-45%
Le deal à ne pas rater :
PC Portable LG Gram 17″ Intel Evo Core i7 32 Go /1 To
1099.99 € 1999.99 €
Voir le deal

 

 comme dansent les ombres (alceste)

Aller en bas 
Jeanne Laporte

Jeanne Laporte
https://vifargent.forumactif.com/t126-jeanne-chemical-insomniahttps://vifargent.forumactif.com/t131-jeanne-fight-the-monsters-that-consume-your-entity

Messages : 395
Date d'inscription : 08/05/2020
Alias : anarya (elle).
Facettes : romane demadières.
Portrait : hafsia herzi (anarya).
Activité : domestique déchue, contrebandière à la petite semaine.
En société : meurtrière hors-la-loi : rebut de la société pour les nantis, héroïne pour ceux qui veulent renverser l'ordre établi.
Besace : un mouchoir brodé par sa mère, un peu de monnaie, quelques objets à faire passer.

comme dansent les ombres (alceste) Empty

comme dansent les ombres (alceste)    Dim 10 Mai - 18:38

Jeanne se faufilait dans le lacis de ruelles, prenant garde à ne buter dans aucune jambe, risquant de réveiller quelque ivrogne, et cherchait un endroit où passer cette nouvelle nuit à se cacher. Depuis plusieurs semaines, les filles Laporte vivotaient dans la capitale, trouvant parfois un peu de bonté parmi les habitants des faubourgs et, cette dernière semaine, Jeanne et Thérèse avaient un peu trop profité de la charité de la veuve Fernande. Aussi Jeanne s’était-elle donnée pour mission de trouver un nouvel endroit où sa sœur et elle pourraient passer cette nouvelle nuit de leur existence a priori sans espoir. La culpabilité vrillait le cœur de Jeanne. Une étrange culpabilité non pas dirigée vers l’horreur et la récipiendaire de son acte, mais vers elle-même et ce plan de vie qu’elle ne pouvait désormais plus que rêver sans aucune chance de réalisation. Comment pouvait-elle seulement penser que Thérèse et elle pourraient désormais vivre une vie meilleure ? Maintenant que leur nom était entaché, que l’innocence de sa petite sœur était ternie à jamais ? Jeanne ressentait cette colère qui désormais montait en elle avec une diligence qui la surprenait et qui était la cause de tous ses malheurs ! Une colère qu’elle avait du mal à maîtriser, qui s’emparait de son esprit comme ces drogues hallucinogènes que certains établissements vantaient. Il fallait qu’elle résiste, qu’elle se montre attentive. Il ne restait plus beaucoup de temps avant l’heure du couvre-feu et elle devait rejoindre Thérèse avec leur nouvelle « adresse » chez Mme Fernande.

Jeanne bifurqua dans une nouvelle ruelle où s’élançaient des immeubles tarabiscotés, étroits et aussi gris et tristes que le reste de la ville. Quelques lumières étaient visibles aux étages à travers le smog, mais, pour les étages inférieurs et les rez-de-chaussée, il y avait autant de fenêtres sanglées de planches de bois que d’entrées béantes. Sans doute des échoppes condamnées, ou de vieux ateliers. Le principal était que le tout semblait vide. Jeanne entra dans le premier bâtiment, et fit attention aux endroits où elle posait ses bottines crottées et trouées par endroits, mais dans la nuit qui était déjà tombée, il était difficile de trouver un chemin sans danger. En montant quelques marches, elle parvint à un entresol qui donnait sur une vaste pièce où de vieilles machines encroûtées de poussière sommeillaient sans doute depuis des décennies. La plupart étaient recouvertes de vieux draps qui tombaient en lambeaux. Pas de quoi se constituer une couche confortable avec… Jeanne espéra que Thérèse empaquetait quelques couvertures chez Mme Fernande.

Alors qu’elle soupirait, quittant des yeux les vieilles machines de la grande salle, Jeanne remarqua trop tard l’amoncellement de tissus qui se trouvait juste à ses pieds. Elle se prit les pattes dans l’embrouillamini et bascula avec un « Humpf ! » sonore, les paumes en avant dans une vaine tentative de se raccrocher…à rien du tout ! Elle tomba de tout son poids, se rendant alors compte que ce qu’elle avait pris pour un amas de couvertures moisies par le temps avait une consistance à la fois molle et osseuse. « Pardon, pardon, pardon ! » fit-elle, les poignets endoloris par sa chute, encore trop surprise pour laisser la panique lui dicter une conduite erratique.  
Alceste Huysmans
Administration
Alceste Huysmans
https://vifargent.forumactif.com/t77-alceste-l-house-where-nobody-liveshttps://vifargent.forumactif.com/t80-les-mains-sales-alceste

Messages : 1365
Date d'inscription : 17/04/2020
Alias : appo (il)
Facettes : philémon
Portrait : harry lloyd + corvidae
comme dansent les ombres (alceste) Lv01Eb5R_o
Activité : absurde activité qui semble se battre légalement contre le couvre feu. puisqu'il le faut puisque si un jour quelqu'un va dans l'espace il faudra bien lui servir de phare alceste allume et éteint les réverbères tous les jours à heures fixes.
En société : petit prolétaire fonctionnaire qui fait ce qu'on lui dit tête basse. longtemps surveillé puisque huysmans l'état a bien vite décidé en riant qu'il n'avait pas la trempe ou les idées de ses parents et l'a laissé seul dans ses miasmes.
Organisation(s) : et pourtant alceste une fois l'attention d'état perdue s'est offert à l'ordre du plomb puisqu'il n'avait rien d'autre à apporter que lui.
Besace : clés allen, chiffons, allumettes, journal de son père, plumes cassées et rêves qui n'en sortent jamais

comme dansent les ombres (alceste) Empty

Re: comme dansent les ombres (alceste)    Mar 19 Mai - 1:49

comme dansent les ombres (alceste) Tumblr_px0fp3F1Fr1qhgogbo1_1280

on nous verra heureux ou à terre

oedipe roi, sophocle

quand la pointe du pied s'enfonce dans son côté, entre ses côtes et sa hanche, il est réveillé par l'urgence de fuir. ça ne peut qu'être un coup. ça ne peut être que des mercuriens qui viennent à nouveau l'attraper pour que sais-je, pour en faire un exemple, ou tout simplement pour s'amuser un peu. il se roule en boule pour amenuiser les dégâts des coups qui, c'est sûr, vont suivre, puis sent qu'on s'effondre mollement sur lui. son cerveau ensommeillé divague essaye de décrypter ses sensations n'y parvient pas. il attrape le petit canif qu'il glisse dans ses bottines au dessus de sa malléole et recule en rampant. qu'est-ce que vous me voulez ? et il a bien de la chance de découvrir qu'il ne s'agit pas d'un mercurien aux abois mais d'une jeune femme aux habits en piteux état. peut être qu'il le savait, de façon inconsciente. pointer une arme, même aussi dérisoire que ce canif, en direction d'un agent de l'empire c'est se réserver une place à la roquette. il sait que beaucoup le font intentionnellement, parce qu'au moins en prison on y mange tous les jours. mais tous les humains ne sont pas égaux vis à vis de la justice et avec ses noms de famille et sa gueule connue de tous, si alceste se laisse embarquer il est bon pour de la torture gratuite. c'est avec un soulagement certain qu'il baisse sa lame et prend le temps d'observer ce petit bout de femme qui lui est à moitié tombé dessus. pas besoin d'être devin pour comprendre qu'elle cherchait, elle aussi, une planque pour dormir. il sait aussi que même si les moeurs ne sont plus ce qu'elles étaient du temps de ses grands parents, ça n'en reste pas moins encore plus dangereux d'être une femme dans les rues de paris la nuit.

il passe sa main droite dans ses cheveux, sur son nez, ses yeux, tente de chasser le sommeil de son visage. c'est à moi de dire pardon. je vous ai prise pour y'a-t-il vraiment besoin de préciser pour qui il l'a prise. il se redresse, boutonne sa chemise dépenaillée sous sa veste d'uniforme. est-ce que ça va ? il la regarde se masser les poignets et comprend qu'elle s'est rattrapée de ses mains pour lui éviter de recevoir tout son poids. son corps endolori d'avoir encore dormi à même le sol, dans cette nuit encore fraîche, la remercie. il la regarde et se demande comment il peut montrer patte blanche, lui faire comprendre qu'elle est complètement en sécurité avec lui - qu'en tout cas, il ne lui fera pas de mal. ça lui est très rarement arrivé de tomber sur des femmes à la rue. non pas qu'elles n'existent pas autant que les hommes mais alceste, errant et inconstant, dormant rarement au mêmes endroits, ne participe pas aux phénomènes de dortoirs organisés où les désargentés se réunissent pour se tenir chaud, mettre en commun leurs ressources pour améliorer leurs survies. n'est jamais assez longtemps à un même endroit pour vraiment rencontrer les gens en tête à tête, face à face, avoir des discussions avec eux. sauvage, méfiant : c'est à cause de ce qui s'illumine dans les yeux des gens des faubourgs quand ils comprennent qui il est. l'espoir ou le mépris - tu vas nous sauver ou pourquoi ne nous sauves-tu pas. il n'appartient nulle part alceste, à aucune communauté. c'est peut être pour ça qu'il reste au plomb. malgré tous les dysfonctionnements du groupe il s'en sent membre et tous sont trop dans l'action pour prendre le temps de juger.

ils sont tous deux à terre et il détaille le visage de la jeune femme. petit, brun, cheveux abimés et en bataille mais pas négligés. il y a une certaine coquetterie dans sa livrée déchue, ou plutôt un sens de la convenance dans l'apparence. cette femme là a eu un métier où le paraître était primordial - ou elle vient d'une classe sociale dont elle a chuté. son nez et sa bouche lui évoquent les petits rongeurs de ses livres d'enfant, ceux dessinés avec douceur, ceux qui donnent envie de s'attendrir. alceste. il dit, et il range son canif dans sa chaussure. il sait que ça se fait peu, dans la rue, de donner son vrai prénom. mais pour quelqu'un qui a des noms de famille qui pèsent aussi lourd, donner son prénom n'est rien. une formalité qui rend les discussions plus pratique. un prénom classique que tant d'autres portent à cause de molière. et alceste huysmans-faure-drevon, qui n'est pas misanthrope mais timide, tend malgré tout une main vers son interlocutrice.
Jeanne Laporte

Jeanne Laporte
https://vifargent.forumactif.com/t126-jeanne-chemical-insomniahttps://vifargent.forumactif.com/t131-jeanne-fight-the-monsters-that-consume-your-entity

Messages : 395
Date d'inscription : 08/05/2020
Alias : anarya (elle).
Facettes : romane demadières.
Portrait : hafsia herzi (anarya).
Activité : domestique déchue, contrebandière à la petite semaine.
En société : meurtrière hors-la-loi : rebut de la société pour les nantis, héroïne pour ceux qui veulent renverser l'ordre établi.
Besace : un mouchoir brodé par sa mère, un peu de monnaie, quelques objets à faire passer.

comme dansent les ombres (alceste) Empty

Re: comme dansent les ombres (alceste)    Sam 23 Mai - 10:54

Jeanne tenta vainement de maîtriser les battements de son cœur. Ceux qui résultaient de sa chute et ceux qui accompagnaient la vision de cette lame que le jeune homme tendait entre eux. Le risque du vagabondage, de dormir à la rue ou dans des endroits que l’on pensait vides, c’était de tomber sur quelqu’un de malintentionné ou, pire, sur une bande. Jeanne et Thérèse avaient consciencieusement évité tous les repaires de mendiants et, très vite, elles avaient compris quels étaient les lieux de Paris à éviter pour ne pas se retrouver en plus fâcheuses postures qu’elles ne l’étaient déjà. Elle n’entendit même pas la question qu’il lui posât, ses yeux rivés sur la lame, aussi dérisoire fut-elle, faisant craquer les rouages de son cerveau qui réfléchissait à toute allure. Devait-elle se relever malgré ses poignets douloureux et se mettre à courir, au risque de se faire encore plus mal ? Heureusement, le coupe-chou disparut et Jeanne laissa échapper un soupir de soulagement, tandis que son corps se relâchait doucement. Il ne la menaçait peut-être plus, mais il était potentiellement toujours un danger et ce, malgré la tenue dépenaillée de celui qui venait d’être sauvagement réveillé. Pourtant, l’entendre demander « pardon » la fit se détendre encore un peu plus. Elle acquiesça. Oui, elle savait très bien ce qu’il avait pensé, elle aurait évidemment cru la même chose si elle avait été dans sa position. Avec une crainte bien plus élevée sur le châtiment qui l’aurait attendue une fois son identité découverte. Le jeune homme n’aurait sans doute eu que le vagabondage ou l’intrusion pour seul chef d’accusation. « Oui, ça va, merci… » répondit-elle, toujours un peu sur la défensive, tout en se massant les poignets, à la fois pour la douleur, mais aussi pour masquer sa difficulté à prendre une décision. Elle pouvait se relever et s’enfuir aussitôt sans demander son reste, mais la fatigue s’était abattue en même temps que sa chute sur le sol glacé. Elle ne voulait pas craquer mais cette recherche constante de sécurité pour sa sœur et elle, son esprit devant toujours être alerte, ne dormir jamais que d’un œil, tout cela commençait à lui peser, elle qui n’avait jamais connu que le confort, tout relatif soit-il. En réalité, non, cela n’allait pas. Mais Jeanne ne pouvait s’en ouvrir à un inconnu dans le noir d’un bâtiment aussi silencieux qu’abandonné. Alors elle se mordit l’intérieur de la joue pour ne plus penser à tout cela.

« Jea…de. » se rattrapa-t-elle de justesse en serrant la main tendue. Jade. Le prénom d’une héroïne de feuilleton, princesse des Indes ou de quelques contrées magiques issues de l’imaginaire des romanciers qui offraient un peu d’évasion au petit peuple dans les journaux. Mais surtout un prénom qui n’évoquerait pas les gros titres de ces mêmes journaux voilà plusieurs semaines, ni même les avis de recherche encore placardés un peu partout dans Paris, quand ils n’étaient pas délavés par la pluie ou arrachés par des contestataires qui voyaient en Jeanne un symbole dont elle était loin d’avoir conscience. « Je suis encore une fois désolée, je cherchais un endroit où dormir et je… » Elle s’arrêta quelques secondes en avisant enfin le jeune homme, sans doute pas plus vieux qu’elle, remarquant sa veste d’uniforme. Dans l’obscurité, elle ne parvenait pas à distinguer à quoi cet uniforme correspondait, mais l’inquiétude la regagna. « Tu travailles pour la ville ? » Elle l’avait tutoyé sans faire attention, résidu de sa décennie passée à s’adresser ainsi à tous ceux qui, comme elle, étaient au service de plus riches, plus puissants. « Comment se fait-il que tu dormes dans un tel endroit ? », demanda-t-elle avec méfiance. Cette veste d’uniforme lui appartenait-elle vraiment ou l’avait-il prise – à la pointe de son surin – à un honnête fonctionnaire ? Jeanne devait-elle finalement craindre cet Alceste ?
Alceste Huysmans
Administration
Alceste Huysmans
https://vifargent.forumactif.com/t77-alceste-l-house-where-nobody-liveshttps://vifargent.forumactif.com/t80-les-mains-sales-alceste

Messages : 1365
Date d'inscription : 17/04/2020
Alias : appo (il)
Facettes : philémon
Portrait : harry lloyd + corvidae
comme dansent les ombres (alceste) Lv01Eb5R_o
Activité : absurde activité qui semble se battre légalement contre le couvre feu. puisqu'il le faut puisque si un jour quelqu'un va dans l'espace il faudra bien lui servir de phare alceste allume et éteint les réverbères tous les jours à heures fixes.
En société : petit prolétaire fonctionnaire qui fait ce qu'on lui dit tête basse. longtemps surveillé puisque huysmans l'état a bien vite décidé en riant qu'il n'avait pas la trempe ou les idées de ses parents et l'a laissé seul dans ses miasmes.
Organisation(s) : et pourtant alceste une fois l'attention d'état perdue s'est offert à l'ordre du plomb puisqu'il n'avait rien d'autre à apporter que lui.
Besace : clés allen, chiffons, allumettes, journal de son père, plumes cassées et rêves qui n'en sortent jamais

comme dansent les ombres (alceste) Empty

Re: comme dansent les ombres (alceste)    Mer 3 Juin - 15:15

comme dansent les ombres (alceste) Tumblr_px0fp3F1Fr1qhgogbo1_1280

on nous verra heureux ou à terre

oedipe roi, sophocle

c'est toujours le même jeu. être réveillé par quelqu'un qui passe, par un frôlement ou un mot plus haut qu'un autre, jauger du danger que l'intrus représente, et agir en conséquence. le grand jeu des mensonges de la dissimulation - le jeu de la survie. celui ci épuise, celui ci détermine une vie vouée à ne connaitre aucun repos véritable. parfois sans sa permission l'esprit d'alceste murmure quand est-ce que ça s'arrête quand est-ce que je peux descendre de ce train de folie qui me condamne à l'inconstance. ces pensées l'orientent vers deux issues : le plomb ou la mort. et si son esprit traitre à son sang l'attire généralement plus vers la seconde possibilité il se fait constamment violence pour y trouver un regain supplémentaire pour la lutte. qu'il doit être doux d'avoir des certitudes, des nécessités de vie qui s'élèvent au dessus de la simple conservation basique ! pas une espèce de vie trainante qui subit plus qu'elle ne décide. il regarde la jeune femme se frotter les poignets et se dit qu'elle ne connaitra pas plus le repos que lui avant de donner à la terre ce que la terre ne pourra même plus utiliser comme fertilisant. cycle de vie bloqué, détraqué, cycle de vie qui n'offre plus aucune logique rassurante à l'humain. il ne serre pas plus sa petite main gelée que nécessaire et opine machinalement. enchanté, jade. ces fragments qui lui restent de politesse à l'époque où la politesse était une option s'échappent de lui et l'émerveillent. malgré le corps rompu à la dureté du monde des faubourgs son esprit persiste à s'encombrer de choses inutiles. il ne le déplore pas mais reste gêné des réactions de moquerie qu'il se voit souvent répondre.

il commence à réunir le peu d'affaires qu'il possède se passant par intermittence la main sur le visage comme pour en enlever le sommeil - geste absurde, de sommeil il n'a pas véritablement eu, c'est plutôt la fatigue que ses doigts cherchent à éliminer vainement. il sait que malgré l'évolution certaine des moeurs être une femme à la rue reste plus compliqué et que cette planque est exposée mais néanmoins sûre. il sait aussi qu'il ne retrouvera pas le quart de sommeil qu'il y cherchait, et que tant qu'à faire, autant reprendre une marche noctambule qui satisfera davantage son corps assoiffé. aucun problème, je comprends. je te laisse la place. il est loin de chercher à faire grand seigneur galant, ça n'a juste pas de sens pour lui de rester là à présent. ses gestes s'arrêtent progressivement quand elle regarde ses vêtements et l'interroge. il sait, sent, ce qu'elle pense. il y a comme une hiérarchie de la pauvreté, et les allumeurs de réverbères comme les éboueurs sont souvent assimilés aux agents de la mairie : puisqu'ils font un travail de ville, ils doivent bien être pris en charge ou payés correctement. et puisque contrairement aux agents de ville les éboueurs et les allumeurs de réverbère on les voit rarement, une sorte d'aura de mystère les entoure. on s'imagine mille choses d'eux. il a mis longtemps à comprendre que son uniforme pouvait le rendre victime d'une forme de discrimination dans les faubourgs, et pourquoi.

il est incroyable de s'apercevoir que même aux endroits où l'on devrait être solidaires bien souvent on cherche quand même à taper sur autrui. bien souvent on a besoin d'envier l'autre, de médire sur lui. la jalousie empoisonne les faubourgs ne laisse pas de place à l'entraide, la solidarité, ne laisse pas de place au dialogue. jusqu'à l'ordre du plomb. alceste maudit ce système qui pousse les plus démunis à se haïr et ne voit pas comment diable on pourrait s'en dépêtrer si l'on reste occupé à se juger.  je suis allumeur de réverbères. ils ne nous mettent pas de dortoir à disposition. il répond mi patient mi irrité en finissant de réunir ses affaires. il se relève doucement pour éviter d'affoler sa tension qui se détraque si vite à mesure qu'il maltraite son corps. et toi ? la maison à laquelle tu appartiens ne te loge pas ? c'est malgré lui et malheureusement une pique. il n'est pas immunisé à l'aigreur du prolétariat. il a fini par déduire de sa livrée qu'elle était domestique et il sait que pour des raisons pratique, pour un service 24h/24, les maîtres laissent rarement leur personnel dormir ailleurs - surtout pas dans la rue. pour être ici, cette jeune femme est forcément en mauvaise position. virée, enfuie d'un maitre tyrannique, peu importe - il sait qu'il est allé frapper là où c'est délicat et vulnérable. il s'en veut immédiatement et sert contre lui son manteau à défaut de savoir s'excuser.
Jeanne Laporte

Jeanne Laporte
https://vifargent.forumactif.com/t126-jeanne-chemical-insomniahttps://vifargent.forumactif.com/t131-jeanne-fight-the-monsters-that-consume-your-entity

Messages : 395
Date d'inscription : 08/05/2020
Alias : anarya (elle).
Facettes : romane demadières.
Portrait : hafsia herzi (anarya).
Activité : domestique déchue, contrebandière à la petite semaine.
En société : meurtrière hors-la-loi : rebut de la société pour les nantis, héroïne pour ceux qui veulent renverser l'ordre établi.
Besace : un mouchoir brodé par sa mère, un peu de monnaie, quelques objets à faire passer.

comme dansent les ombres (alceste) Empty

Re: comme dansent les ombres (alceste)    Sam 6 Juin - 22:25

Cet Alceste était définitivement un drôle de bonhomme et son empressement à lui céder sa place n’arrangeait rien à la suspicion que Jeanne avait à son encontre. Les bons endroits étaient durs à trouver et se défendaient parfois âprement, surtout quand il ne restait plus beaucoup de temps avant le couvre-feu. Lui proposer ainsi de céder sa place sans aucune forme de contestation était tout bonnement étonnant ! Surtout que c’était lui qui possédait ce qui ressemblait le plus à une arme et c’était souvent par peur de ce genre de situations que les sœurs Laporte avaient parfois quitté précipitamment un refuge. S’il s’agissait d’un excès de galanterie, c’était certainement la première fois que Jeanne rencontrait une telle disposition. Mais à force de vivre dans la peur de se faire prendre et de subir les conséquences de ses actes meurtriers, à force de sentir cette brûlure étrange qui courait dans ses veines, attisant des qualités ou des défauts qu’elle n’avait jamais pensé posséder, Jeanne sentait parfois qu’elle tirait des conclusions hâtives, qu’elle ne pensait plus vraiment, que quelque chose tirait en elle des fils dont elle ne comprenait ni l’origine ni l’aboutissement. Comme si elle n’était plus maîtresse de ses pensées et de ses actes. Souvent, d’ailleurs, elle se remémorait cette fameuse nuit d’horreur comme si ce n’était pas elle l’héroïne du cauchemar, comme si elle avait assisté à un spectacle dont elle était la passive spectatrice. Etait-elle victime de paranoïa ? Ne pouvait-elle plus voir un acte de bonté pour ce qu’il était ? Jeanne ne put manifester son trouble et sa confusion qu’Alceste répondait déjà à son interrogatoire maladroit.

Allumeur de réverbères. S’il y avait un métier encore plus invisible que celui de domestique, c’était bien de celui de falotier. Seules les filles de cuisine avaient peut-être l’occasion de les croiser lorsque les livreurs apportaient les précieuses bouteilles de lait frais. Jeanne ne put s’empêcher de rougir en comprenant qu’il gagnait moins bien sa vie qu’elle ou que, en tous cas, il n’avait pas de toit fixe sur la tête comme elle en avait eu un. Après tout, elle n’avait jamais connu que la domesticité. Ce qu’il avait semble-t-il bien compris, et Jeanne rougit un peu plus. Car sa stupidité n’avait d’égale que sa pauvreté nouvelle. Les sœurs Laporte étaient parties précipitamment et ne possédaient presque rien de personnel à part leurs livrées de la maison des Metzger. Elles étaient certes à l’état déplorable de leur clochardise mais elles étaient en effet reconnaissables ! Et c’était une bien grossière erreur pour des criminelles en fuite. Jeanne se mordit les lèvres, désormais consciente qu’elle avait vexé le jeune homme. « Excuse-moi, je ne pensais pas à mal… Tu as raison, je me suis laissé berner comme toi par l’uniforme, la maison qui m’employait ne…enfin, je n’y suis plus, non. » Jeanne en profita pour se redresser alors qu’Alceste semblait prêt à quitter les lieux sans demander son reste. « Et ne remballe pas tes affaires, tu étais là le premier, il n’y a pas de raison que tu t’en ailles. » Elle haussa les épaules tout en essayant de prêter plus d’attention aux expressions d’Alceste, et embrassa la pièce d’un regard rapide. « Et puis…c’est plutôt grand ici, peut-être que l’on peut partager ? » Son accès de paranoïa semblait refluer et Jeanne retrouva son caractère plutôt confiant par nature. « Si tu es d’accord, bien sûr ! Et, dans ce cas, il faudrait que je sois honnête avec toi… », fit-elle en se mordillant les lèvres à nouveau. « …je m’appelle Jeanne. Désolée de t’avoir menti. »
Alceste Huysmans
Administration
Alceste Huysmans
https://vifargent.forumactif.com/t77-alceste-l-house-where-nobody-liveshttps://vifargent.forumactif.com/t80-les-mains-sales-alceste

Messages : 1365
Date d'inscription : 17/04/2020
Alias : appo (il)
Facettes : philémon
Portrait : harry lloyd + corvidae
comme dansent les ombres (alceste) Lv01Eb5R_o
Activité : absurde activité qui semble se battre légalement contre le couvre feu. puisqu'il le faut puisque si un jour quelqu'un va dans l'espace il faudra bien lui servir de phare alceste allume et éteint les réverbères tous les jours à heures fixes.
En société : petit prolétaire fonctionnaire qui fait ce qu'on lui dit tête basse. longtemps surveillé puisque huysmans l'état a bien vite décidé en riant qu'il n'avait pas la trempe ou les idées de ses parents et l'a laissé seul dans ses miasmes.
Organisation(s) : et pourtant alceste une fois l'attention d'état perdue s'est offert à l'ordre du plomb puisqu'il n'avait rien d'autre à apporter que lui.
Besace : clés allen, chiffons, allumettes, journal de son père, plumes cassées et rêves qui n'en sortent jamais

comme dansent les ombres (alceste) Empty

Re: comme dansent les ombres (alceste)    Mer 17 Juin - 18:55

comme dansent les ombres (alceste) Tumblr_px0fp3F1Fr1qhgogbo1_1280

on nous verra heureux ou à terre

oedipe roi, sophocle

il comprend très vite qu'il y a un problème. méfiance, légère paranoïa, rouge aux joues qui ressemble plus à de la colère qu'à de la confusion. cette fille-là a été remerciée dans la tourmente, soit qu'elle ai commis une faute, soit qu'on ai commis une faute avec elle qu'il vaut mieux taire et cacher. il comprend aussi que le voir lui céder la place aussi facilement attise sa fermeture vaillante, durcit sa mâchoire. il est le premier à avoir cru qu'elle était agente du mercure et pourrait difficilement lui en vouloir de lui retourner la pareille. il croit cependant savoir que ça va au delà - pendant qu'il rangeait son barda elle a eu tout le temps d'examiner sa nuque, de la constater vierge, de comprendre que de toute façon un sbire de l'empire n'exposerait jamais son cou nu en mission. il en déduit deux hypothèses : soit c'est une méfiance de gens de galère trop habitués à se faire avoir par d'autres gens de galère, soit c'est qu'elle est en cavale et que son visage, sa personne elle même pourrait réveiller des désirs de récompenses. et ça lui donne presque envie de rire, à alceste huysmans-faure-drevon, dont le nom et le visage associé d'un claquement de doigt au plomb pourrait faire couler l'argent à flots. pour montrer patte blanche, il lui suffirait de lui donner ses noms de famille. si cette deuxième hypothèse prévaut, ils suffiraient pour remplir le fossé qui les sépare, pour remplir la jauge de tranquillité de la jeune femme.

mais alceste, il ne se dévoile pas comme ça, et il ne comprend pas quel intérêt il aurait à le faire. puisque sa vie a toujours tenu à un fil il a depuis longtemps cessé d'avoir cette fébrilité permanente d'animal qui fuit. le problème serait résolu en insistant poliment jusqu'à ne pas laisser le choix en débarrassant le plancher sans demander son reste. la voilà qui s'excuse et se calme, et dans ses mots il comprend qu'il n'a de toute façon plus vraiment besoin de se justifier. quelque chose en lui s'apaise alors également. il est si aisé de ne pas s'écouter pendant des heures avec les autres, c'est souvent ce qui se passe d'ailleurs, et à ne pas s'écouter on s'écharpe en dialogues de sourds qui blessent tout le monde et secouent le sang pour des heures. on a souvent l'impression de haïr à l'infini l'altérité quand en réalité ça n'a juste pas pris le temps de s'écouter. les quiproquos absurdes avec les inconnus pavent la vie, l'aigrissent, épaississent le smog de paris. si elle a pris le temps de l'écouter sans se braquer, c'est qu'elle vaut la peine d'être connue. tu connais jean labat, le gardien du Père Lachaise ? il peut t'avoir des vêtements pour pas cher si tu lui raconte ton histoire. bien vite alceste avait usé la seule autre tenue qu'il possédait en devenant allumeur de réverbères. ça ne l'avait pas gêné pendant un temps, à l'aise dans son uniforme, passe droit pour l'anonymat dans tout paris. et puis, que ce soit pour les réunions du plomb ou pour les envies de se sentir exister occasionnelles, il s'était aperçu qu'il était dur de subsister simplement avec ses vêtements de travail. de plus, la ville de paris n'avait pas un stock illimité à dépenser pour un seul employé pas assez soigneux. on lui avait parlé du gardien du cimetière comme il en parle à la jeune femme à présent. voilà ce qui lui plaît, lui redonne espoir dans les faubourgs : l'entraide dont elle regorge occasionnellement.

et puis : il perd de sa superbe. alceste le prude, alceste l'innocent trop grandi rougi encore d'entendre une femme lui proposer de partager un dortoir avec elle, même s'il s'agit de dormir à dix mètres l'un de l'autre. il se déteste de ne s'être pas départi de cette gaucherie de l'enfance, comme s'il était encore petit garçon qui découvre une fille pour la première fois et la laisse l'observer avec un peu de dégoût de l'inconnu. il n'a pas les armes, plus les armes, pas les mots. et le voilà qui bredouille : sa vie est un grand huit émotionnel et la machine n'a même pas encore été inventée pour lui permettre d'en tirer une métaphore rassurante. toujours sur ses gardes, toujours en éveil au moindre mouvement d'humeur de son coeur. ça change en permanence. il n'est pas fréquentable, cet allumeur de réverbère trop sensible. non vraiment tu sais c'est trop tard pour dormir maintenant je vais repartir faire ma ronde bientôt. en un coup de théâtre imperceptible il réussit à sortir une phrase construite du début jusqu'à la fin, et ce sans pause. il s'en féliciterait presque mais voilà que le grand huit le saborde à nouveau quand elle lui confie son vrai nom.
ça, des gens malhonnêtes dans la rue et la misère, il y en a beaucoup. mais des gens qui mentent sur leurs noms ? quel intérêt un pauvre ère aurait à se croire sur les planches ? et la boucle est bouclée : cette jeune femme se cache de quelque chose, fuit - cette jeune femme est recherchée. la question lui brûle les lèvres mais il en perçoit l'indélicatesse. jeanne. il temporise. puis il choisit son camp. est-ce qu'il y a quelque chose que je puisse faire pour toi, jeanne ? s'il y a encore quelque chose qui le rapproche de ses parents, c'est l'intégrité. même si ça devait faire couler des millions dans ses poches, il ne dénoncerait pas quelqu'un. il a trop subi la Couère pour frayer avec le mercure ou la maréchaussée de quelque façon que ce soit. alors il prend immédiatement le parti inverse. il ne s'aperçoit pas, l'innocent dépourvu de confiance en lui, que tendre la main à des compatriotes de galère c'est déjà être un membre très actif du plomb.
Jeanne Laporte

Jeanne Laporte
https://vifargent.forumactif.com/t126-jeanne-chemical-insomniahttps://vifargent.forumactif.com/t131-jeanne-fight-the-monsters-that-consume-your-entity

Messages : 395
Date d'inscription : 08/05/2020
Alias : anarya (elle).
Facettes : romane demadières.
Portrait : hafsia herzi (anarya).
Activité : domestique déchue, contrebandière à la petite semaine.
En société : meurtrière hors-la-loi : rebut de la société pour les nantis, héroïne pour ceux qui veulent renverser l'ordre établi.
Besace : un mouchoir brodé par sa mère, un peu de monnaie, quelques objets à faire passer.

comme dansent les ombres (alceste) Empty

Re: comme dansent les ombres (alceste)    Ven 26 Juin - 18:59

Des vêtements au Père Lachaise ? Alceste se vêtait-il avec des fripes récupérées sur les morts ? Jeanne retint une grimace de dégoût au profit d’un signe de tête de remerciement pour l’astuce. Jamais elle n’aurait pensé à essayer de trouver des vêtements de rechange dans un cimetière mais, après tout, elle n’avait pas de quoi chipoter sur la provenance de ses frusques. Et même sur les marchés aux puces, Jeanne et Thérèse avaient difficilement trouvé des choses à la portée de leurs maigres bourses. Alors tout conseil était ainsi bon à prendre, même s’il impliquait de porter les vêtements des trépassés…

Les bredouillements qui suivirent laissèrent Jeanne perplexe, réalisant un peu tardivement que sa proposition pouvait être jugée indécente. Décidément, rien ne semblait tourner rond dans sa caboche ces derniers temps ! Elle comprenait le trouble d’Alceste : si la proposition était venue de lui, elle aurait sans doute pris peur, imaginant quelque dessein malvenu de sa part. Mais voilà plusieurs semaines que Jeanne ne s’embarrassait plus des convenances. Car voilà bien des semaines qu’elle ne pouvait plus tellement se le permettre. Et si jusqu’à présent, Thérèse et elles avaient évité les mauvais rencontres, elles avaient parfois partagé un dortoir collectif, mélangeant hommes, femmes et enfants démunis sans distinction. On ne dormait alors que d’un œil car on ne savait jamais qui se trouvait à seulement quelques mètres de soi mais, parfois, non, on n’avait pas le choix de la compagnie. La scène aurait ainsi sans doute pu être comique si la situation n’était pas si étrange. Aussi Jeanne se contenta-t-elle d’un hochement de tête compréhensif. Après tout, le couvre-feu allait bientôt être déclaré, il était tout à fait possible que cela entre dans les fonctions de l’allumeur de réverbères…

Et puis, encore une fois, Alceste la surprit. Quel drôle de bonhomme, décidément ! Sa question la désarçonna tant la sincérité transparaissait dans ses paroles. Qu’est-ce qu’un petit allumeur de réverbère pouvait-il faire pour elle alors que lui-même dormait à même le sol dans des endroits oubliés ? Pourrait-il faire disparaître le crime qu’elle a commis ? Car c’était bien la chose dont elle avait le plus besoin : sortir sa sœur et elle du pétrin dans lequel elle les avait fourrées ! « A moins que tu puisses faire disparaître le passé comme la lumière dans tes réverbères le jour venu, je ne pense pas… », fit-elle avec un rire jaune. « Tu nous aides déjà beaucoup, ma sœur et moi, en nous laissant la place pour cette nuit », reprend-t-elle avec sérieux. « Il faut d’ailleurs que je me dépêche d’aller chercher Thérèse avant que la nuit tombe tout à fait. » Jeanne jeta un coup d’œil vers les minuscules lucarnes de l’ancien bâtiment. Il fallait effectivement qu’elle se presse. « Dans quelle direction pars-tu ? On peut peut-être faire le chemin ensemble ? », proposa-t-elle, espérant ne pas se montrer une nouvelle fois gênante pour la jeune homme. « Et comme ça je verrais comment on fait pour allumer les réverbères de Paris ! », ajouta-t-elle avec un mince sourire.    
Alceste Huysmans
Administration
Alceste Huysmans
https://vifargent.forumactif.com/t77-alceste-l-house-where-nobody-liveshttps://vifargent.forumactif.com/t80-les-mains-sales-alceste

Messages : 1365
Date d'inscription : 17/04/2020
Alias : appo (il)
Facettes : philémon
Portrait : harry lloyd + corvidae
comme dansent les ombres (alceste) Lv01Eb5R_o
Activité : absurde activité qui semble se battre légalement contre le couvre feu. puisqu'il le faut puisque si un jour quelqu'un va dans l'espace il faudra bien lui servir de phare alceste allume et éteint les réverbères tous les jours à heures fixes.
En société : petit prolétaire fonctionnaire qui fait ce qu'on lui dit tête basse. longtemps surveillé puisque huysmans l'état a bien vite décidé en riant qu'il n'avait pas la trempe ou les idées de ses parents et l'a laissé seul dans ses miasmes.
Organisation(s) : et pourtant alceste une fois l'attention d'état perdue s'est offert à l'ordre du plomb puisqu'il n'avait rien d'autre à apporter que lui.
Besace : clés allen, chiffons, allumettes, journal de son père, plumes cassées et rêves qui n'en sortent jamais

comme dansent les ombres (alceste) Empty

Re: comme dansent les ombres (alceste)    Jeu 9 Juil - 23:13

comme dansent les ombres (alceste) Tumblr_px0fp3F1Fr1qhgogbo1_1280

on nous verra heureux ou à terre

oedipe roi, sophocle

naviguer à vue, jauger les réactions des uns et des autres : la vie est un jonglage permanent, une lecture délicate. comme jeanne s'aperçoit à retardement du trouble causé par sa proposition, alceste s'aperçoit de l'équivoque de la sienne. jean labat, interminable débrouillard mais pieux bonhomme, ne retirerait jamais leurs derniers costumes aux morts. il oeuvre à la beauté de la dernière image, mais c'est pour mieux servir la vie qu'il travaille à la mort. au centre névralgique des émotions et des retrouvailles, il prend ce qui passe, fait de l'entraide son passe temps. il récupère ce qu'on donne, rend à qui de droit. jean oeuvre caritative à lui tout seul récupère souvent les habits d'untel grandi trop vite, d'unetelle engagée dans l'armée, occasionnellement achète pour rendre service et donne immédiatement ses emplettes. et c'est vrai que parfois on lui donne les gardes robes des défunt.e.s qui encombrent les placards et éveillent les tristesses à chaque fois qu'on les voit - mais c'est rare. le plus souvent les endeuillés vendent au plus offrant, et le plus offrant ce n'est pas jean. je te dis ça parce que s'il y en a bien un qui symbolise l'entraide entre nous tous, c'est lui. essaye-t-il de rattraper, maladroit.
il se relève, ayant définitivement plié son barda. il la regarde se faire compréhensive et toute petite. il comprend que si elle lui fait autant de peine c'est parce qu'elle lui rappelle lui quelques années en arrière. fraîchement démissionnaire de la génia, fraîchement déchu d'un futur statut confortable, complètement démuni des codes de la débrouille, ne sachant à qui s'adresser, à qui aller, à qui faire confiance. lui, il était tombé sur hélène martel à qui il s'était bêtement ouvert - il avait payé très cher l'apprentissage entre les serres de son célèbre mari.

alors qu'il s'apprête à se perdre dans des considérations banales et pleines de bons sentiments, elle l'arrête en validant son hypothèse. effacer son passé. elle fuit donc bien quelque chose. la curiosité le brûle de lui demander quoi, qui, quand. il réprime ce réflexe primaire et voyeuriste : les faits lui appartiennent, et en être dépositaire une l'avancerait pas à grand chose si ce n'est assouvir un instinct bien bas, bien peu constructif. non, il ne peut pas effacer le passé, personne ne le peut. l'idée est pourtant bien douce. tout recommencer librement, se choisir un autre costume de vie, faire marche arrière et prier l'une de rester, empêcher l'autre de mourir. il baisse une tête impuissante. contemple ces choses sur lesquelles on ne revient pas, quelles qu'elles soient.

et puis quelque chose tique à son oreille. pourtant, c'est absurde, des thérèse il y en a plus d'une à paris, plus d'une en france, même au sein du plomb. mais il associe le petit visage comme effacé derrière une vitre imaginaire de la nouvelle membre révolutionnaire à celui auquel il fait face presque immédiatement. prudent, il préfère avant tout gagner du temps sur le lien potentiel. c'est le moins que je puisse faire. il insiste parce qu'il se rappelle le premier enseignement - le plus ardu - des rues : accepter de l'aide, ne pas se dire systématiquement que les gens proposent dans le vide, par politesse. et mettre son orgueil de côté. sa peur animale. son instinct de survie déplacé. je suis assigné au douzième arrondissement cette semaine. mais je choisis l'ordre dans lequel j'officie, ton chemin sera donc le mien. il se doute bien qu'elle est capable de s'occuper d'elle même, de se protéger toute seule. mais s'il peut corriger ou valider son soupçon sur sa fameuse soeur et ne pas faire de cette rencontre qu'un événement fortuit qui ne donne naissance à aucune suite, il saisit la chance.
et puis il y a autre chose. il y a que dans ce sourire et dans la dernière phrase qu'elle prononce il y a une insouciance qu'il n'aurait jamais parié voir chez elle. il a envie d'encourager ça. s'il peut lui faire oublier au moins trente secondes sa peine, c'est déjà ça. petit grain de sable sur petit grain de sable qui peuvent enrayer la machine du désespoir. moi, ça me paraît le truc le plus répétitif du monde, mais peut être que le faire avec quelqu'un d'autre me permettra d'en apercevoir la poésie. il y a aussi ça : s'il peut détendre ce visage avec ses réverbères, alors peut être peut il détendre le sien dans le procédé.
Jeanne Laporte

Jeanne Laporte
https://vifargent.forumactif.com/t126-jeanne-chemical-insomniahttps://vifargent.forumactif.com/t131-jeanne-fight-the-monsters-that-consume-your-entity

Messages : 395
Date d'inscription : 08/05/2020
Alias : anarya (elle).
Facettes : romane demadières.
Portrait : hafsia herzi (anarya).
Activité : domestique déchue, contrebandière à la petite semaine.
En société : meurtrière hors-la-loi : rebut de la société pour les nantis, héroïne pour ceux qui veulent renverser l'ordre établi.
Besace : un mouchoir brodé par sa mère, un peu de monnaie, quelques objets à faire passer.

comme dansent les ombres (alceste) Empty

Re: comme dansent les ombres (alceste)    Dim 23 Aoû - 12:01

« Ce sera parfait, ma sœur est à Picpus. » Et Thérèse devait l’attendre impatiemment, se posant sans doute mille questions sur la situation actuelle de sa sœur. Dernièrement, Thérèse semblait inquiète, elle semblait la surveiller sans cesse, comme si elle guettait le moment où Jeanne ferait quelque chose dont elle n’avait aucune conscience, comme si elle attendait un événement dont Jeanne ne soupçonnait rien. Le regard de sa sœur avait beaucoup changé et Jeanne n’y prêtait pas toujours attention, absorbée qu’elle était par ses propres états d’âme. Mais il y avait comme une fébrilité entre les deux jeunes femmes. Évidemment, leur situation précaire avait quelque peu éprouvé leur lien. C’était inévitable. Il l’avait à la fois renforcé et fragilisé. C’était une chose étrange que cette fuite en duo, cette raison commune qui maintenait leur attache tout en menaçant de la faire céder à tout instant. Mais Jeanne évitait de s’attarder sur cette menace, de peur de soulever un futur dont elle n’était pas certaine d’avoir envie de percer les contours. Oui, cette promenade aux côtés d’un invisible de la vie parisienne lui ferait sans doute le plus grand bien, et lui permettrait de changer ses idées qui s’encrassaient comme les poumons de la grande majorité de la population.

« On ne se doute pas de la beauté d’un geste simple, de ce qui semble anodin… » répondit Jeanne un peu rêveusement avant de rosir. De plus en plus souvent, la jeune femme laissait échapper des phrases dont elle se demandait les origines. L’ancienne domestique n’avait rien de poète ou de lettré, jamais elle n’avait eu l’occasion de s’intéresser à tout cela. Mais elle connaissait la simplicité, le dénuement et la vie réelle. Et si elle n’avait pas les mots à poser sur des couleurs ou des sentiments, elle avait toujours été touchée par cette poésie qui accompagnait un geste, aussi répétitif et difficile fut-il. Quand elle avait l’occasion de rêvasser – quand Mme Metzger n’était pas dans les parages – Jeanne aimait regarder la cuisinière pétrir son pain, les mains pleine de farine ; la lavandière aux doigts fripés et rougis qui ne cessait de frotter, de tordre le linge ; ou encore les doigts de sa sœur à l’impressionnante dextérité alors qu’elle reprisait un vêtement. Cela n’avait sans doute rien à voir avec les poèmes de grands noms de la littérature, mais c’était la poésie de son univers à elle, aussi étriqué et terre-à-terre fut-il.

Ils étaient cependant prêts à partir, Jeanne à suivre Alceste dans sa tournée d’allumage des lumières de Paris. La criminelle s’engonça dans ses vêtements élimés, remontant le col de son manteau comme pour se protéger du froid alors qu’il était surtout destiné à cacher son faciès placardé un peu partout dans la ville. Elle se sentait à nouveau gênée. Accorder sa confiance à un inconnu était l’apanage de la Jeanne d’avant, de la domestique discrète et travailleuse, pas de celle qui se rendait coupable d’un crime monstrueux. Et Alceste correspondait parfaitement à cette définition de l’inconnu : cela ne faisait même pas une demi-heure qu’elle s’était introduite dans sa planque. Mais quelque chose lui disait qu’elle pouvait faire confiance à ce garçon, malgré le peu qu’elle connaissait de lui, malgré la nuit tombante. Et Jeanne ne pouvait pas se permettre de refuser une amitié potentielle. Alors qu’ils quittaient la planque, Jeanne revint à une conversation plus légère, moins risquée. « Depuis combien de temps exerces-tu ce métier ? »
Contenu sponsorisé



comme dansent les ombres (alceste) Empty

Re: comme dansent les ombres (alceste)   

 
comme dansent les ombres (alceste)
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» philémon - regarde s'effondrer les ombres vénéneuses
» ALCESTE l house where nobody lives
» les mains sales (alceste)
» is there loyalty between outlaw ? (pv Alceste)
» i was dying anyway | alceste + ephemer

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
vif argent. :: chant iii. d'ardoise et d'acier :: Faubourgs-
Sauter vers: