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 les souvenirs éteints (alceste & hélène)

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Hélène Martel

Hélène Martel
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Activité : Agente de sûreté, elle espionne, surveille et sait se faire discrète pour le compte de l'Empire.
En société : Établie dans les hautes sphères, on l'approche sans savoir quoi penser d'elle et c'est tant mieux.
Organisation(s) : Ordre du mercure, officière de l'Offendi.
Besace : Un carnet à la reliure de cuir, rempli de gribouillis lisibles par elle seule ; un miroir, pour se repoudrer le nez ou voir qui se cache dans son dos ; un ruban bleu ; un animomate, bien souvent en forme de coccinelle ou de papillon ; une broche, pour coiffer ses cheveux, ouvrir des portes ou (cas exceptionnel) la loger au creux du corps d'un étranger peu coopératif.

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les souvenirs éteints (alceste & hélène)    Mar 12 Mai - 17:39


les souvenirs éteints
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alceste huysmans & hélène martel

Immobile à la fenêtre, Hélène l’était depuis de longues minutes déjà. Peut-être même n’avait-elle pas bougé depuis une heure au moins. Le café posé à côté d’elle était désormais froid et elle aussi commençait à avoir un peu froid, à mesure que le poêle dans son dos faisait frémir ses derniers morceaux de charbon. À l’approche d’un craquement de plancher, elle se retourna brièvement avant d’à nouveau fixer son regard sur l’entrée du bâtiment en face du sien, comme si elle n’avait pas remarqué l’étranger dans son dos. “Mme Martel, je viens prendre la relève pour la soirée. Vous pouvez y aller.” Il commençait à doucement faire nuit. Hélène étira ses doigts et ses orteils, engourdis par l’inertie de sa position, et fit légèrement craquer son cou avant de se lever. Elle bailla silencieusement, but son café froid et remercia son collègue qui venait d’arriver. La brigade de nuit prenait maintenant place dans l’appartement vide pour remplacer celle du jour ; elle fit un rapide rapport des mouvements de la journée et termina en précisant: “Une jeune femme est entrée vers 17h, il y a de fortes chances pour qu’elle reste la nuit là-bas. Ce serait bon de la croiser au matin pour voir si on peut en tirer quelque chose, en plus de l’animomate. En attendant, d’autres invités arriveront certainement dans la nuit.” L’homme qui venait de prendre place hocha la tête et se posta à la place que venait de quitter Hélène. Elle enfila son manteau et, sans plus autre mot, se dirigea vers la porte. Un vieux miroir taché se trouvait dans l’entrée ; son visage était fatigué, ses cheveux ébouriffés. Poudrant ce qu’elle pouvait et remettant vaguement son chignon en place, elle sortit de l’appartement en veillant à ne pas claquer la porte derrière elle, puis elle passa par la porte arrière du bâtiment. Libre, elle inspira l’air amer de la nuit avant de se mettre en route.

Quelques pas dans la rue avaient suffi à son estomac pour s’agiter. Tandis qu’elle attendait le tramway à vapeur qui devait la mener chez elle, elle s’avisa, jeta un œil à la montre - familiale - accrochée à son poignet et décida de chercher un endroit où manger. Il n’était pas encore sept heures du soir et les artères principales de la ville fourmillaient encore des parisiens qui se pressaient pour terminer leurs affaires avant le couvre-feu de vingt heures. Plusieurs restaurants restaient quant à eux ouverts jusqu’au dernier moment pour accueillir leurs clients. Bifurquant sous un petit passage, elle alla trouver l’un de ceux-là et déboucha sur une rue plus tranquille. Le smog et le soleil déclinant ne l’aidaient pas à se diriger correctement ; elle crut s’être trompée de chemin. Comme un moucheron serait attiré par une flamme, elle se dirigea vers le réverbère qu’on venait d’allumer à l’angle de la rue, afin de mieux lire la plaque bleue qui lui indiquerait clairement sa position. Son ventre grogna encore un peu et elle grimaça légèrement. Sa déambulation ne pouvait pas durer plus longtemps. “Excusez-moi, fit-elle à la première silhouette qui passait près d’elle, je cherche…” Elle s’arrêta net pour écarquiller un peu ses grands yeux bleus. Sous la lumière du réverbère fraîchement allumé, ça ne faisait aucun doute. Une aiguille vint se loger dans son coeur. “Alceste ?... Alceste Huysmans ?” L’aiguille cherchait, cherchait l’endroit où piquer encore un peu. “C’est moi, Hélène. Hélène Martel.” Elle s’était sentie obligée de se présenter, elle ne savait même pas trop pourquoi. Elle espérait un peu au fond d’elle-même qu’il l’avait oubliée comme elle avait tenté d’oublier le malaise de leur dernière rencontre. Une porte qui claque, des reproches balancés et une gêne étouffée. C’était il y a un peu moins de dix ans.
Alceste Huysmans
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Alceste Huysmans
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Activité : absurde activité qui semble se battre légalement contre le couvre feu. puisqu'il le faut puisque si un jour quelqu'un va dans l'espace il faudra bien lui servir de phare alceste allume et éteint les réverbères tous les jours à heures fixes.
En société : petit prolétaire fonctionnaire qui fait ce qu'on lui dit tête basse. longtemps surveillé puisque huysmans l'état a bien vite décidé en riant qu'il n'avait pas la trempe ou les idées de ses parents et l'a laissé seul dans ses miasmes.
Organisation(s) : et pourtant alceste une fois l'attention d'état perdue s'est offert à l'ordre du plomb puisqu'il n'avait rien d'autre à apporter que lui.
Besace : clés allen, chiffons, allumettes, journal de son père, plumes cassées et rêves qui n'en sortent jamais

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Re: les souvenirs éteints (alceste & hélène)    Mar 19 Mai - 15:58

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le soleil se leva, plus tôt qu'on ne
l'attendait, comme si le soleil n'avait
pas voulu manquer le spectacle
de ce sacrifice.


don quichotte, cervantes

ce n'est pas une révélation, qu'il déteste les semaines durant lesquelles il office dans le triangle d'or. son uniforme y est un passeport, pas une couverture. il l'y laisse entrer, l'épargne de certains jugements mais ne le soustrait pas aux regards. il y goûte la saveur de l'anonymat mais ne s'y extrait pas de sa condition. où qu'il aille, en fait, il ne s'extrait jamais de sa condition. les quartiers riches sont juste plus remplis de parisiens qui se sentent supérieurs et n'hésitent pas à le moquer pour amuser la galerie. les jeux de mots et les boutades impliquant l'intitulé de son emploi, il les connait maintenant toutes. il est immunisé - fait semblant de l'être. il avance tout droit et fait ce qu'il est misérablement payé à faire. ensuite il rampe à nouveau dans son trou. s'il n'était pas moins innocent, il serait depuis longtemps tombé dans l'alcool, lui aussi.
il passe devant l'opéra garnier sans lui jeter un regard. il a toujours au creux de l'estomac une sensation de malaise à proximité du monument maltraité. le bâtiment le provoque. lui rappelle sa propre inutilité au monde. enfonce le clou de sa sensation de fils indigne.
au moins, au triangle d'or, ils sont plusieurs à officier pour aller plus vite, pour qu'on ai moins de chances de tomber sur eux. au moins, il est dix neuf heures et il a déjà presque fini. il s'avance vers son dernier réverbère et comme toujours c'est le plus compliqué à allumer. la fébrilité de son corps qui sent que la fin est là le rend maladroit, empressé, brouillon. il finit malgré tout par y parvenir et éteint son roseau d'un souffle qui ressemble plus à un soupir. il le range dans son barda, ferme la petite porte de verre, descend de l'échelle et la plie. fini.
il ne l'a pas vue approcher, il ne voit approcher personne. la plupart des gens ici font comme s'il n'existait pas, et il leur rend bien la pareille. quand elle s'adresse à lui il met quelques secondes à comprendre que ça lui est destiné. il tourne la tête et ses épaules s'affaissent. hélène martel. aînée d'agnès - leur ressemblance s'arrête à leurs traits. hélène martel, traitresse à sa famille, traitresse des faubourgs. dans des flashs passent de très petits détails de leurs dernières entrevues presque une décennie en arrière. le froissement de ses robes, ses rires, ses faux rires, ses faux yeux ouverts ses paupières qui battent pour le mener en bateau, ses doigts sur son bras, et puis une porte qui claque. une porte qu'il claque sur cette femme perfide qui a acheté son amitié pour ne faire que l'espionner.
et la voilà toujours semblable à elle même puisqu'elle prononce son nom à voix haute en pleine rue. il ne peut s'empêcher un regard furtif alentours pour s'assurer que personne n'a entendu. rassuré, il soulève son échelle qu'il a laissée s'affaisser au sol sous le coup de la surprise. je sais qui tu es hélène, il y a des choses qu'on n'oublie pas - qu'en tout cas nous, les pauvres gens, on n'oublie pas. il se sent humilié par le contraste entre sa robe luxueuse et son uniforme soigné mais servile. il n'a qu'une envie, fuir. ne pas rester une seconde de plus à proximité de cette femme. rester sur cette porte claquée parfaite conclusion d'une relation ni faite ni à faire. qu'est-ce que tu cherches. il énonce voix haute alors que sa bouche se tend et ne demande qu'à marmonner. il ne va pas lui offrir le plaisir de le voir se ratatiner. il remonte ses épaules. s'il lui donne ce qu'elle cherche peut être le laissera-t-elle partir.
Hélène Martel

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Re: les souvenirs éteints (alceste & hélène)    Mer 27 Mai - 16:53


les souvenirs éteints
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@alceste huysmans & hélène martel

Ces retrouvailles ne pouvaient pas se faire d’une autre manière que celle-ci: Hélène, surprise et interdite, et Alceste, débordant de rancoeur. Evidemment qu’il se souvenait d’elle. De par le ton amer de ses paroles, il se souvenait même de plus: en quelques mots étaient remontés à la surface de leurs souvenirs la trahison de l’aînée des Martel, espionne de l’Empire dont l’une des premières missions avaient été de surveiller le fils Huysmans-Faure-Devron. La surprise de la voir et de l’entendre prononcer son nom lui avait fait glisser son échelle des mains ; Hélène le regarda sans bouger, son étonnement passé se changeant en une certaine lassitude lorsqu’Alceste reposa son regard sur elle, après avoir ramassé l’échelle. Lorsqu’on travaillait pour le gouvernement, des regards comme celui que portait Alceste sur Hélène, on en croisait tous les jours à partir du moment où l’interlocuteur comprenait à qui il avait affaire. L’envie de cracher aux visages des agents de sécurité était bien là, mais la majorité des concernés avait peur des représailles ; tout se faisait alors au travers des yeux qui devenaient brûlant d’une colère et d’une crainte paralysées. Hélène avait appris à ne plus répondre à ces regards, à ne plus y réagir ; immobile, elle aussi, elle s’était imposée de les soutenir pour parfois les voir s’écraser ou au contraire redoubler d’une haine ardente jusqu’à l’explosion ; lorsqu’on atteignait ce point, il était souvent trop tard pour que l’un des deux fasse correctement la part des choses.
Face à Alceste, elle n’avait pas très envie de garder son masque habituel d’attentisme ; elle n’avait pas envie de savoir si il irait jusqu’au point de non-retour ou si il comprendrait qu’il ne sert à rien de bomber le torse. Un peu malgré elle, Hélène sourit tristement. A la fois tant et si peu de choses avaient changé pour eux ; elle se sentit soudainement très fatiguée. “Je cherche un restaurant, une boulangerie. Un endroit pour manger.”, répondit-elle. Elle fit une pause en jetant un coup d’oeil autour d’elle ; elle avait envie d’assurer à Alceste qu’elle ne cherchait pas le piéger une seconde fois, mais elle savait bien que tout dans son comportement était suspect. Une agente de surveillance n’agit jamais sans intentions cachées ; alors qu’à cet instant, elle n’en avait réellement pas et qu’elle avait réellement faim, elle ne put s’empêcher de faire glisser son sourire triste vers un fin rictus moqueur à l’attention des paroles qu’elle prononçait: “J’imagine qu’il est inutile de te proposer de partager quelque chose avec moi…” Croisant les bras et reportant son regard bleu sur Alceste, elle ajouta fermement: “Ça peut être n’importe quoi, je te l’offre.” Tentative très probablement maladroite de désamorcer la situation, elle se disait qu’il était toujours bon d’essayer ; au pire la prendrait-il pour une hypocrite - ce qu’elle avait été tant de fois - et une deuxième porte se fermerait entre eux deux. Au mieux… rien de dans cette situation ne semblait promettre quelque chose de bon. Si ça avait été quelqu’un d’autre, Hélène serait déjà probablement partie, n’aurait même pas fait attention à la réaction de celui qui lui faisait face. Elle se décida à néanmoins préciser la situation. “Pas de combines, pas de manigances, juste un repas. Ou un sandwich.” Et en prononçant ces mots, elle sentit son ventre à nouveau s’agiter.  


Dernière édition par Hélène Martel le Ven 19 Juin - 17:26, édité 2 fois
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Organisation(s) : et pourtant alceste une fois l'attention d'état perdue s'est offert à l'ordre du plomb puisqu'il n'avait rien d'autre à apporter que lui.
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Re: les souvenirs éteints (alceste & hélène)    Jeu 11 Juin - 22:16

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le soleil se leva, plus tôt qu'on ne
l'attendait, comme si le soleil n'avait
pas voulu manquer le spectacle
de ce sacrifice.


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la force du souvenir ôte à alceste la force de se mettre en colère. ils ne se sont jamais expliqués, eux deux. à quoi bon ? il ne s'agissait pas d'une querelle d'adolescents mais bien d'un espionnage d'état. il ne s'agissait pas d'une trahison d'amitié mais d'une affaire d'empire. on ne dit pas ça se fait pas à son bourreau, on le fuit, on met le plus de distance possible entre lui et nous, et c'est tout.
c'est pourquoi il refuse de reconnaitre la reconnaissance en lui quand elle a la décence de répondre à sa question sans tergiverser. droit au but. il n'y a guère plus que ça d'envisageable entre eux.
il lève les yeux sur le mur, cherche le nom de la rue. varenne. parfois il oublie, machinal dans ses rondes, parfois il oublie où il est. un réverbère ressemble à un autre réverbère, et même s'il sait que c'est le dernier de sa tournée, il a déjà tant de fois fait ce trajet que ses yeux parfois brouillent la géographie, l'espace. dans le triangle d'or particulièrement, dans tout ces genres de quartiers où il ne fraye pas quand il le peut. il sait où dormir, il connait les noms des rues où il a des planques pour dormir, il ne les relie tout simplement pas toujours entre elles. varenne. tu devrais le savoir mieux que moi. est-ce que ce n'est pas ton royaume ? parvenue. parvenue et traitresse. est-ce qu'elle connait encore mieux les faubourgs qu'ici ? si c'est le cas, il ne le voit pas comme un trait attendrissant qui pourrait prouver que si sa raison l'a poussée à faire fortune en se prostituant à l'empire, ses émotions reposent dans le cuivre. il le voit comme une indifférence déplacée de ce qu'elle s'est vendue pour obtenir. si la place à laquelle elle est parvenue ne l'intéresse même plus, quel sens ont ces dernières années ? ces scissions successives et les marbrures sur son corps à lui ? si c'est le cas, oh vraiment, si tout cela est gratuit, dénué de sens, il n'y a plus qu'à se reposer dans le désespoir et pleurer rouler en boule en attendant que la mort daigne s'approcher.

il en est là de ses réflexions méprisantes quand elle lui propose sans lui proposer de briser le pain. ces mots là, ils sont familiers - des repas ils en ont partagé beaucoup, d'abord de mauvaise grâce puis par fausse amitié. c'est sans doute pourquoi son mouvement de recul arrive à retardement. et là, plusieurs choses tombent comme des bombes sur son crâne sous pression. d'abord, le plus instinctif : il meurt de faim. souvent au début de l'été il fait diète, pour pouvoir se payer un verre d'alcool en terrasse éventuellement mais surtout pour mettre de côté. aux beaux jours il peut dormir dehors plus facilement, n'a pas à graisser la patte d'un portier quelconque pour s'abriter : autre économie de faite. l'idée est d'accumuler pendant la belle saison pour pouvoir survivre mieux à l'hiver. ensuite, hélène, et tout ce que ce nom évoque. qu'est-ce qui lui prouve qu'elle offre vraiment un repas de bonne foi, sans idée derrière la tête ? il l'a vue dénuée de scrupules, il la connait sans morale, prête à tout pour l'empire. ce ne sont pas des mots prononcés au détour d'une rue qui vont lui donner des impressions de sincérité. et puis surtout, derrière hélène, il y a l'ombre de charles de saxe, son mari. son mari au regard froid et aux mains expertes. ses mains expertes sur son corps déjà meurtri. son mari accélérateur d'enquête.

il n'a pas accès aux potins de la haute, alceste, et son seul lien à hélène c'est agnès qui s'est coupée de sa famille. il ne le sait pas, qu'ils ont divorcé, qu'hélène a changé de département au mercure, il ne sait rien de tout ça. il y a fort à parier que, même s'il le savait, il n'en serait pas moins méfiant. alceste a été éduqué par ses parents dans la croyance qu'un humain peut changer, apprendre de ses erreurs, trouver la libération de sa pensée, mais il a ensuite été élevé par la rue à comprendre qu'une merde reste une merde parfois, et que c'est comme ça. et que ça existe, être trop vieux pour changer. et que ça existe, se borner et ne pas savoir reconnaitre ses erreurs. et plus il apprend cela, plus il a la sensation de trahir ses parents. rien jamais ne peut empêcher le processus de se demander sans cesse si un parent mort serait fier de nous ou non, à chaque seconde. rien n'est gratuit pour toi hélène. ce n'était pas le cas il y a neuf ans, raconte moi pourquoi ça aurait changé aujourd'hui ? la dernière bombe qui heurte son cerveau, c'est la peur. soudainement il se dit, l'histoire se répète. ils ont entendu des bruits et cette fois savent que je suis entré au mercure pour de bon. il se dit, hélène n'est là que pour introduire son mari - après tout pourquoi faire semblant quand ça prend autant de temps et qu'il suffirait d'envoyer la méthode la plus efficace directement ? la terreur qui s'empare de lui est tellement immense qu'il sait qu'il n'a qu'une chance de répit : passer par l'humour. pour ne pas s'effondrer. bravache, il lance tu sais je préférerais que tu m'envoie directement à ton mari cette fois ne perdons pas de temps à faire semblant. c'est tout juste s'il ne tend pas les poignets pour les offrir aux menottes.
Hélène Martel

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Re: les souvenirs éteints (alceste & hélène)    Ven 19 Juin - 17:27


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@alceste huysmans & hélène martel

La blonde se faisait lasse. Elle se doutait que répondre par un “écoute Alceste, tu me fatigues” aurait été le comble de l’injure pour lui, de toute évidence allumeur de réverbère, de toute évidence bien plus épuisé qu’elle. Ses paroles avaient beau respirer l’acide, sa voix n’était que labeur. En cet instant, animés par les mêmes faiblesses du corps, peut-être se ressemblaient-ils plus qu’ils n’auraient aimé l’entendre ; Hélène n’y fit en tout cas que brièvement attention. Déjà, l’attaque reprenait, vive, acerbe et déguisée sous un mot: “royaume”. Reine, elle l’avait été, un jour, probablement, mais aujourd’hui son nom ne rimait à rien. De sa déchéance, elle en avait été l’instigatrice et avait œuvré pour n’être la régente que de sa propre vie. Son indépendance, elle l’avait grattée jusqu’à en détacher le souvenir de son mariage, de son passé - d’une partie au moins. Leur dialogue tournait désespérément au venin ; Alceste ne savait rien, sinon il ne dirait pas ces choses comme des paroles lâchées par un enfant pour blesser l’adulte qu’il déteste. De son “royaume” sur les autres, elle n’avait rien voulu garder ; à quoi bon lorsqu’on sait que tout se perd sous le pas aveugle de la Destinée ? L’adulte, à moitié résignée, haussa les épaules en guise de réponse. Elle n’avait plus envie de jouer avec un ignorant, mais à la question qu’il lui avait posée, elle ne lui répondit pas, le laissant patauger dans l’image qu’il s’était faite d’Hélène.

Et au fond, avait-il tort, Alceste, de croire à autre chose qu’à l’Hélène mielleuse et hypocrite qu’il avait connu dix ans auparavant ? Avait-elle réellement changé ? Hélène s’en convainquait ; de toute évidence, comme lui, elle avait vieilli. Marquée par tant de choses qu’elle s’épuisait à ne pas montrer, creusée par ces tentatives de réconciliation avec le passé, elle avait changé. De se trouver, là, face à une situation qu’elle pressentait comme immuable l’éreintait de manière irraisonnée. Tout, en neuf ans, avait changé ; rien, dans cet échange de cinq minutes, ne pouvait modifier quoique ce soit. Alceste faisait partie de ces vestiges d’un passé qu’Hélène aurait voulu réparer à grand renforts d’élans d’énergie ; ce soir, elle n’en avait plus du tout. Et puis, plus les secondes passaient, plus elle se rendait compte que sa blessure à lui était trop profonde pour qu’une conversation daigne le soigner ; un “désolée” ou un repas ne servirait à rien si ce n’est à rire. Elle soupira, ne répondant qu’à moitié à la nouvelle attaque de son interlocuteur ; devenue amère et agacée par la tournure de cette situation insoluble, elle résuma ses pensées pour amorcer un départ : “Tu t’es déjà fait ton opinion de moi. Rien de ce que je pourrais dire ne changerait quoique ce soit. Mieux vaut...” Elle n’eut pas l’occasion de finir sa phrase ; Alceste relançait son assaut à force de commentaire moqueur, et pas n’importe lequel. La surprise fut telle qu’Hélène en eut le souffle coupé. “Mon mari ?” interrogea-t-elle, les yeux ronds. Alceste n'avait pas connu son ex-époux, elle avait veillé à ne jamais l’introduire lors de son enquête. L’air affirmé, les poignets presque tendus vers la prison, Alceste avait l’air trop sûr de lui dans la charge qu’il avait lancée ; pour Hélène, cette pantomime fut de trop. Quelques secondes passèrent pour dissiper le silence de la surprise et, brusquement, la poitrine de la Martel se souleva pour exploser dans un rire jaune, mauvais, puant d’un agacement mué en colère qu’elle ne parvenait plus à contenir sous sa fatigue. Ou peut-être cette dernière venait-elle accélérer le lâcher prise de la blonde ? Hélène n’y songeait pas. Elle en avait plus qu’assez. “Charles, tu veux dire ?” compléta-t-elle en reprenant son souffle pour dessiner sur son visage un vilain rictus moqueur. “Qu’a-t-il à voir là-dedans ?” Elle prit délibérément son ton le plus cassant, le plus ferme et l’un des plus durs ; elle avait envie de tout cracher à la figure de celui qui lui faisait face. “Tu le crois à l'origine de cette rencontre ?” Légère pause, le temps pour le regard de se fixer, implacable, sur les yeux du jeune homme devant elle. “Je l’ai quitté, Alceste. Ça fait trois ans.” Elle tâcha de bien articuler ses mots, comme pour se faire comprendre plus clairement d’un sourd. Elle aurait voulu ajouter tellement plus, mais pour débuter, elle se contenta de peu ; avec ces quelques mots, elle voulut prouver que oui, bien des choses avaient changé, au moins pour elle.
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Re: les souvenirs éteints (alceste & hélène)    Mar 30 Juin - 20:37

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de ce sacrifice.


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il sent bien qu'il l'agace, qu'elle aimerait passer à autre chose, qu'elle regrette déjà de lui avoir adressé la parole par erreur. elle aimerait l'écraser sur sa manche comme un moucheron ou l'ignorer comme un mendiant un peu trop insistant. pour qui se prend-t-il ? comment se permet-il ? il n'oserait quand même pas me retenir ? et alceste pas pervers pour un sou prend cependant un malin plaisir à la voir comme prise en otage du simple fait de sa culpabilité. pourquoi les années et les changements qu'elles ont forcément impliqués effaceraient-elles l'ardoise ? ça existe, la prescription ? pas dans l'esprit d'alceste, non. puisque la justice officielle ne punira jamais hélène de l'avoir mis entre les griffes de son terrible époux il n'y a plus guère que lui pour se venger. jusqu'à ses moues méprisantes elle le rejette. lasse d'il ne sait quoi, sans doute d'avoir voulu faire régner l'ordre à coups de burins, elle est épuisée d'avance de ces explications qui ne mèneront nulle part. elle ne veut pas la monnaie de sa pièce. et bientôt d'ailleurs elle esquisse une retraite à l'argumentaire impeccable. ça oui, la logique la justice la maîtrise sur le bout des ongles. la rhétorique imbécile qui fait d'un philosophe un âne à la simple force des mots. cette discussion n'ira nulle part, elle n'a donc pas lieu d'être: mais le but final qu'on s'imagine ne correspond pas toujours aux résolutions qui se dénouent en route, d'ailleurs il y correspond rarement. il s'apprête à s'engager dans la joute, à se jouer lui aussi de ce langage si facilement catégorique, quand elle s'interrompt d'elle même. et bientôt elle s'interrompt à nouveau, d'un rire inextinguible, d'un rire énorme dont il ne parvient pas à comprendre la provenance. il a toujours jugée hélène hypocrite, aveuglée, du mauvais côté, mais sadique non. gratuitement cruelle, non. et pourtant il interprète son rire comme la célébration d'un souvenir amusant. "bien sûr, ce petit chéri, quand il avait torturé ce type comme c'était charmant ! j'avais presque oublié !".

l'imagination d'alceste s'apprête à rajouter "décidément qu'est-ce qu'on rigole", mais c'est à son tour d'être coupé par la mercurienne qui se remet de son hilarité pour lui poser la plus improbable des questions. bien sûr, charles. tu en as beaucoup, des maris ? il y a quelque chose de désarmant dans le rire. quelque chose qui fait qu'alceste est d'office humilié et se sent soudainement très petit. l'échec cuisant de son orgueil naissant l'immobilise. mais la suite de la logorrhée d'hélène le paralyse tout à fait. qu'est-ce qu'elle raconte ? aurait-elle perdu la raison ? ou bien est-ce son esprit à lui, déformé par la fatigue, tordu par la faim ? de quelle rencontre parles-tu ? hélène je crois que tu délires. il a entendu parler de gens aux terribles pathologies qui par excès de vices et de méchancetés dans leur passé oublient systématiquement, font page blanche presque malgré eux. le heurte soudainement la dernière phrase de la jeune femme. pourquoi l'as-tu quitté ? le doute s'installe en alceste qui cherche désespérément, toujours, après tout ce temps, à trouver le beau et le doux en l'humain. est-ce qu'elle l'aurait quitté parce qu'ignorante de ses terribles agissements jusque là elle avait soudainement vu son vrai visage ? est-ce qu'elle désapprouve potentiellement cette cruauté ? serait-elle innocente ? la haine pourtant persiste, se refuse à croire, presque aussi définitive que les cicatrices qui redessinent son corps. lui vient l'idée terrible que confronté à charles il aurait le même temps de latence, le même genre de déni, et, creux, aurait l'impression qu'il a tout halluciné. à nouveau la tête lui tourne d'imaginer qu'il devient fou. que depuis toutes ces années, il porte un poids qu'il s'est lui même inventé.

l'hypothèse étant inconcevable l'esprit vite cherche ailleurs. elle ne l'a quitté qu'il y a trois ans, bien après l'enquête, ça n'a donc rien à voir. elle reste donc fautive d'être restée. est-ce que tu es en train de nier le sort que tu m'as offert ? une question directe, franche. voilà la seule solution pour se sortir des terribles méandres de sa pensée traumatisée par la torture.

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