l'appel du vide

caractère ◇ Créature astrale, elle contient l'âme de la lune dans un corps solaire. Elle n'est qu'excès et paradoxes entremêlés. D'apparat, tout son être semble vouloir percer la grisaille, de son sourire qui rayonne jusqu'à ses pupilles qui s'enflamment. La tête-brûlée respire l’exubérance et l'espièglerie. Brasier humain, elle cherche l'attention sans se laisser approcher. Revêche, insolente et franche, la sauvage fait violence. Elle a du mordant. Elle agresse la bien-pensance. Bête de contrôle, elle baisse difficilement les bras, s'avoue rarement vaincue, déteste reconnaître ses tords et transforme ses rares passions en obsessions. Intrépide insoumise malgré son esprit cartésien, elle devient vite un monstre d'infortune lorsque son goût pour l'adrénaline se mêle à son syndrome du sauveur. L'aventure gravée sur les os et l'innovation ancrée dans le cerveau, elle a des rêves de gosses dans son coeur de brute.

place en société ◇ Le sang bourgeois coule dans un coeur prolétaire. Depuis sa plus tendre enfance, elle traîne sa cuillère en argent dans les caniveaux boueux. Elle plante ses racines dans les pavés cassés. Gavroche en robe du dimanche, elle exalte le vice parental. Quand papa et maman donnent leurs pièces aux révolutionnaires, à l'abri derrière les vitres polies, la benjamine bricole des armes avec leurs gosses au fond du jardin. Loin d'elle l'idée de renier ses origines ou de se faire passer pour autrui, mais, intenable, elle a toujours été naturellement attirée par ce qui se trame au-delà des murailles dorées. Cette sale gosse flâne imprudemment sur la frontière entre les classes.

réputation ◇ Femme à double visage. La princesse des trottoirs attire curiosités et regards noirs. On ne parvient pas à la cerner, on ne sait jamais sur quel pied danser. Elle débarque d'une autre planète, ne partage ni les valeurs des bourgeois ni la souffrance du prolétariat. De loin, ses grands sourires font perdre l'équilibre et ses valses filent le vertige. De près, la bête de foire devient démente sauvage. On voudrait l'assagir, lui remettre les pieds sur terre et lui sortir le nez des gadgets. On voudrait la capturer, l’étiqueter, la disséquer. On voudrait comprendre comment elle dérange, en quoi elle fascine, pourquoi elle s'éclipse. Malheureusement pour tous, ici, c'est elle la sorcière. Inlassablement, feu follet vous glisse entre les doigts, s'évapore puis se transforme. Sous sa cape d'anonymat, princesse des airs se réinvente terreur braconnière. Tantôt crainte, aussitôt adulée, Uranie, capitaine des Démons émerveillés, aime à faire tomber les opulents et briller les manants.

lieu(x) fréquenté(s) ◇ Sillonnant des rues encore inconnues, elle cherche toujours un nouveau refuge où percher ses ailes, que ce soit en haut de sa tour de l'horloge, debout sur les marches de Montmartre, assise sur les toits de la ville, ou au balcon de son aéronef, l'Anthélie. On l'y trouve les pieds dans le vide et la tête dans les nuages, le visage levé vers le ciel et les bras écartés, comme sur le point de s'envoler.

journée type ◇ Elle ouvre les paupières sur le soleil qui dégringole de sa fenêtre sans volet, bascule du lit en pestant et enfile ses chaussures à l'envers. La porte claque, elle grimace et offre une pirouette espiègle à sa concierge mécontente. Tandis qu'elle dévale les pavés au pas de course, Bételgeuse, sa petite chouette animomate lui apporte la besace qu'elle a oublié sur le palier avant qu'elle ne grimpe quatre à quatre les marches en colimaçon de sa tour. A l'abri derrière l'horloge, elle dispose généralement d'un court moment de tranquillité pour terminer de se préparer et boire quelques tasses de thé, seule ou en tête-à-tête avec les premiers visiteurs, les plus férus de céleste. Après cette douce somnolence, le zénith la revitalise par une vague de visiteurs pour qui elle se pavane dans le vide en bricolant quelques rouages. Entre deux spectacles, elle redevient invisible et s'éclipse pour flâner dans la cité, puis, à la nuit tombée, elle allonge les secondes afin de laisser les amoureux profiter des étoiles éparses pendant que, à l'abri d'un coin sombre, elle déloge et trie discrètement les derniers vœux adressés à son alter-ego pirate. Lorsque la porte se verrouille enfin, la fameuse enfile son masque d'Uranie et se précipite à bord de l'Anthélie où son équipage attend sa prochaine mission. Elle ne retrouve ses draps que bien plus tard, une fois sa journée scellée par quelques verres face au soleil levant, les muscles atrophiés et le coeur battant.

rapport au vif argent ◇ L'insurgée, parée de toute sa théâtralité, ne peut réprimer un rire amer à la mention même du légendaire métal. C'est simple : elle n'y croit pas. Elle n'y connaît pourtant rien, n'y porte qu'un intérêt morbide et enfantin, mais cette utopique obsession n'éveille en elle que frustration et rancœur. Elle n'a rien contre l'idée en soi, c'est plutôt son exécution et ses répercutions qui attisent son ressentiment. Quelle perte de temps. Quel gâchis d'énergie. Après tout, si l'alliage donnait véritablement la vie éternelle, voilà longtemps que ce serait fait.

spiritualité ◇ Ombeline ne croit véritablement qu'en elle-même. Elle ne compte que sur ses acquis, ses idées, ses expériences et ses projets. A ses yeux, si les Dieux ont un jour existé, ils ne méritent rien que du mépris pour tout ce qu'ils ont laissé faire - ou peut-être même décidé de faire. Ils sont les fléaux d'hier quand elle se prétend protectrice de demain.