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 soleil noir // cam

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Gustav Cortenbach

Gustav Cortenbach
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Date d'inscription : 03/05/2020
Alias : belacqua - chloé (elle)
Portrait : Jon Hamm, étangs noirs
Activité : Alchimiste de l'Ordre de Mercure. Rafistoleur de carcasses sous le manteau, chasseur de chimère aux relents de désespoir.
En société : Bourgeois hédoniste, créature de rêve ou pire des crevures pour certains...
Besace : Son ego qui déborde, fort probablement

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soleil noir // cam    Dim 10 Mai - 22:05



Comme les aiguilles d’une horloge qui rebondissent avant de sonner minuit. Un cercle sans fin, spirale autophage, au sein de laquelle on ne voit ni le début, ni la fin. Éternelles disputes, éternelles excuses, piètres justifications qui se superposent. Ils ont leurs blessures mais refusent de les voir, de les accepter ; alors, on rembobine, deux pas en arrière, on oublie la dispute pour mieux la raviver quelques nuits plus tard.
Comme tout ce qui semble avoir émergé de leur couple, la dispute est stérile, inconséquente.

Maud balance ses problèmes de riche pour mieux contourner le nerf de la guerre. Gustav s’écrase pendant quelques minutes, lambine, se tourne les pouces, contre-attaque. Il pouvait être porté par la même virulence que feu son patriarche, lorsque sa femme allait trop loin, piaillait trop fort, le critiquait lui plutôt que ses actions. A partir du moment où elle lui infligeait : Gustav, tu es… c’était fini. Il laissait la frustration le dominer, finissait par claquer la porte, de la fumée éructant de ses narines dilatées.

Caricature et pourtant, si réaliste.

Avant de partir, il croise le regard d’Assomption, alors il lui tire son chapeau en tout bien tout honneur et ferme délicatement la lourde de porte de l’immeuble. Il serait inconvenant de claquer la porte à la trogne de leur employé, qui n’avait rien à voir avec toutes ces disputes, même si Gustav, dans son agacement, la soupçonnait d’une éventuelle solidarité féminine avec sa femme. Peu importe. Maud pouvait bien se plaindre à Assomption si elle le souhaitait – la connaissant un minimum, celle-ci mimerait probablement l’intérêt avant d’aller se coucher. Les disputes du couple faisaient parti du décor, du contrat.

Il fait nuit quand Gustav s’échappe. Il n’a qu’une idée en tête. Cam. Rien n’enragerait plus sa douce femme de le savoir en compagnie de l’égérie de l’Appolonide. Un lieu de mauvais goût, avait protesté Maud lorsqu’il lui avait proposé d’y passer une soirée. Il savait pertinemment qu’elle n’aurait supporté de croiser une personne avec qui Gustav l’avait potentiellement trompée, bien qu’elle n’eût aucune preuve concrètes des dites tromperies. Et qu’elle ne l’avait jamais accusé frontalement, d’ailleurs – néanmoins, il s’agissait de l’un des abîmes de leur couple, Gustav en était conscient.

Une fois immergé dans l’atmosphère feutrée du café, victime de mille mirages, agrippé par des dizaines de fourmis qui le poussent, l’effleurent, le dérangent, probablement trépignant d’envie de se délecter des quelques notes du ténor, il se réfugie vers le bar, impeccablement lustré. Gustav est un animal social et pourtant, ce soir, il n’a aucune envie de se confondre en banalités.

Un verre, deux, puis trois. Il s’arrête là. Son âge et son absence d’inclination à l’addiction tracent suffisamment bien les limites. Sortir ses yeux du fond du verre lui permet de remarquer une touffe de cheveux noirs bien connue.

- Hé… surprise, souffle t-il avec un sourire télescopique.

Gustav a beau être le plus vieux, des deux, il est souvent le plus gamin.

- Je ne sais pas si je dois être triste de ne pas t’entendre chanter ce soir… ça fait longtemps. Mais de l’autre côté… on peut discuter.

Est-ce que l’ivresse lascive transperce son ton râpeux ? Gustav n’en a cure.

A vrai dire toutes ses pensées convergent vers un seul point, pour mieux s’y cogner.
@Cam Valérys
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Re: soleil noir // cam    Mer 20 Mai - 16:56

il est de ces jours où le chaos prend son repos, de ces jours où il ne passe rien de vraiment trépidant. c’est la plus grande hantise de cam, que l’ennui finisse par s’installer. pas tant la routine, bien qu’à ses yeux elle paraisse pareillement monotone, mais réellement l’ennui. les sentiments vides et l’esprit amorphe, ne sachant que faire et olorsque plus rien ne donne envie. pour un homme ambitieux sans but concret dans la vie, il se nourrit de ces pulsions d’improbabilité. l’instabilité comme source de son existence.
alors oui, il est de ces jours plus paisibles que d’autres, toutefois cam n’arrive pas encore au point de non retour, à se dire que si les méandres sont moins anguleux ce n’est pas parce que son aventure arrive finalement à sa fin. la tranquillité fait partie du jeu ; même lui y perdrait son âme si tout n’était que chaos sans l’ombre d’un répit. alors il accepte à bras ouverts, embrasse cette sérénité offerte comme don pour se ressourcer.
néanmoins, dire que la vie – en tout cas la journée – est un long fleuve tranquille serait un mensonge. tout n’est jamais parfaitement paisible. paris referme mille et une merveille, et autant d’horreurs. un rêve pour un cauchemar. et souvent il a cette sensation que l’apollonide est un microcosme représentatif de la ville. c’est peut-être la raison pour laquelle cam y a atterri, la raison pour laquelle il s’y sent aussi bien, la raison pour laquelle il traîne toujours même lorsqu’il ne doit pas y travailler. comme ce soir.

cette soirée est bien venue assez vite malgré la journée qui ne sera pas marquée d’une croix de couleur dans son calendrier – qu’il n’a pas de toute manière, si cam était une personne organisée et fonctionnelle, ça se saurait. et l’crooner arpente la salle, les verres, les fauteuils et surtout les gens. petite vedette de ces lieux, il ne lui est pas difficile de se faire remarquer assez pour qu’on lui adresse la parole et qu’on lui tienne compagnie. il n’est pas non plus bien dur de soutirer subtilement des informations que ces clients ivres d’alcool ou seulement de l’ambiance ne devraient pas dévoiler. des informations qu’il note toujours sur son petit carnet, habitude qu’il a pris il y a vingt-quatre ans de cela – bien que le carnet ait changé depuis. cependant, ce soir les gens ne sont pas non plus de bonne compagnie. cam commence à soupirer, se dire que c’est définitivement vain et ses espoirs pour ces vingt-quatre heures sont infondés. pourtant, peut-être est-ce une illusion désespérée de sa part mais, il est persuadé que la nuit est plus prometteuse que seulement une sombre sérénité.
promesse qui apparaît finalement, sous des traits qu’il ne connaît que trop bien.

sa première pulsion est évidemment d’aller le voir. bordel, qu’est-ce qu’il a envie d’aller le voir. la seule personne qui soit véritablement intéressante en cet instant, bien que gustav soit presque toujours la personne la plus intéressante, à ses yeux. même séparé de plusieurs mètres et plusieurs personnes insignifiantes, son corps est naturellement magnétisé vers le sien. malheureusement, il reste cloitré sur sa chaise, l’homme qui lui tenait compagnie jusqu’à maintenant lui tient encore la jambe – métaphoriquement, bien que cam ne doute pas un seul instant qu’il aimerait que ce soit dans un sens plus littéral. cam n’bosse pas aujourd’hui, que ce soit en tant que chanteur sur scène ou dans les draps, mais le client se fait insistant et il n’arrive même plus à l’écouter. il observe son ami avec une étrange intensité. l’évidence de son mal être est encore plus claire que le cristal des verres dans lesquels il essaie de s’oublier. cam oublie complètement l’homme inintéressant et se lève après avoir fini d’une seule gorgée la fin de sa propre boisson.
ses pas le mènent évidemment jusqu’au scientifique, qui le repère immédiatement. le contraire l’aurait étonné ; il est même à peu près sûr qu’il a senti sa présence non loin de lui mais n’a rien dit. il sourit, mais son sourire a quelque chose de triste, alors cam ne sourit pas en retour. il se pose simplement à côté de lui, leur interaction simple, alors que leur relation n’a rien de simple, et pousse son verre sur le comptoir pour qu’on le resserve sans qu’il n’ait besoin de le demander explicitement.
ça va être une nuit d’ivresse. la remarque de gustav réussit à lui soutirer un sourire, détruisant son air un peu grave, non contrôlée, face à l’état visible de celui-ci. « tu sais très bien que je peux chanter juste pour toi, si tu le demandes. » son doigt se pose de lui-même et délicatement sur son torse, comme pour accentuer ses propos. son sourire perdure, parce que gustav a cet effet là sur lui. il ne se sent jamais plus lui-même que lorsqu’il est avec lui. et ce depuis toujours. drôle de sensation, laquelle il ne veut pas trop analyser.

son verre arrive, de nouveau plein, et cam ne se fait pas attendre pour l’attraper et le lever entre eux, à la hauteur des yeux, comme pour trinquer. « dispute avec maud ? » c’est plus une affirmation qu’une réelle question, bien au courant de sa vie et son histoire. s’il arrive péniblement à cacher son dédain pour sa femme, il ne cherche pas non plus à feindre une fausse sympathie. maud ne l’a jamais aimé, et c’est tout à fait réciproque. par jalousie ou parce qu’il pense qu’elle n’est pas bonne pour lui – pensée qui doit aussi être réciproque, ironie. « tu restes là cette nuit ? » cette fois-ci c’est un peu plus une question, il espère. la logique voudrait que oui, le couvre-feu n’est que dans peu de temps et il voit mal gustav rentrer chez lui alors qu’il est venu jusqu’ici pour se distraire, mais cam c’est comme s’il repartait en ces temps d’adolescence et d’incertitude. une part de lui veut gustav, et ça a toujours été le cas, mais s’il ne l’avouera jamais. leurs vies ne sont de toute manière pas compatibles, et ça n’a jamais été les fondements de leur relation, qu’il croit. « autant faire quelque chose… d’amusant, alors. » son air grave et intense se dissipe peu à peu, son sourire un peu plus rayonnant et enfantin, le sourire qu’on lui connaît habituellement, alors qu’il décide de profiter de ces instants où il peut être avec gustav, sans perturbation extérieure. il a eu l’temps de prononcer deux phrases que son verre est déjà à moitié vidé. oui, ils vont probablement finir ivres.
Gustav Cortenbach

Gustav Cortenbach
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Re: soleil noir // cam    Ven 3 Juil - 17:33

Il songeait parfois qu'il aurait dû se sentir comme un monstre, comme une enflure. Pas parce qu'il le faisait, mais plutôt parce qu'en suivant, il n'en pensait vraiment rien. Il ne voyait pas cela comme de l'irrespect envers Maud. Il respectait profondément sa femme pour la personne qu'elle était, dans toutes ses contradictions qui, tout en étant fortement agaçantes, lui apparaissaient comme sublimes et lui rappelaient, à de nombreuses reprises, pourquoi il était tombé amoureux d'elle, un jour de pluie, il y avait un peu plus de vingt ans. Deux fois dix ans, un temps pour grandir et l'autre pour regretter. En observant le visage fébrile de Cam sous la lumière tamisée, il osa se demander, pour la première fois lui semblait-il, si lui aussi, il n'avait plus l'air jeune.

Quelle idée terrible ! Il s'était toujours délecté de son apparence physique, de sa noble bonhomie, de ce petit miracle biologique qui l'avait doté d'une silhouette le rendant à la fois séduisant et affable. Son père avait été conçu sur le même modèle, un petit ventre replet en plus à l'aube de sa cinquantaine. Tout bien réfléchi, sa hantise personnelle n'était pas d'avoir l'air vieux, ou même laid - il avait bien d'autres qualités qui outrepassaient sans difficulté son physique avantageux, mais bel et bien d'avoir l'air malade. Faible. M a l a d e. Ces six lettres le terrifiaient dans ce qu'elles avaient d'inéluctable, encore plus lorsque succédait un point final. Il avait étudié la médecine, il connaissait la théorie, mais depuis quelques années, la pratique s'imposait à lui et ce constat lui déplaisait fortement.

Alors, il jeta un coup d’œil autour de lui, dans l'espoir un peu naïf de se sentir ressourcé par l'ambiance grisante de ces lieux obscurs, saturés par la sueur des convives. L'Appolonide se voulait élégante mais une fois ceux et celles qui la fréquentaient ivres morts, elle devenait aussi vulgaire que le reste des bouis-bouis parisiens. Il était intéressant d'observer à quel point l'être humain se montrait laxiste en termes de standards lorsqu'il était venu le temps de s'amuser. S'il y avait à vrai dire une seule personne qui ne se montrait jamais laxiste, c'était bien Cam. On aurait pu le croire fébrile et trop joyeux, mais Gustav savait intimement que Cam ne subissait jamais trop rien. Il y a des gens qui peuvent dire stop et rembobiner, les autres se contentent de grappiller quelques images au passage.

Ce qu'on peut deviner aisément de Cam, au passage, c'est qu'il aime la gnôle, car l'homme derrière le bar n'a même pas besoin de lui demander ce qu'il souhaite, que le trentenaire est déjà resservi. Tel un petit roi. Vraiment, mais vraiment, Gustav se demandait ce que l'Appolonide ferait sans leur star de la cité, leur crooner en chef, leur égérie, en somme.  

- Certes, certes... mais je sais aussi que le bonheur des artistes, c'est leur public... et n'avoir qu'une seule paire de yeux rivés sur soi, surtout les miens - tu es habitué, ce n'est pas très drôle.

Il se fend d'un sourire, parce qu'il se sent âgé et que Cam est encore très jeune. Cela ne lui avait jamais sauté à la figure - du moins, pas autant que ce soir là, où il avait l'impression de tout voir via un miroir sale et déformant. Ils trinquent, clic, clac,, le fêtard qu'il est ressent, l'espace de deux secondes, une euphorie profonde et incontrôlée. Il aimerait que sa vie se résume à cela : une succession de verres et de secondes d'euphorie, en alternance pour qu'il n'ait jamais le temps de les regretter. La question de son ami semblait purement rhétorique : seule Maud Cortenbach était capable de pousser son mari à l'exil. C'était pour cela qu'il l'avait épousée, d'ailleurs. Sa force de caractère qu'il enviait, secrètement et passionnément.

- Si évident que cela ? s'amuse t-il, un sourire en contrebas. Ce sont toujours les mêmes sujets qui reviennent. Parfois, j'aimerais que l'on ait 25 ans de nouveau, pour réapprendre le calme et, avec de l'ambition, la sérénité, même.

Incorrigible bavard qu'il était. Gustav avait ouïe dire d'un vieux cliché français qui dépeignait les allemands comme des gens réservés mais au contraire, il avait toujours trouvé que ses compatriotes francophones pouvaient donner le change en termes de froideur sociale.

- A mon avis, la porte est fermée et Maud a jeté la clé de secours...   ronchonna t-il faussement.

Maud ne ferait jamais cela. C'était juste pour le plaisir honteux de casser du sucre sur le dos de sa femme, qui n'était pas plus responsable que lui de la situation dans laquelle ils s'étaient retrouvés. Or, Gustav le savait, c'est lui qui était le plus à blâmer.

- Va pour l'amusant, te connaissant, tu dois déborder d'idées. D'ailleurs, je dévie de la conversation, mais ton copain là-bas était de bonne compagnie, j'espère ? demanda t-il innocemment, en daignant cacher la pointe de jalousie qui venait le tourmenter de temps à autres.

La chose intéressante qui résultait de sa relation avec Cam était la suivante : leurs liens, qui remontaient maintenant à une petite vingtaine d'années, longeaient un couloir sombre, dans lequel on pouvait trouver des portes, des portes qui s'ouvraient sur d'autres temps, d'autres lieux, d'autres eux et qui révélaient le pourquoi du comment, les "et si ?", les dans une autre vie. Avec des si, on refait le monde. Une énième pratique de rêveur, cependant, à presque quarante-cinq ans, Gustav Cortenbach venait à peine d'en comprendre l'intérêt.
@Cam Valérys
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