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 Elle vous ira bien // Alceste & Bonnie.

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Bonnie Thellier

Bonnie Thellier
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Activité : Bijoux aux bouts des doigts, délice des mains, l'œil pointu dans la structure du diamant, confectionner les plus beaux apprêts, amour de l'art et de la matière. Joaillière, Orfèvre
En société : Roturière des bas-fonds, clamant son innocence dans un silence. Activiste de l'ombre, portant à plus haute échelle l'humain que le dédain.
Organisation(s) : Assistante de l'ombre, dans l'Orme, elle voue entière espoir et confiance.
Besace : Quelques opales, des tiges d'argents, un paquet de gitanes pour abîmer un peu plus ses poumons.

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Elle vous ira bien // Alceste & Bonnie.    Sam 9 Mai - 17:21


ELLE VOUS IRA BIEN.
Alceste & Bonnie.
Un de ces matins, où le soleil lointain essayait perpétuellement de traverser la grisaille ambiante pour venir flamber la capitale, mais rien, rien n’y fait, le smog gagne et toujours, bataille perpétuelle. L’appartement à l’étage; du moins, ce qui pourrait s’apparenter à une chambre de bonne; assez vaste pour entreposer le nécessaire vital, décoré avec goût, de trouvailles vastes et variées, pour venir égayer le confort monochrome d’une ville à son image.

La jambe pâle glisse de sous le drap, talon au sol, s’appuyant délicatement sur une paillasse joliment tressée. L’aube s’étire, accompagnant la Bonnie dans sa gestuelle matinale, ouvrir les étoffes fines qui servent de rideaux, observer les passants de son nichoir, une matinée banale dans l’habituelle. Celles qu’elle aimait, celles qu’elle voulait conserver. Les repères, c’est important, ce garde t elle en silence. Un tour vers le lavabo, une toilette rapide, engouffrer un petit quelque chose dans l’gosier, puis se tourner vers la table de chevet.

Là, gisait sagement un écrit chiffonné avec seulement, un prénom, un simple nom. Le début de tant d’autres qui le talonnerait par la suite, en tout cas, c’est ce qu’elle espèrera. Le début d’une cascade d’indices, qui se doivent de commencer quelque part. Ainsi, c’était ce nom, qui la mènerait peut-être à une vengeance de toute une vie. Mais patience et sagesse devaient se ressaisir, pour ne pas finir, elles aussi, au fond de cette Seine. Enfouir la lettre dans la poche de son jupon, là, où elle serait en lieu sûr.

Non loin, Notre-Dame présentait ses ruines aux curieux. Neuf heures sonna sous le clocher de l’horloge, agitant les passants un peu trop pressés. Bonnie descendit l’escalier grinçant, pour ouvrir boutique. Se glisser vers la paroi vitrée de l’entrée, tourner le panneau dans le bon sens, ouvrir la porte aux visiteurs curieux, aux intéressés déterminés, aux amoureux des jolies choses.

La boutique n’était pas très grande; à l’image de ce que Bonnie possède, me diriez-vous; mais assez spacieuse pour accueillir plusieurs personnes à la fois.  Des miroirs éparpillés à droite, à gauche, reflétaient les mille facettes des bijoux délicatement accrochés. Du cuivre, de l’étain, du cobalt, un peu d’or, un peu de tout. Tout ce que Bonnie pouvait dénicher à Montmartre, elle le ramenait, puis le transformait. Différentes gemmes, serties de dorures et d’arabesques, trônaient sur des perchoirs, comme une boule de cristal sur son piédestal. C’était l’ambiance à la Bonnie, le gramophone en arrière-plan, qui s’activait doucement.

Alors que la journée commença, attelée à son établi, en recul, un paravent en bois en guise de séparation, le maillet en cuir s’agitait sur une plaque de métal. La clochette au-dessus de la porte dansa de son bruit aigu. La Bonnie, elle t’entend, enfin, elle ne sait pas encore que c’est toi, ce visage qui devenait habituel, ce regard curieux qui balayait ses créations devant sa ridicule vitrine. Elle était bien trop concentrée à marteler ce bout de métal.  Elle ne t’offrait que son profil, sa mâchoire finement dessinée, se croyant à l’abris des regards, un sourcil froncé absorbé dans la précision du geste. Mais avertie, ne laissant pas la possibilité de laisser partir quelques francs, elle lança doucement, sa voix résonnant au-dessus du maillet et de la musique ambiante.

“Veuillez m’excuser…  Quelques secondes et je suis à vous ! “



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Dernière édition par Bonnie Thellier le Sam 16 Mai - 16:44, édité 1 fois
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Activité : absurde activité qui semble se battre légalement contre le couvre feu. puisqu'il le faut puisque si un jour quelqu'un va dans l'espace il faudra bien lui servir de phare alceste allume et éteint les réverbères tous les jours à heures fixes.
En société : petit prolétaire fonctionnaire qui fait ce qu'on lui dit tête basse. longtemps surveillé puisque huysmans l'état a bien vite décidé en riant qu'il n'avait pas la trempe ou les idées de ses parents et l'a laissé seul dans ses miasmes.
Organisation(s) : et pourtant alceste une fois l'attention d'état perdue s'est offert à l'ordre du plomb puisqu'il n'avait rien d'autre à apporter que lui.
Besace : clés allen, chiffons, allumettes, journal de son père, plumes cassées et rêves qui n'en sortent jamais

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Re: Elle vous ira bien // Alceste & Bonnie.    Sam 16 Mai - 15:45

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voilà le secret de ma conduite
envers vous : il n'y a ni bonheur ni
malheur en ce monde, il y a la
comparaison d'un état à un autre,
voilà tout.


le comte de monte cristo, dumas

trop de fatigue s'accumule en alceste qui erre sur l'île de la cité comme un mendiant. il ne voit plus les regards désapprobateurs des bourgeois sur son visage hagard. ses vêtements, s'ils sont propres et en parfait état (uniforme oblige), n'en sont pas moins symboles de sa classe sociale. les allumeurs de réverbères sont partout et nulle part, on connait leurs insignes. on sait également qu'on ne fait pas un travail pareil par plaisir bien que tout ces gens qu'il croise ne doivent pas avoir la moindre idée de ce qu'il touche par semaine. pas grand chose : cette imprécision suffit. il connait également ses collègues qui collent une sale réputation à la profession. ce boulot oblige presque systématiquement à une existence de clochard et il fait froid : nombre d'entre eux se réchauffent à l'alcool, déambulent dans les quartiers cossus ivres, tombent parfois de leurs échelles indifféremment devant le louvre ou au fin fond de montmartre. la foule est trop vaste pour qu'il en ai quelque chose à faire. il cherche où accrocher ses yeux. il s'aperçoit que sans qu'il s'en rende compte ses pas l'ont amené aux jolis métaux, la joaillerie tenue par une certaine bonnie. ce n'est pas la première fois qu'il y est attiré comme un éphémère. ses cils papillonnent devant la vitrine, conscient de n'avoir rien à faire là, de ne pas être à sa place. ce n'est pas comme s'il pouvait y acheter quoi que ce soit, ce n'est pas comme s'il portait des bijoux ou s'il avait une fiancée à qui en offrir. il n'a pas la présence d'esprit de se dire que c'est simplement beau, et qu'une chose belle suffit en soi à être regardée. il a lu keats pourtant, à l'époque où il n'était pas encore une cause perdue : a thing of beauty is a joy forever...

depuis la première fois qu'il a posé les yeux sur les délicats ouvrages de métal les choses ont cependant légèrement changé. il avait ce jour là été pris comme un gamin la main dans le sac, à regarder des objets inaccessibles, par la propriétaire des lieux. il avait dû bredouiller, bégayer, murmurer des mots incompréhensibles pour tenter de se justifier, expliquer qu'il ne voulait rien acheter comme si ça ne se voyait pas déjà sur sa gueule et ses vêtements. la jeune femme lui avait néanmoins adressé la parole, l'avait encouragé à entrer comme si ça n'avait pas d'importance. peu habitué à ce que les riches lui adressent la parole (et puisqu'elle possédait boutique ici c'est qu'elle devait en être) il avait fui non sans s'être fait soutirer son prénom. ce n'était pas faute de douceur de la part de la jeune femme. c'était lui, ses problèmes de légitimité, ses regards sur lui même. à une époque pas si lointaine il pouvait sérieusement envisager d'offrir des bijoux à mathurine, à d'autres amours de jeunesse. il est encore techniquement jeune mais des constats pareils et son maigre corps lui font se dire que c'est fini, rayé, clos le chapitre de la force de l'âge.
ses yeux regardent à nouveau la vitrine sans la voir. la disposition a changé, certains articles ont disparu d'autres se sont rajoutés. ça n'a pas d'importance, ça reste la même fascination. peut être que ce qu'il attire ce n'est pas tellement la beauté mais le fait qu'on continue à fabriquer de ses mains ce genre d'apparats parfaitement inutile en utilisant des ressources précieuses. la futilité absolue du geste l'étourdit autant qu'elle l'émerveille. il n'a même pas le temps d'y réfléchir qu'il a poussé la porte. quand il est épuisé, ses jambes sont ses maitresses, il les suit n'importe où.

à l'intérieur il y a une odeur de poussières de métaux, de brûlé, de fleurs. c'est aussi doux que les courbes des bracelets et des bagues. il pourrait s'endormir debout en absorbant l'atmosphère de la boutique, ses sons de petits marteaux qui frappent, son ambiance entre la pleine lumière et l'obscurité. il sursaute en entendant la voix de bonnie qu'il n'avait même pas vu. il sent dans son ton l'empressement de celle qui est occupée à une tâche très délicate mais ne veut pas perdre le client pour autant. comment lui signifier que client il n'est pas et que si elle veut continuer à travailler pendant des heures il veut bien continuer à l'écouter faire pendant des heures ? il ne connait même pas son nom. ne vous dérangez pas. il articule de sa voix râpée par le smog. il voudrait rajouter "ce n'est que moi" ou quelque chose dans le genre mais penser cette phrase lui donne un goût de gratuité ridicule. en effet ce n'est que lui, pourquoi avoir poussé cette porte, pourquoi être entré ? c'est absurde je ne sais pas pourquoi je suis là. je vais m'en aller. et de fait, avec toute la brusquerie dont son corps est capable actuellement, c'est à dire une brusquerie bien molle, il tourne les talons et pousse la porte.
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Re: Elle vous ira bien // Alceste & Bonnie.    Dim 17 Mai - 19:01


ELLE VOUS IRA BIEN.
Alceste & Bonnie.
Délicate, concentrée, une minutie sans failles quand le maillet frappe au millimètre près. Passer des heures et des heures dans le fond de cette pièce, en contrebas de tout le reste, comme une bulle, où elle se sent enfin chez elle. Voilà, ce qu’elle aime Bonnie, s’enfermer dans cette atmosphère.  Des couleurs claires, contrastantes cette cloison sans fenêtre, les flammes dansantes des lampes à huile, disposées autour d’elle, tel un halo de bienveillance. Le reflet de la vitrine, dans les innombrables bouts de métaux reposant sur le plan de travail, réverbérant ce vieux Paris, reflétant ce monde agité, qui, une fois la porte passée, ne devenait qu’un fond visuel.

Tu rentres, elle t’entend, tes pas en sont presque délicats. Comme si tu ne savais où te mettre dans cette boîte de cristal. Elle s’empresse, elle se dépêche Bonnie, la tête dans son bout de métal, une mèche, glissant de son oreille au rythme du tambour. L'impatience se fait, elle sent presque tes traits se figer d’ici, à quelques mètres de toi.

Se décidant d’enfin lever les yeux, d'identifier l’origine de ce tintement de clochette, elle te découvre, le regard fuyant, l’air embarrassé. Tu t’avises, décidant de partir, à peine rentré. C’est un battement que saute son coeur, quand elle te reconnaît, celui qui, de curiosité, osait s’aventurer devant les diamants brillants de sa vitrine. Se remémorant cette fois là, où elle était venue te parler, plus par bienveillance que par mégarde. Toi, dont elle n’avait réussi à soutirer qu’un simple prénom. Toi, dont elle voyait un je ne sais quoi d’un peu différent. Bien sûr, elle savait que tu n’étais pas venu là pour acheter du brillant, voulant juste savoir, pourquoi tes pas t’avait mené ici, maintes fois.

““A...Attendez.”

Qu’elle t’interpella, un peu hâtive, dans l’espoir que tu ne partes pas si vite, aussi vite que tu étais rentré. Pas encore une fois. La gamine fit quelques pas dans l’avant-boutique, se positionnant au milieu des miroirs et joyaux, poupée dans son château, vêtue de cotillon de piètre qualité. Un contraste certain, qu’elle n’avait honte d’arborer, un jupon blanc cassé, couvert d’une casaque beige écru, rien de bien audacieux, rien d’intrépide, mais assez confortable pour travailler toute la journée. Remettant cette satanée mèche derrière son oreille, une fine couche de suie vint s’étaler sur son front, rendant son hébétude un peu plus ridicule.

“Alceste, c’est bien ça ?”

Son regard empresse ta nuque, ce regard d’espoir, à l’idée que tu te retournes, que cette fois, ton courage soit plus brave que tes incertitudes. Celle qui d’habitude la timidité n’effrayait pas, celle qui, d’expérience, exprimait un ton empli d’assurance. Elle te glissa presque silencieusement, piteuse confusion.

“Faut-il vraiment une raison pour profiter un peu des belles choses ?”

Elle aimait se l’imaginer, que le temps d’un instant ses bijoux pouvaient dérober au quotidien, sa morosité. Que juste un instant, les belles choses pouvaient faire rêver les plus indifférents. Mais, loin de savoir si cela était ton cas, si ce n’était juste qu’un simple hasard de te retrouver là, la jeune fille voulait en avoir le coeur net.
Confuse, un regard évasif, elle conclut d’un air naturel.

“De toute manière, il n’y a pas foule ici … Il n’y a jamais vraiment foule.”

Une invitation à rester, un peu plus, un tout petit peu plus qu’à ton habitude.



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Re: Elle vous ira bien // Alceste & Bonnie.    Mer 27 Mai - 19:02

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voilà le secret de ma conduite
envers vous : il n'y a ni bonheur ni
malheur en ce monde, il y a la
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voilà tout.


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son rythme cardiaque s'accélère de gêne, d'adrénaline. il n'en a pas l'habitude et la sensation lui est proche du malaise. et en même temps, il doit le reconnaitre : c'est délicieux. délicieux de se laisser porter par un tempo différent, qui fait courir le sang plus vite dans les veines, qui réveille l'oeil voilé d'une tapisserie d'habitudes perpétuelles. il sent son corps comme un costume qu'il aurait loué à l'heure et dans lequel il n'est pas tout à fait à l'aise. il a connu pourtant pendant un temps les attitudes d'homme qui fait des achats pour son bon plaisir; plus le temps passe plus ses gestuelles d'avant semblent désuètes, appartenant à un autre dont il rirait maintenant.
petit coup au coeur quand il découvre son casaque, son jupon modeste. il avait présupposée sa richesse à l'emplacement de sa boutique, et se prend une piqûre de rappel : on se fait des idées préconçues des gens en permanence et la plupart du temps on est injuste ce faisant. c'est comme ça qu'on se passe à côté les uns des autres.
deuxième coup au coeur quand elle l'appelle par son prénom : elle se souvient. il a tellement l'habitude d'être insignifiant d'être l'ombre des arrondissements qu'il a fini par agir comme s'il était inexistant. une sorte de corps sans substance. et voilà qu'il est appelé par son prénom par une femme un peu magicienne. c'est cela, oui... il s'aperçoit avec un peu de honte que s'il ne connait pas son prénom à elle, c'est qu'il n'a pas demandé. c'est probablement par pudeur et maladresse, mais aux yeux des autres ce genre d'excuses n'est pas valable. et vous ? par manque de pratique sociale, il se sent audacieux en posant cette question si basique. envahissant. comme il a envahi son espace sans promesse d'achat.

pourtant il est toujours de dos et ne lui impose pas son regard. s'il avait le choix il déciderait de n'avoir des conversations que de dos. ce serait tellement plus simple, tellement moins effrayant. plus désarçonnant aussi, se rend-t-il bien vite compte : à ne pas voir son visage il ne voit pas de quelles expressions elle accompagne ses phrases, et il n'est pas assez fin analyste vocal pour se faire une idée à l'oreille. il se retourne, honteux. s'il avait cinq ans, on trouverait ce comportement charmant. vingt ans plus tard c'est carrément ridicule. les gens du quartier ne passent pas leur temps ici ? de ses cinq ans, il a encore aussi l'image naïve des bourgeois qui passent leurs temps dans les boutiques. et les images de femmes aisées couvertes de bijoux pour aller à l'opéra n'ont rien fait pour le démentir. ils n'ont pas de goût. en conclue-t-il, amusant malgré lui.

mille questions fourmillent dans son cerveau doucement réveillé par cette sortie du quotidien. il ne saurait choisir dans quel ordre les faire sortir, a peur d'être trop pressant. comment avez-vous appris ? ses yeux dévorent les bouts de métal, les pierres qui jonchent l'établi. les bagues reposant sur leurs délicats coussins de velours. imaginer qu'une seule personne a crée tout ça de ses doigts l'étourdit un peu. il pense au gâchis que la vie fait de certaines personnes en ne leur donnant ni l'occasion ni le temps ou l'argent de découvrir leurs capacités propres et ce faisant il pense à lui même, fils de révolutionnaires qui était promis à tellement plus qu'à un destin d'allumeur de réverbères. est-ce qu'il y a en lui un potentiel aussi fou ? est-ce qu'il aurait du être sculpteur ou philosophe ? qu'est-ce qui l'empêche de le découvrir à part la précarité qui est de toute façon déjà son pain quotidien ? ce qui l'empêche c'est sa passivité. son regard s'effondre sur les bijoux. s'effondre sur son avenir appartenant déjà au passé.
et puisque l'humain est humain, en réponse à cet effondrement, il sourit.
Bonnie Thellier

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Re: Elle vous ira bien // Alceste & Bonnie.    Mer 3 Juin - 15:44


ELLE VOUS IRA BIEN.
Alceste & Bonnie.
Il y avait ces rencontres d’un jour et des rencontres de toujours. Il y avait une main qui se tendait, ne sachant pas vraiment dans quel sens elle se mouvait. La folie de l’inconnu, espoir d’un petit pas en avant, espoir d’une amélioration. Bien plus qu’elle ne l’espérait Bonnie, quand le souffle coupé, tu décidas de ne pas t’enfuir, que l’on aurait même dit, que t’y portais un certain attrait. Chamade aux artères, tachycardie menant la danse sur une aiguille qui vacille. Elle ne sait pas Bonnie, elle n’y a pas réfléchi, à comment appréhender cette confusion, à comment faire face à ton hésitation. Même, si ça crève les yeux, que la gamine, elle meurt d’envie de t’ouvrir la porte, de te laisser rentrer dans le fragile château de cartes qui pourrait s'effondrer d’un souffle trop fort. Alors, rentrer dans ton jeu, y mettre des rondeurs, pour atténuer les angles.

“Bonnie. Moi c’est Bonnie. Enchantée.”

Syllabes qui glissent sur la langue, autant qu’elle peut. C’est une bulle qui vient envelopper l’atmosphère, laissant le reste sur pause, laissant les notes de piano, s’échouer au loin du gramophone. Tu te retournes, enfin, comme si ce regard persistant avait eu l’effet escompté. Gêne, dans ton corps trop grand, dans ce tablier d’adulte au regard d’enfant. Elle sourit, elle sourit Bonnie, quand ce qui franchit tes lèvres paraît être un compliment. Elle regarde autour d’elle, prendre le temps, détailler les précieuses qu’elle voit tout les jours, qui bercent son quotidien, que, finalement elle ne voit plus vraiment. Il est vrai que c’était beau, que c’en était presque luxueux. Mais la clientèle n’y était pas, elle ne la cherchait pas non plus. Loin d’être une commerçante de renom, elle préférait l’âme d’artiste à celle de négociatrice pour la bourgeoisie. Elle ne dit rien, appréciant tes paroles d’un plaisir un peu plus sincère au fur et à mesure qu’il se dessinait.

Les bottes figées, on aurait dit ton mutisme contagieux, les jambes nouées, en perdant ses bonnes manières. Te décrypter quelques secondes, suivant ton regard sur les métaux, les pierres, les opales. Essayer de lire un livre fermé, un soir sans lune, sans une pointe de lumière. Essayer de comprendre ce désespoir, qu’elle avait presque oublié autrefois. Mais Bonnie, c’était le genre positive, à en tirer le meilleur, pour laisser la noirceur derrière elle, pour l’offrir au passé. Alors quand ton sourire, pourfendit tes lèvres, que ta question s’écoula de ton coeur, la flamme aux mirettes revint, chassant les spectres des craintes, d’un revers de main.
“Et bien.. Peut-être que je pourrais te montrer ?”

Passer à toi. Vous auriez pu avoir le même âge. Dans les faubourgs, les bonnes manières ne sont que passagères, ne sont que futilités. Alors, le vouvoiement passé, dans l’espoir de te familiariser d’autant plus en ces lieux, de laisser à l'aristocratie ce qui est à l’aristocratie.
Elle se décale légèrement,  désignant d’un revers de main son antre à elle. Le contrebas de son royaume, celui caché aux yeux de tous, là où aucun client n’avait jamais été invité. Après tout, tu n’es pas un client. Le secret de ses confections n’est alors plus important, s’ils te sont dévoilés ? Cela pourrait casser cette pointe de mystère, mais après tout, cela était assez insignifiant.

Alors, elle t’invite, te désignant l’établi, petite pièce en retrait. Outils et matériaux éparpillés, un point d’eau et quelques ressources de premières nécessités. De quelques enjambées, légère, sur la pointe des pieds, elle descend cette fameuse marche tout en faisant attention de ne pas se prendre les pieds dans l’ancien tapis qui recouvrait presque toute la pièce.
“C’est de famille, dira-t-on.”
Question épineuse d’une vie trépassée. Pourtant, elle voudrait s’ouvrir, offrir un recueil de son expérience. Mais à quoi bon, quand ce qui y est écrit n’est que crasse et pourriture, alors, elle passe son tour, silencieuse aux lèvres. Son plan de travail sous les yeux, elle réfléchit, se retourne vers toi pour plonger pupilles dans les tiennes, encore une fois.
“Dis-moi Alceste, aimes-tu les bagues ?”

Ironie de la question, quand on dit dans les rumeurs, que par coutume un homme doit offrir une bague à sa dulcinée. Bonnie n’a jamais connu ce cas de figure là, bien qu’elle ne voudrait jamais le connaître d’ailleurs. Mais à en savoir ces moeurs existantes, elle en sourit discrètement, car pour un homme mal à l’aise, la situation pourrait paraître bien plus burlesque qu’elle ne l’était déjà.




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Re: Elle vous ira bien // Alceste & Bonnie.    Ven 12 Juin - 23:34

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voilà le secret de ma conduite
envers vous : il n'y a ni bonheur ni
malheur en ce monde, il y a la
comparaison d'un état à un autre,
voilà tout.


le comte de monte cristo, dumas

encore un nouveau dépaysement. bonnie prononce son prénom et il se rend bien compte que c'est un mot qu'il entend pour la première fois de sa vie. il est loin d'avoir tout vu et lu, alceste, bien loin. tout ce qui sort de la france lui est étranger; tout ce qui sort de la france le nargue : tu ne possède pas les clés (tu possèdes encore moins les clés) pour nous comprendre. bonnie. il se demande de quoi ça peut être le diminutif, jalouse presque l'idée que ça pourrait en être un. il n'a jamais eu, lui, de diminutif. on ne dit pas al à paris au vingtième siècle. on dit alceste, on s'astreint à le dire en entier, et il faut faire avec. il faut faire avec alceste. il éprouve un soulagement certain en constatant que son dos même s'il est retourné maintenant a au moins permis d'éviter qu'elle ne lui tende la main. il n'aurait pas su gérer un contact, trop ému, trop conscient de sa propre maladresse, de la moiteur au creux de sa paume, du léger tremblement qui agite ses doigts. il se contente d'opiner du chef, ce qui veut tout et rien dire. bonnie. c'est beau.

peut être que dans quelques temps, peut être s'il continue d'être attiré par sa vitrine comme un éphémère à la flamme, peut être qu'il sera capable d'apprécier le silence entre eux deux. pour l'instant se silence lui paralyse l'intérieur. il ne sait pas le laisser pénétrer les pores de sa peau, l'apaiser, pas encore. il ne peut pas s'empêcher de l'analyser. est-ce que j'ai fait quelque chose de travers ? est-ce qu'elle me juge ? oh les jolies filles l'ont toujours transi, toujours bloqué, même quand il jouait le cliché de l'étudiant ingénieur, même quand il courtisait mathurine. il savait juste encore faire semblant. être prolétaire rend beaucoup plus compliqué le concept de truquer. pour jouer la comédie il faut avoir le temps, pour avoir le temps il faut de l'argent. faire semblant est un luxe dont la bourgeoisie abuse tant.
il commence à réussir à lire sur le visage de la jeune femme, puisqu'il commence à oser le regarder. il se rend bien compte que son sourire de désespoir est devenu pour elle un soulagement, et de le voir chez elle provoque chez lui un effet miroir. il se soulage de son soulagement. par mimétisme il trouve un début de tranquillité. ce début de tranquillité néanmoins est bousculé par la proposition de la jeune femme. lui qui posait innocemment une question d'enfant se retrouve embarqué dans les coulisses, dans un monde qui lui est privé à elle, et elle aurait spontanément soulevé sa jupe devant ses yeux qu'il n'en aurait pas été plus gêné. et elle le fait heureusement à nouveau sans le toucher mais ce tutoiement c'est tout comme. alceste des faubourgs mâtiné d'une couche aristocrate par son père double considère le vouvoiement comme une constante, le tutoiement comme un privilège intime. s'il se sent troublé et flatté du sien, il se sait incapable de rendre la pareille.

et pourtant, sans savoir d'où lui vient cette audace, il la suit, aimanté par les bijoux, les pelures de métal, aimanté par cette femme dont l'énergie rayonne, qui semble n'avoir peur de rien, qui semble tellement à sa place dans le monde. vos parents vous ont appris ? il ne peut s'empêcher de demander. à qui l'arbre généalogique est brisé les savoirs en héritage fascinent. un fils qui se sent indigne est attiré violemment par une fille digne, qui maintien les idéaux familiaux.
il la regarde se mouvoir dans cet atelier secret, il n'a pas osé descendre la seconde marche et se tient là dans cet escalier minuscule à observer bonnie danser - car comment peut-on appeler autrement sa façon de bouger dans son antre ? elle virevolte insaisissable, droite dans ses bottes, à sa place. elle virevolte jusqu'à s'arrêter devant l'établi et de façon soudaine planter ses yeux dans les siens. ce rapport si proche il n'y était pas préparé et pourtant il ne recule pas, comme trop sonné par la proposition, comme s'il n'avait pas eu le temps d'autre chose. elle demande, elle passe à autre chose comme si rien n'avait de conséquence. petite merveille. petite virtuose de l'existence. les...les bagues ? il bredouille, car il pourrait penser toutes les déclarations du monde elles ne franchiraient jamais ses lèvres.
oui ! enfin, c'est...c'est beau oui ? les moeurs ont eu beau évoluer considérablement à la chute des croyances, alceste élevé par des parents eux mêmes élevés dans un climat encore très religieux n'a pas été éduqué à la beauté des choses, n'a pas été éduqué à croire qu'un bijou c'est tout à fait valable pour un homme également, et encore moins à un homme prolétaire. où est-ce que vous voulez en venir ? il ne bouge plus. il sait que s'il le fait, il risque de faire tomber tout l'atelier au sol et par la même occasion briser la magie. si sa maladresse était déjà grande, elle augmente de pair avec sa gêne. le voilà seul dans une arrière boutique avec une jeune femme qui le fascine et qu'il ne peut même pas appeler une amie encore. tout ça pour une histoire d'éphémère éternellement attiré par la flamme. la tête lui tourne presque.
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En société : Roturière des bas-fonds, clamant son innocence dans un silence. Activiste de l'ombre, portant à plus haute échelle l'humain que le dédain.
Organisation(s) : Assistante de l'ombre, dans l'Orme, elle voue entière espoir et confiance.
Besace : Quelques opales, des tiges d'argents, un paquet de gitanes pour abîmer un peu plus ses poumons.

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Re: Elle vous ira bien // Alceste & Bonnie.    Ven 26 Juin - 20:03


ELLE VOUS IRA BIEN.
Alceste & Bonnie.
C’est doux, c’est tendre. Elle en oublierait ses tourments, Bonnie. C’est une porte sur un autre monde qu’on lui tend. Penser à autre chose, se concentrer sur toi, tu es là, paraissant las de la vie et si curieux à la fois. Elle ne te cerne pas Bonnie, elle essaye, peut être qu’elle y arrive un peu, mais ton comportement, paraît si mystérieux dans le fond. Tu ne le fais sûrement pas exprès, c’est sûrement, juste l'appréhension de son monde, de son univers à elle, mais ce regard, turlupine, intrigue, la gamine aux reflets dorés.
S’ouvrir au monde, laisser l’inconnu descendre ses marches, quand pendant des années, elle avait renié tout intrusivité. Depuis sa mort, Bonnie, elle s’était renfermée, dans l’espoir de se guérir, se persuadant que le reste du monde n’était qu’une épine qui reste dans le sabot, qu’on appréhende d’enlever, par peur de la douleur furtive, en oublier le soulagement de l’après. Bonnie elle était restée dans le moment présent. Elle n’avait jamais pensé à l’après, à comment soulager, même si parfois l’instant est douloureux.

Et tu es là. Laissant l’épine, laissant la gamine se confier, virevolter dans sa tunique, le coeur emballé. Tu es là, comme un gamin effrayé, comme un chaton qui ne se rend pas bien compte de la situation. Et ça, ce bégaiement, cette maladresse, ça la fait rire. Un petit rire, profond, loin d’être moqueur, juste sincère de la naïveté de la situation. Deux gamins, qui ne comprennent rien, qui se laisse entraîner par la curiosité de l’un, et la singularité de l’autre.
Ta question résonne alors, son regard se noircit légèrement, à l’écho du mot crochu qui sert de parents.

“Mon père oui. Un homme bien trop avide pour représenter la beauté de ce métier. Enfin, j’ai plus appris par moi même, en le regardant faire.. J’ai été son ombre, sans qu’il ne s’en rende vraiment compte. Sans qu’il ne veuille s’en rendre compte, je pense.”


En effet, elle avait été les petites mains, dont il ne voulait pas, et parler de lui, était tout autant un effort. Mais pourquoi pas ne pas en faire, pour une fois ? Pour toi ? Elle leva son regard, petite fureur noire glissant sur les pupilles, imperceptible, mais présente, comme pour appuyer ses dires.
Revenir à son plan de travail, elle était debout face à la planche de bois, attrapant avec une pince un bout d’argent d’une forme ronde. De l’autre main, elle attrapa son chalumeau de fortune pour faire miroiter le métal.

“Et toi alors ? Fonctionnaire ? C’est pas trop dur d’allumer des réverbères ? Quelqu’un t’a appris ? ” ”

Sans un regard, concentrée sur la flamme ardente, elle avait eu l’oeil Bonnie. Elle l’avait remarqué, ton uniforme, celui qu’elle voyait sur tous les travailleurs de la nuit, qu’elle croisait une fois Paris endormi. Et il était vrai que ce métier posait beaucoup de questions finalement. On les voyait, on les ignorait, et l’on ne cherchait pas à en savoir plus.

Fixer le bijou sur l’enclume, le retravailler rapidement, l’observer, lueur dans l’iris, comme elle t’avait observé nombreuses fois quand tu n’étais que cette vague silhouette en face de sa boutique. Appréhension du résultat, crainte de ta réaction, mais elle voulait, elle se le devait Bonnie, ne sachant pas vraiment pourquoi.
Soufflant quelque instant, les lèvres pincées, refroidissant l’argent tout en le remuant dans les airs. Elle se tourna, une dernière fois vers toi, ce large sourire aux lèvres, indéniable signe de réussite, comme quand, enfant l’on réussit pour la première fois un chef-d’oeuvre que nos parents encadreront sur le mur pour dix ans.

“Et bien, je veux en venir à ça !””

Elle tend dans ta direction, cette bague, plus fine qu’une chevalière, mais plus épaisse qu’une alliance. Un mélange, indéfinissable, qui te définissait plutôt bien.

“Veux-tu l’essayer ? Je pense qu’elle vous ira bien, monsieur Alceste.” ”

Engouement aux joues, elles se teintent de rose, elle sent l’effervescence monter, à la fois gênée et intéressée du résultat. Se rattrapant, te laisser l’opportunité de ne pas te faire berner par ton embarra.

“Il m’est rare de pouvoir essayer mes conceptions sur les doigts masculins. Je voulais… tenter.” ”

Baisser le regard, s’empourprer, laisser la gamine en elle prendre le dessus, laisser agir la maladresse de la timidité, de s’ouvrir une nouvelle fois à l’inconnu, chose qu’elle avait regrettée, qu’elle ne voulait plus à présent, refouler.





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En société : petit prolétaire fonctionnaire qui fait ce qu'on lui dit tête basse. longtemps surveillé puisque huysmans l'état a bien vite décidé en riant qu'il n'avait pas la trempe ou les idées de ses parents et l'a laissé seul dans ses miasmes.
Organisation(s) : et pourtant alceste une fois l'attention d'état perdue s'est offert à l'ordre du plomb puisqu'il n'avait rien d'autre à apporter que lui.
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Re: Elle vous ira bien // Alceste & Bonnie.    Sam 11 Juil - 23:53

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voilà le secret de ma conduite
envers vous : il n'y a ni bonheur ni
malheur en ce monde, il y a la
comparaison d'un état à un autre,
voilà tout.


le comte de monte cristo, dumas

le moment présent : voilà peut être ce qu'alceste oublie en permanence, perdu dans ses rondes, dans un quotidien perpétuel qui anesthésie les réflexes de corps comme de pensée. voilà peut être ce qui l'éblouit chez bonnie. l'éphémère court après l'immuable, l'immuable après l'éphémère et tout ça produit un cercle épuisant, un cercle qui peut prêter au rire amer ou à l'attendrissement vu de l'extérieur.

pourtant alceste, à force de regarder la jeune femme se mouvoir, commence à lire dans ses gestes, commence à percevoir les variations, sentir les émotions et presque sentir la matière dont elles sont faites comme s'il s'agissait d'étoffes. il le perçoit donc bien, le léger changement qui s'opère dans ses prunelles. aveuglé par sa propre légende familiale il a enfoncé une lame là où il pensait ouvrir un livre de poésie intemporelle. immédiatement il s'en veut, immédiatement il cherche comment se rattraper, et pourtant se laisse ébahir des mots de la bijoutière. voilà quelqu'un qui lui parle franc, qui lui ouvre encore une porte, cette fois sur une souffrance profonde. elle n'a pas hésité une seconde à se confier et il n'imagine même pas où elle peut puiser cette force de parole, de sincérité aussi pure, de spontanéité quasi parfaite. il a beau fouiller, il ne se rappelle pas la dernière fois qu'il a parlé de sa propre vie, qu'il a évoqué ses souvenirs et surtout qu'il a évoqué sa blessure généalogique. avec un ou une presque inconnue, qui plus est. il a peur de fouiller plus parce qu'il sait, au fond, il sait déjà la réponse. jamais. jamais ne s'est-il ouvert aussi purement à quelqu'un. il se demande si cela fait du bien, si elle puise dans ses confidences la force de faire face à son passé ou si ce n'est qu'une façon de se complaire dans ses malédictions biographiques. malsain ressassement qui ne sert à rien. il n'ose pas demander alceste, n'ose plus : peur de raviver encore et plus cette noire lueur au fond des yeux de bonnie. alors, c'est que vous lui avez pris ce qui importe. voilà ce à quoi on est réduit quand on a peur de blesser l'autre : dire des banalités, des phrases périphériques pleines de bons sentiments. il s'en mordrait l'intérieur des joues presque jusqu'au sang mais bonnie virevoltant salvateur saute à la suite de l'histoire, s'empare de son chalumeau et continue le fil de la conversation.

elles résonnent étrangement en lui, ses questions. dans d'autres bouches elles seraient clairement ironiques et insultantes, et alceste a beau sentir tout autre chose chez son interlocutrice, il a trop le réflexe de prendre mal ces mêmes mots pour les prendre simplement. le réflexe d'être méprisé. c'est donc un rire noir qui s'échappe de ses lèvres, un rire qui sort d'un autre contexte, voué à une autre conversation. très très dur ! il ironise, et son intonation frôle la violence. il se sent soudainement si petit dans son uniforme et son sarcasme déplacés. à quoi bon cette haine qu'il ne fait que répéter ? à quoi bon cette chaine de dureté que les humains s'infligent ? pourquoi ne pas la briser ? non, personne ne m'a appris. enfin j'ai suivi un pauvre ère qui a peu de temps après succombé à son alcoolisme pendant deux jours, et puis j'ai repris le flambeau. c'est un sot métier praticable par tous. c'est une excuse pour éviter les trainards. et sa principale source de revenus. l'empire aime à croire qu'elle fourni de quoi briser la croûte à tous ses sujets, n'ayant jamais mis un pied dehors pour juger du prix de la vie. sans le trafic alceste ne serait pas mieux rendu que le pauvre ère qu'il évoque.
mais il préfère s'abimer dans les manipulations de bonnie plutôt que dans les affres de sa profession qu'il connait déjà trop par coeur, qu'il a déjà trop réfléchie pendant trop de temps, tellement plus de temps qu'elle ne le mérite. il observe avec l'émerveillement d'un enfant. il en oublie tout ce qui vient de se passer, le venin qui a tenté de s'emparer de lui, l'encre qui a coulé dans les yeux de bonnie par sa faute. et bientôt surgit le fruit de tout ces petits gestes si précis, si travaillés. une bague d'une finesse parfaite, magnifique de simplicité. il y a au monde des individus qui passent des heures entières à fabriquer un bijou pendant qu'ailleurs des corps s'effondrent d'avoir tenté de vivre : ça, ce seul fait là, qui fait voir la planète de l'extérieur, grouillante d'humains qui tentent et s'attardent, ce seul fait là on pourrait l'utiliser en définition de l'espoir.

il ne comprend d'abord pas quand elle lui tend l'ouvrage. il allait de soi qu'elle voulait juste qu'il l'observe de plus près, et il s'est avidement exécuté. mais voilà qu'elle le tend un peu plus et qu'elle l'oriente vers sa main, comme s'ils étaient devant l'autel. si bonnie n'avait pas rougi et balbutié, si elle n'avait pas hésité il est à peu près certain qu'il aurait encore pris peur, que quelque chose en lui se serait révolté. il prend beaucoup sur lui, sur ses blocages infinis et sa timidité insupportable, mais il tend la main, alceste. il tend la main et bientôt celle ci se trouve ornée pour la toute première fois par le savoir faire précieux de la jeune femme. ça me plaît. ça lui échappe, tellement c'est vrai. il contemple sa main burinée par le travail aux lignes encore pures pourtant, sa main ornée et elle lui plaît. et bientôt il la baisse, parce que dans ce bijou il y a une histoire qui se sent, toute une vie intérieure profonde derrière ce métal dépouillé. il fait fi de ses précautions précédentes, des bons sentiments et de la peur de blesser l'autre. il s'aventure parce que le moment l'appelle. quelle est votre histoire, bonnie ? comment êtes vous arrivée ici ? racontez moi. il conjure ce savoir faire qui rejoint tant sa sincérité spontanée. tout ça ne fait qu'un bloc, pleins de méandres. il veut avoir accès au reste.


Dernière édition par Alceste Huysmans le Mar 28 Juil - 15:17, édité 1 fois
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Re: Elle vous ira bien // Alceste & Bonnie.    Ven 24 Juil - 19:14


ELLE VOUS IRA BIEN.
Alceste & Bonnie.

C’est plus facile. Parfois, c’est bien plus simple d’ouvrir cette petite porte au fond de soi, à un regard que l’on connaît à peine. On n’appréhende pas cette réaction, on ne se doute pas de son jugement, car, on nage encore dans l’inconnu. Alors, parfois, on ose, on s’ouvre, on se confie dans le silence, d’un sourire nouveau.
C’est ainsi que Bonnie t’a offert cette petite place dans son château de cristal. C’est ainsi qu’elle t’a tendu cette main invisible, car quelque part, elle savait que tu ne pourrais juger, ou peut-être, que juste, n’oserais-tu pas le faire ? Et voilà, que tu avais descendu la première marche, il était trop tard.
Il ne manquait que la deuxième, pour te voir encerclé dans le monde de Bonnie.
Juste une deuxième.


Si la fureur dans ses pupilles s’était voilée dans les tiennes, des indélicates questions, dont elle ne savait ni mettre les formes, ni les arrondis, à l’amertume de tes palabres lui firent remarquer son indécence des mots choisis. Mais toi aussi, tu fais les efforts de cette rencontre, toi aussi, tu passes outre les mesures que l’homme s’impose dans les relations traditionnelles.
Il y avait-il quelque chose de traditionnel dans votre rencontre, finalement ? N’était-elle pas un poil poignante et touchante ? Cette rencontre ?
Elle ne saurait dire, Bonnie, pas encore. Elle voulait juste la vivre, là devant elle, car elle ne pouvait détacher ses iris, de l’émeraude des tiens.

“Je… En tout cas, c’est un métier très important. Et pas assez reconnu à sa juste valeur.”

Voilà qu’elle patauge Bonnie, rattraper ce qui ne devrait être que futilité. Mais elle veut bien paraître, la gamine, à tes yeux, je ne sais pas vraiment pourquoi, mais quelque part, elle veut juste être.

Fixer le scintillant, pupilles qui glissent de ton regard à ton doigt, qui constate d’un oeil trop expert, que le mélange des métaux te vont bien. Alors, le sourire en coin, le creux au bout des lèvres, te murmure, un peu plus rassurant.

“Garde-le, s’il te plait....”

Elle hésite, elle ne veut pas paraître trop importune, trop envahissante, alors elle s’affaire à ranger l’établi, le regard loin du tien.

“Bien sûr, si elle ne te plait pas, tu peux la revendre pour quelques francs. Mais je doute que tu obtiennes bon prix. Ce ne sont que les chutes d’une vieille argenterie de grand-mère."

Poser des barrières, des limites, car la peur, bouffe parfois trop vite celles que l’on ose défaire. Alors, elle se retient Bonnie, elle enfouit au fond elle, pour ne pas se retrouver dans le trop. Pour ne pas s’avancer dans l’inconnu, car c’est cela qui fait peur.
Mais, étonnamment, tu les délies, tu oses, tu le fais. Ta question. Un trou dans son coeur, un saut de battement. Elle se fige, quelques instants, dans cette petite pièce qui, d’un coup semble se rétrécir. C’est comme si tu avais descendu cette dernière marche, et qu’elle ne s’y attendait pas alors que c’était elle-même que t’y avait invité à le faire.

L’immobile se tourne, lentement, un peu perdue, le regard ne sachant où se poser. Le questionnement résonne dans ses tempes. Pourquoi ? Pourquoi cherches-tu ? Pourquoi l’immuable s’attarde sur l’éphémère ? Celui qu’il ne verra que pour un jour. En gardera-t-il l’écho pour toujours ?

Quelques secondes ressemblant à des minutes, peut-être même des heures, pour Bonnie. Elle s'avança dans l’arrière-boutique, remplit une théière de quelques petites herbes séchées qui trainaient au fond d’un sachet kraft et alluma le petit feu. Ses pas étaient doux, lents, comme si elle s'apprêtait à prendre la plus grande décision de sa vie, et que chaque geste était l’audace et le courage de ce choix.
Libérer une deuxième chaise de pacotilles gênantes. Les poser ici et là, rendant l'abîme un peu plus désordonné qu’il ne l’était déjà.  Voilà qu’elle leva enfin les prunelles vers toi.

“As-tu un peu de temps devant toi? “

C’était donc un oui.
En fait, elle en avait envie, se rendant compte des années, qu’elle ne s’était pas laissée aller, dans les paroles, dans les tourments, dans ce qui anime et habite.

“Mais, j’espère en savoir un peu plus sur toi, en retour ? Tu n’es pas un simple allumeur de réverbère, tu n’es pas juste un gamin paumé dans Paris. Et j’aimerais aussi connaitre l’Alceste qui te ronge. ”

Qui te ronge.
C’est l’air que tu donnes.
Et l'intérêt attise, ta curiosité miroite dans la sienne comme le reflet à travers le smog qui parcourt les diamants.

Le sifflement se fait entendre. Elle s’approche, au pas léger, répartit le reste de thé dans deux tasses, délicatement pour ne pas se brûler. La gamine s’approche pour t’en déposer une près de cette fameuse chaise, pour aller ensuite, s’installer sur la sienne.
Des minutes, des heures, devant vous ? Ne pas regarder l’heure. Car là, maintenant, c’est la dernière de ses préoccupations. Quand elle sait, qu’avec toi, elle va partager un bout de son âme, de son coeur, celui qu’elle ne faisait que voiler depuis trop de temps.

“Par quoi veux-tu que je commence ?”




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Re: Elle vous ira bien // Alceste & Bonnie.    Mar 28 Juil - 15:54

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voilà le secret de ma conduite
envers vous : il n'y a ni bonheur ni
malheur en ce monde, il y a la
comparaison d'un état à un autre,
voilà tout.


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ils sont tous les deux trop jeunes pour avoir connu les églises encore pleines, l'atmosphère d'une messe lourde de vendredi saint. quelques années de plus et ils auraient pu nommer ce quelque chose de sacré qui est venu envahir l'arrière boutique. soudainement l'air est lourd de la promesse de quelque chose de plus grand qu'eux qui vient les lier sans qu'ils ne sachent pourquoi ni comment. un fil semble s'être tendu du ciel jusqu'au sommet de leurs têtes et les faire plus droits, plus hauts, et leurs moindres gestes passer d'anodins à extraordinaires. bonnie et alceste sans pouvoir se l'expliquer ou se le formuler sont devenus plus qu'une femme et un homme à l'arrière d'une échoppe. ils le savent sans se l'avouer. et leurs maigres tentatives gênées de combler leurs maladresses par des phrases trop répétées depuis le début de cette civilisation n'amenuisent en rien ce phénomène, ne fait que les rendre d'autant plus touchants, humains - humain qui veut désespérément rencontrer un autre humain, rencontrer vraiment dans le sens profond du terme, s'affronter à sa propre vulnérabilité pour l'offrir à l'autre. ce n'est pas un rapport de service, de stratégie, de domination comme les rapports humains le sont bien souvent. rapports de profits, de prise d'avantage sur. ils s'offrent sans combat insurmontable.
alceste sourit - peut être se sent-il moins seul dans ses bégaiements, peut être savoure-t-il le fait de n'être pas le seul être maladroit, de ne pas avoir à se demander une énième fois pourquoi tout le monde semble avoir trouvé sa manière d'évoluer dans la vie sans difficultés et pas lui. se sentir moins seul dans un monde de smog où tout le monde tire son épingle du jeu au mépris des autres et du partage.

mais voilà qu'elle referme sa main sur le bijou, qu'il reste là, son poing délicatement serré et orné. garde-le. garder quoi. son esprit met un temps à réagir et il rate le moment où il aurait eu l'espace de répondre de façon adéquate, le créneau où il aurait pu refuser sans être malappris et grossier. c'est trop tard. sa main est refermée pour toujours sur la bague. sa misère est désormais parée du plus bel atour - il lui semble contraster tellement avec le fin ouvrage, toute sa personne, tout ce qu'il représente et tout ce que cette bague, elle, représente, qui est si différent de lui. ça lui semble si paradoxal, de se voir offrir une chose pareille, et même si bonnie s'empresse de justifier son geste en remettant en question sa valeur. jamais quiconque ne lui a offert une chose aussi précieuse, point final. comme avait l'habitude de dire sa mère yvonne, c'est de la confiture au cochon. bonnie, je vous en prie...je ne suis pas assez bien pour posséder une chose pareille. il est assez intelligent pour savoir qu'un individu n'est jamais pas assez bien ni trop bien ni trop mal, que tout ça ce sont des notions relatives et subjectives, que ça n'a pas de sens, et il serait capable de dire à un ami qu'est-ce que tu racontes idiot ça ne veut rien dire, mais son regard sur lui même semble si évident et sans appel qu'il est incapable de retenir la phrase.

il est reconnaissant à la jeune femme de se détourner, de s'occuper les mains, de respecter sa pudeur et la sienne. se sentir regardé maintenant lui aurait sans doute été d'une violence insoutenable. il se souvient d'avoir entendu parler d'intelligence de la vie sans vraiment comprendre ce que cela signifiait, et l'expression prend soudainement tout son sens : la bijoutière a une vraie intelligence de la vie. elle s'affaire, met de l'eau à bouillir, il la regarde hypnotisé manipuler ce qu'il imagine être du thé - il n'en a pas vu depuis des années. il espère (et ne peut faire qu'espérer) qu'elle accède à sa demande, avec toute la délicatesse dont il est capable. pourtant, s'il sait qu'il a métaphoriquement déjà franchi cette frontière, il prend son courage à demain, abat cette limite invisible en lui, et descend physiquement la deuxième marche. il se retrouve au même niveau qu'elle. c'est mieux. il déguste son audace minuscule. le reste, ce n'est que de la gourmandise, ce n'est qu'un privilège qu'elle a le droit de ne pas lui accorder, il s'en contentera. tout ce qui vient de se passer est déjà si précieux.
et pourtant, là, dans un silence profond, sacré encore, elle accepte. elle lui tend une chaise comme d'autres tendent leurs coeurs. il ne discute pas, il s'assoit. il hoche même la tête. je vous dirai tout ce que vous voudrez. et cette fois, ce n'est pas une manière, pas une politesse, cette fois il est parfaitement sincère sans s'avancer sur ce qu'il ne peut promettre. à bas ses réserves et ses pudeurs inutiles. il veut la suivre sur cette légèreté absolue qui lui est parfaitement étrangère. si on accepte de ne pas le garder coincé en soi, rien n'est une tragédie insurmontable. c'est ainsi sans trop y réfléchir qu'il enchaîne sur la suite, qu'il répond immédiatement à sa question. pourquoi êtes-vous seule ? si sa solitude est d'une poésie à faire trembler le coeur, si sa propre solitude à lui lui semble aller de soi, il en vient néanmoins à se demander pourquoi les gens sont seuls, si seuls. peut être sa question est trop frontale, trop violente. peut être va-t-elle la blesser. il est au bord de sa chaise, prêt à bondir sur sa maladresse, comme il est au bord de son coeur.
Bonnie Thellier

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Activité : Bijoux aux bouts des doigts, délice des mains, l'œil pointu dans la structure du diamant, confectionner les plus beaux apprêts, amour de l'art et de la matière. Joaillière, Orfèvre
En société : Roturière des bas-fonds, clamant son innocence dans un silence. Activiste de l'ombre, portant à plus haute échelle l'humain que le dédain.
Organisation(s) : Assistante de l'ombre, dans l'Orme, elle voue entière espoir et confiance.
Besace : Quelques opales, des tiges d'argents, un paquet de gitanes pour abîmer un peu plus ses poumons.

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Re: Elle vous ira bien // Alceste & Bonnie.    Jeu 24 Sep - 22:29


ELLE VOUS IRA BIEN.
Alceste & Bonnie.

Une pause. L’aiguille de l’horloge saute un battement, saute d’un bond dans le temps. Se figer entre le présent, le futur et ce qu’il reste du passé. Comme un souffle mécanique qui s’immobilise, pour ne pas paraître trop pressant. Et voilà, que tu frôles la sincérité, que tu inspires la véridicité des mots, des gestes.
Il est drôle de voir comme une âme en peine peut s’ouvrir quand l’on effleure le bon endroit, comme une vieille boîte à musique à l’ouverture secrète. Qui paraît terne, au premier abord, et qui, une fois ouverte, offre la mélodie que tout enfant rêve d’entendre un jour. Voilà comment Bonnie se sentait, comme cette vieille boîte à musique, au fond du grenier, pleine de poussière.
Une deuxième fois, peut être une dernière. Hésitation s’étant transformée en bravoure, l’intrépide naissant dans le creux des paumes.

Elle s’assit, face à toi, essayant de ne pas paraître fragile, car si elle avait bien horreur de quelque chose, c’était de cela. La pitié, les yeux attristés, la considération de ceux qui ne comprenaient pas. Voilà. Mais tu n’étais pas de ceux-là. Tu avais des choses à dire, toi aussi. Tu avais des choses à libérer, et tu le transpirais.

“Et bien… Je pourrais dire, que je l’ai choisi, que ce mode de vie me convient. Que la vie a fait ainsi, les choses. Mais je te mentirais. Et je crois qu’entre nous, il n’est pas question de cachotteries, ou d’apparences.”

Chercher ses mots, encore et encore. Prendre sa tasse, touiller le mélange des plantes sorties pour les grandes occasions. En était-ce une, après tout ? Ce n’était pas tous les jours, qu’elle ouvrait les blessures grossièrement recousues. Fuir ton regard, se perdre dans le tourbillon de la porcelaine.

“A vrai dire. C’est assez simple. J’étais amoureuse, fut un temps. Un grand amour, un de ceux, que j’espère tout le monde connaît un jour. La vie était sympa, c’est grâce à lui, que j’ai la chance de pouvoir vivre de, ça.”


Une main qui s’écarte, pour y désigner son antre. Pour te montrer tout ça, tout ce qui brille autour de toi, de vous. Elle est sérieuse Bonnie, la froideur parcoure ses veines, se glisse dans son coeur. C’est fragile, mais supportable. Assez pour se livrer, comme elle le fait.

“Mais, la vie me l’a pris. Enfin, je dirais plutôt, eux. Ils l’ont arraché à son frère, à sa famille, à ses amis. A moi. ”

Et dire que tu pourrais en être, de ceux-là, après tout. Qu’elle pourrait se livrer, au prix de sa vie, à ceux qu’elle fuit, à ceux qu’elle traque, à ceux qu’elle déteste plus que tout. Mais non, c’était autre chose qui brillait. C’était l’espoir, qui brillait dans ses iris, comme lorsqu’on jette une bouteille à la mer. Qu’on espère que quelqu’un entende notre sos, comme tu entends, cette parcelle d’histoire.
Se faire plus petite sur cette chaise trop grande, regard fuyant qui s’aventure, tout de même, sur ta réaction. Faire semblant, que tout va. Comme toujours. Comme elle a toujours fait.

“Voilà, c’est aussi simple que ça. Depuis je suis seule, ici et là.”


Ce serait presque un haussement d’épaules, ce serait presque une indifférence qui se lirait. Pour y cacher les débuts de cristaux naissants aux coins des yeux. Et le silence, loin d’être pesant, celui qu’elle ne savait plus percer avec ses jolis mots, avec ses papillonnements. Non, là c’était autre chose qui venait hanter Bonnie. Faire tomber les cartes, pour te laisser l'occasion d’y glisser les tiennes.





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