valse avec l'inconnu ❊ solal & héloïse

valse avec l'inconnu
-


solal rousseau & héloïse lombard

Les doux rayons du soleil percèrent à travers les rideaux de la chambre, venant caresser les paupières engourdies de la jeune danseuse endormie. Le sommeil avait tardé à l'emporter la veille, contrariée par son passage éprouvant devant la justice. Une épreuve que son cerveau avait transformé en cauchemar durant la nuit, dans lequel la rouquine s'était imaginée passer le restant de ses jours derrière les barreaux. Cette crainte, elle allait pourtant devoir vivre avec désormais, le tribunal l'ayant condamnée à un an de prison avec sursis. Une épée de Damoclès invisible trônait au-dessus de sa tête, et aussi surprenant que cela puisse paraitre, Héloïse ne comptait pas s'en défaire ; car en adhérant à Almeria, elle avait choisi de faire du grand banditisme son quotidien. Plutôt mourir que d'abandonner le navire. Elle n'aurait pas supporté qu'on la considère comme une vulgaire traîtresse, comme une lâche. La nuit n’avait donc pas été très réparatrice pour la jeune femme tourmentée.

L’almérienne fit craquer les os de ses pieds et de ses bras en s’étirant, assise sur le rebord de son lit. La lumière était sublime, illuminant la pièce d’un somptueux voile doré. Comme à l’accoutumée, Héloïse enfila son peignoir de soie et dégaina son paquet de cigarettes. Une habitude étrange et néfaste et dont elle ne pouvait se priver ; encore moins en ces temps où son moral n’était pas au beau fixe. Elle en alluma une qu’elle s’empressa de fumer à sa fenêtre, songeuse. Qu’allait-elle bien pouvoir faire de cette journée, à part danser pour oublier ? Danser était à peu près la seule chose qu’elle était capable de faire, la seule chose qui la réconfortait. Alors que ses pensées vagabondaient dans son esprit, l’attention de la sulfureuse rousse se focalisa soudain sur une silhouette frêle qui s’approchait de son bâtiment à vélo ; une silhouette familière qu’elle observait presque tous les matins à l’heure de son réveil. Le postier arrivait comme tous les jours à la fin de sa tournée et s’apprêtait à distribuer son courrier. Sans qu’elle ne parvienne à savoir pourquoi, il intriguait particulièrement la danseuse. Elle n’avait jamais vraiment pris le temps de l’aborder, et d’ailleurs qu’aurait-elle pu lui dire ? Rien de fort intéressant. Il l’aurait prise pour une folle. En tout cas, le jeune homme était doté d’un charme certain. Il avait ce petit quelque chose de fascinant dans le regard ; un regard empli de mystère, et un air faussement angélique qui ne la laissait pas indifférente. Cependant ce n’est pas la raison première qui la poussa à écraser sa cigarette au creux d'un vase, stoppant alors son intoxication matinale ; car Héloïse attendait désespérément des nouvelles de ses proches. Au grand dam de la belle, sa boîte aux lettres restait vide, et ce depuis des semaines interminables. Peut-être que cette journée voudrait bien lui sourire, qui sait ? Un revers de main dans ses boucles cuivrées et un tour de clé plus tard, la voilà qui descendait déjà le grand escalier de la copropriété, son peignoir bleu nuit trainant derrière elle.

Mécaniquement, la ballerine se dirigea dans le hall et ouvrit sa boite aux lettres dans un fracas métallique pour le moins désagréable aux oreilles. Le postier, qui lui tournait le dos, sursauta au point d’en faire tomber son paquet de lettres. « Toutes mes excuses, je ne voulais pas vous effrayer. » Sa voix se voulait douce et rassurante. Pauvre homme, comme si son travail n’était pas déjà assez pénible. Malheureusement pour lui, l’arrivée de cette habitante avait été discrète, trop discrète. Déformation professionnelle, sans doute. Sur la scène comme dans ses entreprises délictuelles, Héloïse était habituée à se déplacer à pas de louve partout où elle allait. Elle se précipita pour ramasser les lettres qui s’étaient éparpillées au sol. « Tenez. » Un sourire illumina son visage de poupée qu’elle lui offrit en guise d’excuse tandis qu’elle lui tendait le tas de correspondances.

« Encore et toujours vide. » soupira-t-elle en baissant les yeux devant sa boîte aux lettres, désespérée. Un peu de soutien dans cette période difficile n'aurait pas été de refus. Aucun ami, aucun membre de sa famille n'avait daigné répondre à ses missives depuis de longues semaines. Tant pis. Héloïse allait encore une fois attendre ce fameux demain en trépignant d'impatience. Puis son regard bleuté se posa sur le postier, qui avait encore dans ses mains un petit tas de missives toutes fraîches.
« Vous n'auriez pas une petite lettre pour moi à tout hasard ? » Tant qu’à faire, autant mettre fin au suspense et poser directement la question à l'énigmatique distributeur.
« Au nom d'Héloïse. » Préciser son nom était non seulement utile, mais il permettait aussi à la jeune femme de se présenter à son postier, qui ne devait malheureusement pas avoir beaucoup d’interlocuteurs au cours de ses tournées.

Aucune lettre ne lui était destinée. Aucune pensée, aucun mot qui aurait pu égayer sa journée. Le postier avait l’air si désemparé, bien incapable de contenter les désirs de l’administrée, malgré toute sa bonne volonté. Sa proposition pour le moins extravagante et inattendue fit apparaitre un sourire amusé sur le visage de la danseuse. Monsieur ne manquait pas d’humour. Héloïse rentra dans son jeu histoire de pimenter un peu l’ambiance. « Eh bien, ce pourrait être délicieusement distrayant je dois l’avouer. Mais voyez-vous j’ai une préférence pour les contacts disons plus… concrets. » Son sourire s’estompa légèrement en même temps qu’elle réalisait l’étrange teneur de ses propos. À peine ces derniers mots avaient-ils franchi ses lèvres qu’elle songea qu’ils auraient très bien pu être perçus comme une contre-proposition à connotation douteuse. Son esprit était décidément mal placé. Trop tard… elle n’avait plus qu’à espérer que son mystérieux interlocuteur n’était pas aussi tordu qu’elle.

Dévoué, le postier tentait de la combler en imaginant une ribambelle de solutions censées la rassurer. Son entreprise était vaine, mais Héloïse était une femme forte, et surtout, elle s’était habituée à cette terrible attente au fil du temps. « Oui, hélas j’attends désespérément des nouvelles de mes proches, ce silence est parfois source d’inquiétude mais peu importe. Je prendrai mon mal en patience. » Un bref soupir vint ponctuer cette déclaration qui balaya ce sujet aussi vite qu’il était apparu dans leur échange. Elle ne souhaitait finalement pas tellement s’attarder sur ce point négatif de sa vie, préférant de loin la sympathique conversation qui venait de s’engager avec le facteur.

Voyant que le postier commençait à se discréditer, la ballerine coupa court à ses croyances erronées. L’homme semblait manquer cruellement de confiance en lui, ce qui lui donnait un air innocent et sans défense qui avait pour effet de fendre le cœur de la rousse. « Si, c’est tout à fait intéressant. Vous ne me dérangez aucunement, monsieur Rousseau. Bien que vous n’ayez aucune missive à m’offrir depuis des semaines je suis ravie de pouvoir échanger avec vous. Nous n’avons qu’à dire que vous êtes mon interlocuteur du jour ? » proposa-t-elle fièrement au jeune homme en lui accordant un franc sourire. Cette absence de lettres était peut-être un signe heureux, finalement. Le signe qu’elle devait s’intéresser à ce jeune homme qui se présentait tous les matins chez elle sans qu’elle ne daigne jamais lui prêter une bribe d’attention. Il devait être insignifiant aux yeux de bon nombre de parisiens ; mais pas pour Héloïse, qui venait de trouver une oreille attentive à laquelle elle avait étonnamment déjà envie de se confier.

Voilà qu’il la complimentait sur sa beauté. Maladroitement certes, mais d’une façon absolument adorable qui réchauffa les joues de la rouquine. Celui-là n’était pas difficile en matière de femmes ; l’almérienne avait encore ses vêtements de nuit sur le dos. Son visage de porcelaine, fatigué par une nuit mouvementée, ne portait trace d’aucun artifice pour sublimer ses atouts. Troublée par cette flatterie soudaine, elle baissa les yeux en secouant négativement la tête. « Oh, non. Je ne suis pas connue. J’aspire à le devenir, mais le chemin est long et semé d’embûches. » Sa réponse était volontairement évasive. Elle n’avait pas pour habitude de s’étendre et de parler d’elle-même à un inconnu, même si son interlocuteur matinal l’invitait à satisfaire sa grande curiosité. Solal avait appris l’essentiel, au fond. Elle débordait d’ambition, cependant malgré ses efforts la vie n’avait pour l’heure pas décidé de lui sourire. La rouquine devait déjà s’estimer heureuse d’avoir pu intégrer la prestigieuse entreprise qu’était le ballet de l’opéra de Paris. C’était un véritable privilège dont elle se délectait quotidiennement, car rares étaient les danseuses qui pouvaient se vanter de fouler les planches du célèbre palais Garnier.

Alors qu’elle commençait tout juste à remonter les marches menant à son appartement, Héloïse s’arrêta dans l’escalier, prise d’une soudaine envie de compagnie. Celle de son charmant petit postier n’était pas des plus désagréable, et puis, elle avait du temps à revendre aujourd’hui. « Je peux peut-être vous offrir un café ou un thé ? Je crois savoir que vous venez d’achever votre tâche. Vous méritez bien un petit réconfort. » Drôle d’idée que d’inviter un parfait inconnu chez soi en se souciant de son bien-être, surtout pour une jeune femme. Mais ce cher Solal avait l’air inoffensif, plein de bonnes intentions à son égard et qui plus est, doté d’un sens de l’humour qui allait contribuer à embellir cette morne journée.

Faire entrer le jeune homme dans sa tanière avait été d’une facilité déconcertante. La rouquine avait beau être encore une parfaite étrangère à ses yeux, monsieur Rousseau n’avait démontré aucune réticence, aucune hésitation à décaler finalement quelque peu son retour au repos. Un acquiescement immédiat et franc qui réjouissait la belle, à qui la compagnie et la conversation manquaient cruellement. Une présence aussi affriolante que fascinante qu’elle espérait tardive. Solal la suivit volontiers dans l’escalier, passage au cours duquel Héloïse pouvait sentir son regard déshabiller sa parure nocturne. Il la dévorait du regard depuis le début, ce qui n’était pas pour déplaire à la ballerine, qui avait d'ailleurs pris tout autant de plaisir à plonger ses prunelles opalescentes dans les siennes, à contempler son divin minois. Cependant, n’avait-il jamais côtoyé de femme pour dévisager inlassablement ses formes de la sorte ?

C’est un facteur obéissant et soumis qu’elle découvrait soudain. Presque prêt à se réduire en esclave pour elle. Tout juste s’il ne s’agenouillait pas pour implorer son accord. Alors qu’il suppliait la jeune femme de bien vouloir accepter son service, Héloïse s’arrêta net, surprise par cette suggestion détonante. « Vous ne me connaissez pas mais vous souhaitez faire ma publicité ? en voilà une drôle de proposition. » Devant la porte de son appartement, l’almérienne se tourna vers son délicieux interlocuteur dont l’attention suppliante ne la quittait plus. Ce dévouement spontané et sans limite avait presque quelque chose d’effrayant, voire de malsain. Étrange comportement, mais suggestion hautement intéressante. Son rêve étoilé n'avait jamais été aussi proche ; elle pouvait l'effleurer du bout des doigts et ce grâce à l'initiative inespérée du postier.
Un interminable silence s’installa entre les deux êtres, durant lequel Héloïse questionnait le postier asservi du regard. Quel intérêt pouvait-il trouver dans le fait d’être une nouvelle fois à son service ? Il lui apportait déjà quotidiennement son courrier, une tâche déjà contraignante ; comment pouvait-il se dévouer à ce point sans retour ? Hormis un café et quelques pièces, elle n’avait rien de bien alléchant à lui apporter en échange de ce service.

La proposition méritait toutefois une mûre réflexion, à laquelle s’employa secrètement la sulfureuse rousse en invitant le facteur à pénétrer dans son antre. Un modeste logis qui avait l’avantage d’être coquet et plutôt bien agencé. Héloïse se dirigea dans la cuisine pour recevoir comme il se doit ce nouvel invité. « Installez-vous, je vous en prie. » lança-t-elle, encourageant Solal à prendre place autour de la petite table. La jeune femme s’activa et y déposa deux tasses ainsi qu’une corbeille de croissants. Elle n’était pas habituée à recevoir mais l’accueillait pourtant très chaleureusement, bien trop comblée de pouvoir converser au calme avec cet homme dont elle avait encore tout à découvrir. Qui plus est, il ne fallait pas qu’il regrette d’être monté. Il ne fallait pas qu’il se hâte pour retrouver son foyer. D’ailleurs, là-bas, une femme s’impatientait peut-être déjà de le voir rentrer. Une culpabilité furtive qui ne la tortura pas bien longtemps, absorbée par le dessein fantaisiste de son facteur.

Le café chaud de la cafetière était prêt à être servi. Héloïse rejoignait alors son hôte, s’asseyant face à lui pour déverser la boisson fumante dans les deux tasses. Le sourire enchanteur qui illuminait tout à l’heure son visage avait disparu, sans doute trop contrariée pour laisser transparaitre un quelconque signe de sympathie. Décidément, son projet n’était pas tombé dans l’oreille d’une sourde. « Monsieur, l’idée me paraît séduisante et ingénieuse, mais je suis gênée, je ne veux pas faire de vous un obligé et puis, vous devez avoir d’autres… préoccupations plus… importantes que la renommée d’une inconnue. Votre travail vous prend déjà beaucoup de votre temps, je ne voudrais pas vous surmener, d’autant que je n’ai pas grand-chose à vous offrir en guise de contrepartie… » Une moue hésitante vint quelque peu déformer le bas de son visage tandis qu’elle cherchait dans les yeux de Solal une bribe de solution à son problème. Cette fois, c’était la ballerine qui se soumettait à lui, ouverte à toutes ses idées, même les plus farfelues ; car elle n’était pas une tortionnaire, prête à faire travailler cet homme dans son propre intérêt sans qu’aucun gage ne lui soit assuré en échange.

Qu’elle se délectait de ce sourire empli de malice… Quant à ces prunelles aussi sombres qu’envoûtantes, elles se révélaient être un pur délice également. La jeune femme n’osait d’ailleurs les fixer trop longtemps, craignant sans doute qu’il ne s’aperçoive de la naissance d’une quelconque attirance à son égard. Quelle piètre comédienne. Elle battait littéralement des cils pour son serviteur. Que lui arrivait-il ? Il n’était qu’un facteur pourtant. Elle, un astre en devenir ; peu importe. Il avait bel et bien un pouvoir puissamment intimidant sur elle. Un pouvoir qui parvenait à réchauffer ses joues, à faire tiédir ses mains frêles qui entouraient sa tasse pleine de café. Solal dégageait un charme détonnant, en tout cas aux yeux d’Héloïse qui pour la première fois se retrouvait particulièrement troublée par un jeune homme. « Je ne sais quoi dire… Monsieur Rousseau, je ne voudrais surtout pas vous causer de la peine. » Les deux âmes venaient à peine de faire connaissance et pourtant, l’arménienne lui vouait déjà une certaine sympathie. Au point d’accorder de l’importance à ce qu’il pouvait ressentir. Loin de vouloir lui créer une peine immense, la jeune femme se retrouvait alors piégée face à une proposition qu’elle était maintenant obligée d’accepter.

Elle se sentit davantage au pied du mur lorsque ce cher monsieur Rousseau se décida à s’agenouiller devant elle pour l’implorer. Une attitude encore une fois inattendue et extravagante qui fit éclore un large sourire sur les lèvres de la sulfureuse rousse. Héloïse avait bien du mal à ne pas afficher son amusement face à tant de surprises et de rebondissements. Son cœur manqua même un battement lorsqu’elle sentit l’une de ses mains se faire capturer par celles de son mystérieux invité. Décidément, celui-là était prêt à tout pour parvenir à ses fins. Elle devait avouer aimer ça. Pire, son comportement avait quelque chose d’extrêmement affriolant qui faisait naitre dans son esprit une idée qu’elle espérait suffisamment appétissante pour combler ses attentes. La discrète et effarouchée jeune femme laissa sa place à une lionne plus téméraire et véhémente.
La rouquine se pencha alors gracieusement vers Solal, ses lèvres venant effleurer l’épiderme de son oreille droite. Ses cheveux rouille aux reflets dorés vinrent chatouiller sa joue, et son parfum ambré embaumer ses narines. Une note chaude et sucrée, assez sensuelle pour laisser sur son passage une empreinte inoubliable. « La porte de mon appartement vous est ouverte. Si vous en êtes d’accord vous pourriez ponctuer votre service sur une note exquise en grimpant jusqu’ici, profiter de ma compagnie… et qui sait, peut-être déciderez-vous finalement de venir réchauffer mes draps… adoucir mes réveils. » susurra-t-elle d’une voix suave au creux de son oreille, déterminée à lui faire partager le désir qui brûlait en elle. Appuyant son message en caressant lentement sa main du bout de ses ongles. Lui non plus, ne pouvait pas refuser. C’était bien la première fois que la ballerine s’ouvrait à une telle proposition à un homme ; qu’elle s’offrait quasi aveuglément à un corps étranger. La séduction n’était pas une carte qu’elle maniait fréquemment, mais quand cela s’avérait nécessaire, elle savait l’utiliser adroitement. En tout cas, le « contrat » qu’elle proposait à son valeureux invité lui paraissait équitable : elle gagnerait à se rapprocher de la voie lactée, il obtiendrait le septième ciel dans ses draps.

Était-ce l’idée qui lui trottait aussi derrière la tête ? Son attitude curieuse était difficile à déchiffrer. Quoiqu’il en soit, l’almérienne mettait tout en œuvre pour que son projet lui paraisse convaincant ; mais à lire toute l'admiration qui régnait dans son regard, le risque de refus était moindre. Le jeu en valait en tout cas largement la chandelle.  « Oh bien sûr je ne vous oblige en rien… vos désirs seront maitres, et n’ayez crainte, je m’engagerai à ce que tout ceci n’atteigne jamais les oreilles de votre dulcinée. » ajouta-t-elle d’un ton rassurant. Les ennuis ? Très peu pour elle. La danseuse avait assez de casseroles collées à son derrière à gérer, elle n’avait pas besoin de subir la jalousie d’une épouse en plus de cela. Héloïse voulait s’assurer qu’elle ne s’aventurait pas sur une pente dangereuse. Il s’agissait également une manière habile d’en savoir davantage sur la vie privée de son postier désormais favori, et qui était loin de lui être indifférente.