preserved roses (thérèse)

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Jeanne Laporte

Jeanne Laporte
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Date d'inscription : 08/05/2020
Alias : anarya (elle).
Facettes : romane demadières.
Portrait : hafsia herzi (anarya).
Activité : domestique déchue, contrebandière à la petite semaine.
En société : meurtrière hors-la-loi : rebut de la société pour les nantis, héroïne pour ceux qui veulent renverser l'ordre établi.
Besace : un mouchoir brodé par sa mère, un peu de monnaie, quelques objets à faire passer.

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preserved roses (thérèse)    Ven 26 Juin - 22:36

Jeanne touillait les haricots en sauce sur la casserole qui ronflait doucement sur le réchaud. Perdue dans ses pensées, la chaleur à la fois de l’ustensile de cuisine et de l’air d’été saturé des vapeurs du charbon qui empuantissait Paris et notamment ses quartiers les plus pauvres, la jeune femme profitait du calme relatif de leur abri pour la nuit. Remettre de l’ordre dans ses pensées n’était plus au programme depuis bien longtemps. Jeanne était lasse, fatiguée. Résignée à cette vie de paria, de criminelle qui s’annonçait et risquait de ne jamais se détacher sa peau, comme cette noirceur qui ne disparaissait jamais des ongles de ceux qui travaillaient le charbon. Jeanne n’en pouvait plus de cette fuite constante, de cet avenir qui n’existerait plus pour elle qu’entre quatre murs humides et solitaires. Chaque jour qui passait, Jeanne s’affadissait. Son état était parfois apathique et soudain, une sorte de crise le prenait, la rendant nerveuse, colérique, impulsive, sanguine. Elle ne comprenait pas ce qui lui arrivait et elle détestait cet état qui la rendait faible et pour lequel elle se maudissait. Elle avait failli à protéger Thérèse, elle l’avait entraînée dans cette spirale infernale et sa pauvre sœur pâtissait des conséquences de son acte terrible. Pourtant, Jeanne n’arrivait pas à se rappeler cette fameuse nuit, elle ne la hantait pas comme elle l’aurait pensé. Les rares fois où Jeanne en avait une réminiscence, il lui semblait qu’elle regardait une autre version d’elle-même agir, comme un rêve éveillé, une chimère qui n’existait que dans un monde inconnu. Et alors ses mains tremblaient, de peur, ou bien du souvenir de cette paire de ciseaux de couture souillée du sang de Mme Metzger qu’elle avait répétitivement enfoncée dans sa chair détestable ?

L’odeur des haricots arrivés à une cuisson acceptable chatouilla ses narines, chassant ces pensées qui la rendaient toujours un peu plus maussade. Jeanne touilla encore une fois, grattant avec sa spatule en bois le fond de la casserole de fortune qui avait accroché. Elle râlait pour la forme quand sa sœur la rejoignit. « Ah, Thérèse, te voilà ! C’est prêt ! » Jeanne répartit également les rations dans des tasses dépareillées et tendit son repas à sa jeune sœur. Elle ne l’attendit pas pour commencer à dévorer ses haricots, même si elle savait qu’il valait mieux prendre son temps pour tenir plus longtemps. Mais la faim ne cessait de lui déchirer les entrailles. Jeanne observa sa sœur. Depuis leur fuite, elle avait l’impression de ne plus se parler comme avant. Alors qu’elles avaient passé toute leur vie à deux, toujours ensemble, elles passaient désormais leurs journées séparées, qui pour trouver à manger, un abri, de quoi se laver, bref, survivre ! Et chaque soir, elles rentraient éreintées, avec pour seule envie de dormir, et les conversations s’éteignaient rapidement. Cette épreuve allait-elle les rapprocher ou les séparer ? Car, pour le moment, Jeanne avait l’impression qu’elles s’éloignaient…et cela lui faisait bien plus mal qu’elle ne voulait l’admettre. Jeanne avala la dernière bouchée de son repas et reposa sa vaisselle. « Je suis vraiment désolée de t’avoir entraînée là-dedans, Thérèse », se lança-t-elle. Le lui avait-elle déjà dit depuis qu’elles se cachaient ? Avait-elle pris ce temps de s’excuser ? Soudain, les larmes lui montèrent au nez, inattendues. Oh, comme elle regrettait ! Thérèse ne méritait pas ça ! « Je suis tellement désolée que tu subisses ça avec moi », hoqueta-t-elle, essuyant d’un revers de manche salie les larmes qui coulaient. « J’ai complètement gâché ta vie… Est-ce que tu sauras me pardonner ? »
 
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