustav avait appris qu’il valait mieux garder ses instincts de papillon pour ses dîners personnels et afficher une façade professionnelle et imperturbable pour toutes les occasions impliquant de près ou de loin ses collègues de travail. Non pas qu’il se soit fait des ennemis : il en avait, comme tout le monde, mais pas de Némésis, d’ennemi mortel, de frère haï. Aussi curieux que cela puisse paraître, son attitude plus posée n’était que le fruit des conseils avisés de sa femme, qui connaissait bien mieux que lui les milieux marécageux de la bourgeoisie et de la petite noblesse française.

Néanmoins, à l’exception de son nom et de son allure – car il fallait se l’avouer, en tout respect de la personne qu’elle était, Hélène Martel était une belle femme, fort élégante – Gustav ne connaissait que très peu l’agente en question. Il était probablement légitime, dans ce cas, de se sentir légèrement inquiet en voyant ses longs doigts arachnéens tapoter son revolver, même si, vraisemblablement, elle n’avait nullement l’intention de tirer sur lui.

- Oh, oh, il n’y a pas de mal, Madame, la rassure-t-il en reposant délicatement le drôle de mécanisme qu’il avait à la main.

Il espérait bien que la jeune femme ne le bombarderait pas de questions sur les raisons de sa présence tardive en ces lieux. Bien que l’Ordre fut opaque de nature, avec une culture intensive du secret et des hiérarchies à rallonge pour noyer le poisson, son attitude semblait ce qu’elle était : louche et coupable, bien que ses airs innocents auraient pu le faire passer pour le dernier des nouveau-né.

- Un coup, une étincelle, ça c’est sûr, génie ou créatif, j’ai encore des doutes, bien malheureusement, poursuit-il après l’interrogation de l’agente, non sans amusement.

Les gens avaient leurs idées bien ancrées quant au fonctionnement des cerveaux des prétendus « génies ».

- Mais Madame Martel, n’avait-vous jamais eu ce rêve qui vous tient éveillée, contre toute fatigue ? il fait mine de supplier alors qu’à vrai dire, il se prépare déjà à quitter la pièce.

Il ne tient pas à interpeller ses supérieurs sur l’étrange nature de ses activités… extra-professionnelles. Sa collègue semblait troublée, voire même dérangée par l’amoncellement de corps métalliques plus ou moins usés. La faible lumière émanant du couloir rebondissait sur les animomates abandonnés dans cette réserve, mettant en relief, plus que jamais, le contraste entre les silhouettes de plomb et la chair rose des deux humains, en minorité dans ce sombre réduit.

- A vrai dire, je les trouve plutôt émouvants. J’ai presque envie de les rallumer. Mais c’est sans doute mon côté savant fou, susurre t-il avec une sorte d’émotion à peine simulée devant ce cimetière qui s’ignore.

Il voit bien qu’Hélène a impatience de quitter l’endroit alors, il lui emboîte le pas, en prenant soin de singer cet air un peu rêveur qu’il aborde bien plus souvent que coutume. Un rêveur cynique, ça existe, ou il est l’unique spécimen ?

- Vous n’avez pas tout à fait tort… je retrouve bien là le pragmatisme de nos chers agents mercuriens. Dites-moi, si ce n’est pas indiscret, que comptez vous faire de cette belle soirée ?

Il n'y avait pas de mal à entretenir une discussion de connivence entre deux employés zélés, n'est-ce pas ? Après tout, les couloirs étaient sombres et vides. Pipelette comme il l'était, Cortenbach ne se voyait pas les arpenter en silence aux côtés de l'agente.

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