Solal Rousseau
Messages : 249 Date d'inscription : 27/05/2020 Alias : indéfini Portrait : a. perkins (léonce camus) Activité : épistolairement vôtre En société : romantique postier à l'air juvénile Besace : des lettres d'amour
| mignon, allons voir si la rose... { LOU & SOLAL Sam 30 Mai - 21:42
| Une lettre remise en main propre. Un sursaut derrière une porte cochère. Une adresse balafrée. Une ombre parmi les ombres. Un bruit de papier froissé. Et déjà la personne s’en va. Manteau de mystère. Paris et ses insolites rencontres. J’ai été forcé par le destin. Forcé de remettre le billet. Je ne peux pas refuser, je ne peux pas m’y soustraire. C’eût été trop barbare. Je ne suis pas un malappris malgré mes origines modestes. Je ne suis pas un maroufle même si j’aime décacheter les enveloppes scellées. Je me dirige vers les quais de Seine. Soleil neuf, heure creuse. Après-midi pour flâner, se repaître du spectacle des dames aux balcons. Je les observe derrière leurs éventails. Je touche bientôt au but. L’écriture est quasi illisible tant cela a été rédigé rapidement. Un mot doux interdit ? Une sentence ? Je ne me résous pas à briser le tabou. Je n’ouvre pas cette précieuse lettre, la décence me fait obstacle pour une fois. Le nez en l’air, mes yeux s’égarent sur les hauteurs de la ville. Bâtiments imposants, grandiloquents. Le pavé frappé de mes talons. Beau quartier, pure merveille moderne. Plusieurs boîtes aux lettres aux noms effacés. L’impasse, je ne peux pas délivrer la note à n’importe qui. Terminer prématurément ma mission en laissant le hasard achever ma croisade ? Sans connaître le destinataire ? Ni le contenu ? C’est peut-être une urgence. Réminiscence d’un Roméo qui n’a jamais reçu la lettre du Frère Laurent. Qui n’a jamais appris que sa Juliette était endormie et non aux portes de la mort. Une lettre peut tout changer. Cela me brûle les doigts tachés d’encre. Facteur de pacotille, va. Je siffle entre mes dents serrées. Difficile de résister. C’est alors qu’un jeune homme arrive face à moi. Je recule par réflexe. Je ne sais si je dois partir, si je dois rester, attendre comme un corniaud. Je tends la lettre par inadvertance. - Pour…vous. Je m’insurge déjà. Sottise improbable. Le premier venu. Voulais-je m’en débarrasser absolument ? Pénible fardeau. Et si c’était destiné à une femme ? Je me morigène et patiente nerveusement tout en me pinçant les lèvres. |
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| Re: mignon, allons voir si la rose... { LOU & SOLAL Dim 31 Mai - 13:00
| L’après-midi arrivée, tu avais laissé la gestion de sa boutique à Eugène. Un peu en retard certes ; c’était impensable de laisser une cliente revenir et apprendre qu’elle devrait repasser car sa réparation n’était pas achevée. Rares étaient les fois où tu quittais l’atelier sans avoir terminé ce que tu faisais, jamais cela n’arrivait quand le propriétaire de l’objet devait venir le chercher le lendemain. Comme souvent, tu n'allais rentrer chez toi que le temps de déposer quelques affaires avant de repartir.
Une silhouette devant les boîtes aux lettres, besace probablement remplie de missives au vu de l’enveloppe qu’il tenait entre ces mains. Tu allais le contourner, mais il se retourna. Tu te retrouvas, surpris, la lettre dans les mains. Était-il un client pour pouvoir associer un nom à ton visage ? Tu baissas les yeux vers le courrier et commenças à comprendre la raison de son air inquiet. Tu n’arrivais pas non plus à lire le nom du destinataire, mais l’enchevêtrement des lettres te semblas un peu trop long pour un simple Louis Voclain. L’infime éventualité d’un Lev Bekmirzayev te poussa cependant à décacheter l’enveloppe ; nulle probabilité que tes parents t’aient recherché, surtout si loin, mais pourrait-ce être ta sœur que tu avais si peu connue ?
Légère moue déçue en décryptant un nom qui n’avait jamais été le tien dans l’appellation. Tu cessas là ta lecture, repliant soigneusement la lettre avant de la remettre dans son enveloppe. Je connais le destinataire de cette lettre, je la glisserai sous sa porte. Sourire à l’inconnu, semblant si inoffensif à voir comment il s’emmêlait dans sa tâche. |
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Solal Rousseau
Messages : 249 Date d'inscription : 27/05/2020 Alias : indéfini Portrait : a. perkins (léonce camus) Activité : épistolairement vôtre En société : romantique postier à l'air juvénile Besace : des lettres d'amour
| Re: mignon, allons voir si la rose... { LOU & SOLAL Mar 2 Juin - 12:33
| Un accident de parcours. Une impulsion venue de nulle part. Offrir la lettre à l’inconnu. Main tendue, tremblante, sentence qui accule. La jeter presque au feu. Incendie dans le cœur. Je me suis fourvoyé. Une méprise. Attente terrifiante alors qu’il l’ouvre. Je suis ses yeux qui bougent, lisent. Je guette la moindre réaction. Comme pour y déceler un indice quelconque. Vainement. Soupir discret, exaspéré, tandis qu’il parle. Déception qui se lit sur mon visage cireux. La honte pique mes joues. Je m’emmêle les doigts d’embarras. Je garde les yeux éternellement baissés, rivés au sol. Pas une fois je n’ai croisé le regard du jeune homme. - Je…je suis confus. Vous ne pouvez pas me rendre un tel service. C’est…c’est trop…ai…aimable. Merci, je…veuillez accepter un verre, quelque chose. Je vous suis redevable…monsieur… Je ne connais pas son nom, j’espère qu’il complètera les points de suspension. - Je suis Solal Rousseau, humble postier de son état. Présentation en bonne et due forme. Je suis prêt à tout pour en savoir plus par ailleurs. Sur cette fameuse missive. La curiosité me fait lever un sourcil. Je fais une manœuvre maladroite. - Dites-moi juste… C’est…une lettre d’amour ? Que je lâche avec désarroi. Parce que rien ne vaut les amours perdues, les mots sulfureux. Cela égaye mes soirées solitaires. Mais ce n’est pas acceptable en société, non. Je ne me permettrais pas de divulguer un secret. Surtout pas les miens. Mes sourdes manies. Je lève enfin les yeux sur lui. Des traits symétriques, jeunesse galante. Beauté éclatante, qui m’éblouit. Un visage comme on en croise peu. Si bien que je le fixe, presque discourtois. Moi aussi je tente un sourire qui ressemble davantage à une grimace aigre-douce. Moi aussi je me perds dans ce regard acier et perçant. Mes humeurs en émoi. Le cœur s’emballe sans que je ne puisse rien y faire. Je laisse mes émotions me submerger jusqu’à rosir encore mes joues. Je devrais détourner les yeux. Prier pour qu’il ne remarque pas la débâcle de mes sentiments. |
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| Re: mignon, allons voir si la rose... { LOU & SOLAL
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