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 epistolae en do majeur _ sapho&auguste

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Auguste Dubreuil

Auguste Dubreuil
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Activité : Pianiste-répétiteur, dans le secret de la demeure familiale, métier d’exactitude qui lui sied aujourd’hui parfaitement et depuis peu voix de l'Empire.
En société : Les ornières où l’on finit sont des entraves à une existence qu’il souhaite encore imaginer libre dans le plus grand des secrets de ses esprits, alors les allégeances sont parfois floues.
Besace : Un carnet relié de maroquin rouge, avec les initiales a. e. d. estampées, un diapason, les derniers livrets des opéras à la mode, des partitions annotées et froissées, des absolus et des rêveries discontinus.

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epistolae en do majeur _ sapho&auguste    Mar 27 Oct - 17:20

epistolae en do majeur

@sapho norouzian & auguste dubreuil


Lettres froissées pour infinis tourments, les mots qui s'allongent au même rythme que le souffle. Il parcourt de nouveau la missive, la laisse tranquille en la reposant soigneusement sur le coin du bureau. Le souffle redescend, profond, alors que Paris, ou plutôt la rue de Hauteville, s'ébat au milieu du smog et des incertitudes. Il met une minute pour parcourir les syllabes et les tonalités : simples, directes. Exactement telles qu'il s'en souvenait. Il reprend le billet, et l'esquisse d'un sourire éveille son visage qui demeure assombri depuis des semaines. Depuis qu'elle a déserté, mais cela il ne faudrait ni le penser, encore moins le dire. Le souffle devient délicat, il y a de la nervosité sous les doigts quand il saisit son stylographe et une feuille vierge. Les mots y courent, ils se précipitent vers elle, sans doute un peu trop, appuyant la ponctuation dans des inflexions plus brutales qu'il ne le voudrait. L'esprit y trace quelques jeux avant que la lettre ne soit scellée. Léontine est mandée et la voilà avec entre les mains la perspective de la revoir enfin. A l'heure habituelle. Rien qu'à l'heure habituelle.

Il faut moins d'une semaine pour que la rencontre ne se fasse. Il est égal à celui qu'elle a vu la dernière fois, tout comme l'hôtel des Dubreuil qui n'a rien perdu de sa superbe mais qui sans son chant semble à Auguste comme un mausolée. Son père n'aide pas. Sa présence sépulcrale fait croire à tout le monde que par ici l'on veille les morts, car jamais plus il ne quitte l'aile de ses appartements où il vit retranché tel un vieillard aigri, bien décidé à imaginer sa retraite du monde comme l'aurait fait Alceste mais sans l'exotisme du désert. C'est Léontine, la gouvernante, qui ouvre à Sapho ce jour-là, et qui lui marmonne la phrase protocolaire qu'il a fallu lui inculquer longtemps pour qu'elle ne la prononce pas sans ironie dans la voix. Monsieur vous recevra dans le salon de musique. C'est ce qu'Auguste aime bien chez cette jeune personne, son irrévérence, bien qu'il soit chargé de la gommer du langage de la plupart de ses élèves les plus débutants. Jamais de morgue, jamais de fierté mal placée. Surtout pas lorsque l'on joue, lorsque l'on chante, lorsque l'on devient autre. Surtout pas. Mais Sapho n'a jamais souffert de ce travers-là, ou si tel fut le cas, il aurait bien été incapable de la noter. Il aurait fallu pour cela qu'elle ne soit qu'une simple élève. Il aurait fallu. Mais l'on ne réécrit pas l'histoire, du moins hors des livres.

Auguste attend en effet dans le salon de musique, près de la fenêtre, sans doute pour ne pas porter immédiatement le regard sur elle lorsqu'elle franchit le seuil. Léontine l'a débarrassée de son manteau, et l'a menée jusqu'ici, comme si elle ne savait pas y aller seule. Une bravade de plus, sans doute aucun, parce qu'il y a de ces prérogatives jalouses qu'elle est bien incapable d'abandonner. Sa fonction prévaut sur la logique, c'est ainsi.

Le regard s'échange au travers du reflet : sa silhouette évolue un instant sur la vitre, et il la suit avant de dire, toujours admirant la rue qu'il ne voit même plus : Vous voici... Un constat presque absent. Il se détourne enfin pour la regarder, le sourire est entier, celui-ci il ne peut guère le maquiller et il n'en a pas du tout l'envie. Bien entendu que vous voici. 16h30, ça a toujours été l'horaire, n'est-ce pas ? Un léger rire, puis il reprend ce sérieux qui semble bien souvent inébranlable, alors qu'il la rejoint d'un pas vif, qu'il comble l'espace entre eux, sans le laisser totalement exsangue. Voilà désormais le piano qui fait barrage. Vous ne pouvez savoir comme j'ai été ravi de votre annonce quant à l'Eurydice. Est-ce confirmé ?

Une façon de passer du privé au public, d'Auguste au professeur. De cesser de naviguer dans le trouble d'émotions dont il ne sait que faire. Dont ils ne savent que faire. Depuis bien trop longtemps.
Sapho Norouzian

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Activité : cantatrice aux poumons fragiles, le souffle qui se perd.
En société : soprano prodige, au succès pourtant compromis.
Besace : le livret d'orphée et d'eurydice qui se monte actuellement, des fioles emplies de remèdes prétendument miracles.

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Re: epistolae en do majeur _ sapho&auguste    Sam 31 Oct - 17:18

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Sapho Norouzian a écrit:
Cher Auguste,

J'aimerais répéter avec vous. Quand pouvons-nous nous voir ?
Comme je vous l'ai déjà dit, mon souffle me fait défaut ces derniers temps, et j'aimerais travailler à y remédier (d'autant que je crois être pressentie pour le rôle d'Eurydice, mais rien n'est confirmé). Pouvez-vous m'y aider ?
Je compte sur votre discrétion, je ne veux alarmer personne. Vous savez comme ils sont... une petite toux et vous voilà oubliée à jamais.

Bien à vous,
Sapho.

Dans l'orbe postal émis par Sapho au cours de la semaine précédente, seuls quelques mots, quelques phrases tout au plus, pour dire la détresse. Ou plutôt pour ne pas la dire, mais l'inscrire en sous-ton, entre les lignes noircies d'encre. Sans en mesurer la portée, sans même en avoir conscience. C'était un appel à l'aide à un ami - ou bien une demande adressée à un professionnel ? La relation, floue, embrouillée, n'a de cesse que de s'approcher de cette ligne mouvante qui trace la limite entre le privé et le public, les coulisses et la scène. Auguste a, pourtant, toujours été un homme de l'ombre. Et c'est, d'ailleurs, dans cette obscurité que les frontières se dissolvent, à la seule lueur des chandelier qui éclairent les loges.

La missive est envoyée, le rendez-vous est pris, dans un agenda aux pages encore vierges. Le temps s'allonge, et la cantatrice ne chante plus, ou si peu. Les représentations s'amenuisent, et les nouvelles productions se font moins nombreuses. La perspective d'un rendez-vous avec son répétiteur l'inquiète autant qu'elle la réjouit. Elle sait ce qu'il va entendre, et une part d'elle sait aussi que ce ne sera pas bon, que malgré les pilules qu'elle ingurgite et les plantes qu'elle inhale, sa grandeur passée n'est plus. Triste sort, n'est-ce pas, quand on n'a que trente-deux ans ?
Sapho ne s'apitoie pas, pire : elle ne veut pas voir, pas savoir. Et alors qu'elle tient à la main le billet de son Auguste répétiteur, la voilà qui regrette de lui en avoir parlé. Désormais, il lui faudra faire face, et c'est la mort dans l'âme qu'elle s'installe dans la diligence qui l'emmène jusqu'à l'hôtel particulier où résident les Dubreuil.

Elle pourrait parcourir le chemin jusqu'au salon de musique les yeux fermés, mais la jeune Léontine, nouvelle gouvernante de la famille, insiste - elle parvient en cela à arracher un regard amusé à la cantatrice, qui s'efforce soudain de retrouver son aplomb. Voilà Auguste, à côté de la fenêtre ; il aura vu la silhouette de Sapho passer les portes de la vaste demeure. Elle lui adresse un sourire sincère, de ceux que l'on réserve aux vieux amis. Les saisons ont passé depuis leur dernière entrevue, et pourtant le voilà face à elle, comme avant.

Un regard vers la grande horloge qui orne la pièce, battant la mesure de ses grandes aiguilles. « Me voici. On ne perd pas les bonnes habitudes, n'est-ce pas ? » lance Sapho, alors qu'elle vient s'installer tout près du piano entre eux deux, ultime rappel de ce qui les lie - de ce qui les éloigne, aussi. Artiste, ami, maître, c'est tout cela à la fois que revêt Auguste derrière un chaleureux sourire dont il ne sait se départir.

Mention est faite enfin d'Eurydice, coup de couperet mettant fin à l'instant complice des retrouvailles. Bien sûr, il ne sait pas ; elle s'est bien gardée de le lui dire, et espérait peut-être qu'il ait oublié. L'annonce date de quelques jours : la production avait préféré à Sapho une jeune chanteuse, et elle ravale son orgueil avant de répliquer : « Vous n'avez pas entendu ? Ils ont préféré une jeune première, dont je n'avais jamais encore entendu parler. J'ai oublié son nom... » Mensonge éhonté : il s'agit d'Alise Rivière, dont le patronyme apparaît de plus en plus souvent sur les façades des opéras nationaux. Elle balaie cette nouvelle d'un geste de la main. « Qu'importe, je suis certaine qu'un autre rôle se présentera bientôt. » Là, elle fait omission du fait qu'un autre rôle lui a été proposé, bien moins important, et que pire encore, elle l'a refusé - blessure d'ego ne saurait mentir.

« Mais assez parlé de moi. Comment allez-vous, Auguste ? Je suis heureuse de vous retrouver. » lâche-t-elle, comme pour changer de sujet. Elle aimerait le prendre dans ses bras, lui dire comme il lui a manqué, et soudain le piano entre eux l'encombre.
Pourtant, elle ne bouge pas, se contentant de venir planter ses iris sombres dans ceux du répétiteur.

Auguste Dubreuil

Auguste Dubreuil
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Besace : Un carnet relié de maroquin rouge, avec les initiales a. e. d. estampées, un diapason, les derniers livrets des opéras à la mode, des partitions annotées et froissées, des absolus et des rêveries discontinus.

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Re: epistolae en do majeur _ sapho&auguste    Ven 6 Nov - 11:54

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@sapho norouzian & auguste dubreuil


Chère Sapho,
Vous savez fort bien que mon temps se pliera à vos exigences. J’ai appris pour Eurydice, et sachant que nous ne vous promettrions jamais un avenir aussi tragique que le sien, nous répèterons donc, et travaillerons sur votre respiration.
Retrouvez-moi à l’heure habituelle, mardi prochain. D’ici là, mes lèvres demeurent closes.
Avec mes amitiés,
Auguste


Le temps repart à l'envers, sa course se saccade au rythme du souffle empreint d'une émotion sincère et donc troublante. A chaque fois qu'elle paraît, ce sont les échos du passé qui bruissent dans l'air, l'hôtel particulier qui redevient le théâtre de leurs jeux d'enfants, le tombeau inviolé de leurs confidences. Il se souvient des mots et des notes, de la perfection du verbe et du timbre. Ils ont toujours été effroyablement accordés et quand c'est le coeur qui se serre chez l'un c'est le souffle qui manque chez l'autre. Une respiration accidentée par les acoups du destin. Sourire en miroir du sien, le silence est presque un hommage à cette amitié dont Auguste n'aura jamais su se débarrasser. Il n'aura jamais pu, même lorsqu'il lui a fallu devenir son maître. Un guide dans sa carrière rêvée, et ainsi revêtir la solitude éternelle de ceux qui doivent devenir impartiaux, quand tout incline à avoir une relation particulière. Sapho n'aura jamais été l'une de ses élèves pourtant. Elle a été l'unique, celle pour qui il souhaite battre les invincibles courroux des cieux pour la garder baignée de lumière. La seule lumière qui puisse ceindre son front altier et l'adouber. Car pour lui, personne ne le mérite plus qu'elle.

Le temps a passé toutefois. Il a dû se passionner pour d'autres, tenter d'élever même celles qui deviennent aujourd'hui ses concurrentes. Le métier veut cela, combat infâme d'une jeunesse qui ne peut que triompher. Qu'importe l'âge, lui demeure ballotté par les ambitions de ceux et celles qui l'accompagnent dans cette embarcation qu'il mène d'une main éprouvée. Bien piêtre serait leur répétiteur s'il ne jouait pas le jeu de l'inébranlable capitaine, malgré toutes les tempêtes. Mais quand c'est Sapho qui survient, alors il lui semble soudain être un usurpateur. Le masque tremble sur ses traits, il est très délicat de le maintenir face à elle. La barrière du piano trace des distances salutaires qui pourtant l'encombre. S'il pianote sur la surface vernie de l'instrument c'est pour se donner une contenance :
Je crois que l'un et l'autre nous serions bien incapables de les perdre même si nous nous efforcions de le faire.

Et c'est finalement là bien leur drame. Auguste n'a pas loisir d'atermoyer bien longtemps sur le fil des retrouvailles, car la phrase qui suit la nargue autant qu'elle parvient à la navrer et bien avant qu'elle n'avoue l'échec, il le pressent. Il cesse de pianoter au moment où il rate la mesure qu'il battait sans même s'en apercevoir. Le rythme échoue et les sentiments viennent affleurer sous les lignes de son visage. Il sait qu'elle ment sur l'infâme petite remplaçante qu'ils ont su lui substituer. Il a peur soudain qu'il s'agisse de la petite Malapert qu'il couve depuis un an mais si elle avait candidaté à un rôle aussi prestigieux, elle le lui aurait dit. Encore plus si elle était parvenue à le décrocher. Puis il lui faut encore la dégrossir pour qu'elle convainque tout à fait, ça ne peut pas être elle. Alors la jeune Rivière sans doute aucun, la seule qu'il puisse entrevoir dans toutes ces débutantes qui ont fini par s'imposer dans Paris. Celle qui lui a préféré un autre précepteur. Cela le contrarie et leurs deux orgueils s'emmêlent sous la chappe du silence qu'il peine à briser. Il adopte un peu tard ce ton de légèreté qui cherche à balancer au loin les tracas dont elle doit être percluse, il la connait suffisamment pour cela.
Dommage… Pour le spectacle j'entends. Je crains que quelqu'un sans expérience ne sache saisir l'essence d'un tel rôle. Edgard devient de plus en plus mal avisé avec l'âge.
Le directeur de l'opéra bien au contraire a cette ambition sans borne depuis des années, choisissant de monter des représentations prestigieuses avec une dose certaine de risque pour faire oublier l'erreur politique de son prédécesseur qui sut se faire envahir par les errements révolutionnaires. Bien qu'il ne l'ait pas souhaité, bien entendu.

Il ne dit rien de plus. Laisse trainer son regard profond sur elle pour analyser patiemment la blessure de son égo sans renchérir sur ce dont elle se targue. Ce serait pire encore s'il se précipitait dans cette ornière-là alors il ne fait qu'incliner la tête pour l'assurer en ce sens. Si elle n'y croit plus il sait qu'aujourd'hui particulièrement il lui faudra y croire pour deux. Même si une trop longue seconde, son coeur se voit de nouveau traversé de cet espoir empoisonné qui pourrait la sortir d'une carrière qui chaque jour l'éloigne davantage de lui. Partagé entre leurs ambitions conjuguées et un trouble qu'il traine tel une maladie que jamais il ne lui expose, il se racle la gorge ostensiblement avant de sourire légèrement :
Oh si nous entrons dans ces conversations à bâtons rompus, très chère, je me dois de vous offrir le thé, menons les apparences jusqu'au bout du trait.
L'ironie reparaît, si elle ne veut ou ne peut se confier sur ce qui l'amène jusqu'ici il se fait un devoir de l'abrutir de mots pour que le terrain des confidences se trace de nouveau entre eux deux. L'interphone mécanique grésille, dernier chic de leur modernité dans cette maison trop grande pour lui, qui l'habite presque seul.
Léontine ? Vous pourriez préparer ce thé que madame je ne sais plus trop quoi nous a fait porter l'autre fois pour avoir su sauver sa fille de l'errance crasse où elle se trouvait ? Oui celui au jasmin, fort cher, que vous lorgnez toujours. Celui-là. Bien. Merci.
Les rapports réglés avec la domesticité ne font pas partie des talents d'Auguste, ce qui fait de lui un personnage original dans le paysage plus guindé des milieux qu'il côtoie. Il finit par faire un pas de côté, contournant quelque peu le piano pour dessiner une invitation vers le petit salon aménagé qui permet le repos autant que la concentration au maître et à ses élèves. L'invitant à prendre place d'un geste, il met au moins une quinzaine de secondes à choisir où exactement s'installer pour lui faire face sans trop l'envahir. A côté d'elle, impossible, juste en face, trop formel, alors la position en quinconce lui paraît la plus appropriée.
Comment je me porte, vous disiez ? Eh bien comme vous le voyez. À l'identique. La constance c'est la clef j'imagine. Que vous dire depuis que je ne vous ai vue ? Ah si. Il paraît que je parle désormais jusque sous vos fenêtres. Je me suis dit sur le moment que cela vous rappelerait mes conseils avisés.
Il fait allusion aux derniers enregistrements politiques auxquels il a prêté sa voix et qui sont justement diffusés dans le quartier où elle vit. Il hausse un sourcil avant de faire un geste montrant bien qu'il trouve cela fort amusant, dissimulant sans doute les tracas qu'un tel engagement opère en lui. Il a toujours choisi de s'effacer de la scène, encore plus de la scène tendancieuse du pouvoir.

Il finit par se calmer quelque peu et devient moins volubile lorsqu'il s'agit de ponctuer, sans même qu'il ne s'en rende compte :
J'eus fait un choix plus sûr si je vous en avais parlé alors. Nos échanges sont précieux.
Le manque qu'ils ne parviennent pas à dire se lit pourtant clairement dans l'inflexion de leur timbre. S'il la regarde cette fois-ci c'est pour tout ce qu'il ne lui arrache pas encore. Le tracas de sa maladie, les autres rôles qu'il a imaginé être pour elle, il en a même fait une liste depuis un mois. Le mot qu'il a fait passer à un metteur en scène prometteur. Alors l'entre deux une fois encore. Les nébuleux propos qui permettent de ne rien dire et de toutefois tout avouer.
Ça n'est pas parce que les choses évoluent que nous sommes condamnés à les suivre sans nous débattre, nous pouvons trouver d'autres voies.
Lui. Ou elle. Les deux ensemble sans doute.
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