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 lumière crépusculaire cadenassée.

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lumière crépusculaire cadenassée.    Sam 9 Mai - 13:24

le lit est resté intouché.

la sensation qui l’envahit à la réalisation est étrange. ni déception, ni soulagement. ni négatif, ni positif. juste un sentiment flottant chaud dans tout l’corps mais loin d’être agréable, qui le perturbe. ce qui est encore plus – ou du moins tout autant – étrange, c’est qu’il sait qu’il aurait eu le même sentiment étrange s’il était venu trouver un lit touché.
n’connaissant que peu l’jeune homme, mais ayant la présomption juste d’être bon pour discerner les gens, il s’doute qu’alceste ne serait pas du genre à déserter les lieux avec un lit défait. maison inconnue où il est concrètement un intrus, ce serait même plutôt étonnant qu’il ne s’attelle pas à étirer les draps dans l’but de les remettre comme ils étaient avant de les froisser, jusque dans la précision du pli. peut-être cam se trompe-t-il, en tout cas c’est ainsi qu’il le perçoit. néanmoins, il lui apparaît clairement que ce n’est pas juste un lit rangé, tout simplement un lit abandonné.
à dire vrai, il n’est pas non plus foncièrement surpris – il ne l’est pas du tout, même – que de constater qu’il n’est pas venu s’abriter et se reposer quelques heures dans cet antre éphémère offert. cam sait très bien que ce n’est pas parce qu’il lui tend des clefs ou des portes ouvertes, qui ne lui appartiennent même pas, que le prolétaire les utilise. pas non plus qu’il vérifie à chaque fois si ça a été le cas. c’est même plutôt rare ; il considère qu’il mène sa vie comme il veut, et de toute manière ça l’intéresse peu de voir s’il a accepté son aide ou pas.
sauf ce matin – sonnent les coups de midi –, il s’est réveillé en pensant au client qui a passé la nuit à l’apollonide en sensuelle compagnie, auquel il a chouré l’passe-droit de sa maison pour qu’une autre personne – alceste – en ayant meilleur usage. il s’est réveillé en pensant à lui. quelque peu épicurien, il n’a jamais été du genre à se restreindre dans ses envies, et ce n’est pas maintenant qu’il va commencer.
toutefois, maintenant qu’il a assouvi cette pulsion, il en a d’autres ; ironie rieuse. il a envie de connaître l’jeune huysmans.

la journée passe, après qu’il ait remis discrètement les clefs à leur place d’un geste habile et habitué avant que le client ne s’aperçoive de quoique ce soit – quoiqu’il soit encore entrain de voler bien haut grâce à sa nuit passée.
la journée passe, il vaque à ses occupations, et pourtant il n’arrive pas à se le sortir de la tête. ce n’est pas nouveau qu’il est intrigué par alceste, c’est bien parce qu’il avait envie de le connaître qu’ils se sont rencontrés. et non pas parce qu’il est le fils de, mais réellement pour sa personne. étonnamment, cam n’est pas son naturel sociable avec alceste. il n’est pas nécessairement timide, c’est juste l’aura qui se dégage de lui qui le perturbe, d’une belle manière. alors il lui tourne autour depuis quelques semaines – encore plus qu’ils ne se tournent autour, à deux – sans oser faire un véritable grand pas vers lui. et plus l’temps passe, et plus il a envie de le connaître. pour lui, pas ses parents.

ce n’est pas encore l’couvre-feu, mais on n’en est pas tout à fait loin ; dans une ou deux heures le glas tombera. bien que ça n’a jamais été un problème pour cam. pas véritablement rebelle, il est trouble-fête à sa manière, à son échelle individuelle, faisant fi des règles dès que ça lui impose une obligation dont il se passerait bien. surtout alors qu’il sait que le métier de l’homme de ses pensées de la journée flirte avec ce fameux couvre-feu, et que c’est le meilleur moment pour tomber sur lui.
ses pas dansent sur le pont des arts ; tournent, claquent, sautent, apprécient le bruit du bois en cohésion avec le poids de son corps. il ne connaît pas les rondes de l’allumeur des réverbères, ne sait absolument pas s’il passera dans l’coin. cam mise sur sa chance. puis la vérité est qu’il aime tout simplement le quartier. le crépuscule est poétique sur les rives de seine ; alors que le soleil entame sa sortie pour laisser la place à la lune, l’ancien prolétaire se méprend à imaginer que le smog omniprésent est en fait, pendant ces quelques instants, la brume qui provient de la scène alors que la nuit s’élève. il aime aussi ce pont qui est fait de bois, contrastant avec le bitume des autres.
le presque quadragénaire qui n’a peur de rien, saute sur la rambarde des arts, d’où il peut admirer de loin le pont neuf et l’île de la cité. il aime paris, dans sa beauté et ses vices.

alors qu’il continue de danser, sa main glissante et pourtant bien agrippée au lampadaire et qu’il tourne tout autour en sautant sur les rambardes de part et d’autre, manquant habilement de se rétamer dans la seine, il se stoppe net à la vue d’une figure. sourire ; sa chance est aussi lumineuse que sa bonne étoile. toujours accroché à son lampadaire, il n’attend pas qu’alceste vienne l’allumer pour faire connaître sa présence. « bonsoir. » sa tête sort de derrière le réverbère, corps contorsionné dans une drôle de position, bien qu’il soit trop fin pour le cacher de toute manière. « toujours bien seul à allumer toutes ces lumières. » lumière dans l’noir, espoir. cam n’a pas l’excuse de venir lui réclamer les clefs, alors qu’elles étaient en sa possession et qu’il lui avait seulement déverrouiller la porte s’il venait à se réfugier dans l’appartement. non, il est juste venu traîner dans ses pattes pendant qu’il travaille. il y a comme une aura d’errance autour des deux, aucune raison d’agir, sauf que l’un en jouit et pour l’autre c’est encore incertain. autant qu’ils soient seuls à deux, pour ces quelques heures en tout cas. et cam sait que s’il n’assouvit pas son obsession du moment, il ne passera jamais à autre chose.
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lumière crépusculaire cadenassée. Lv01Eb5R_o
Activité : absurde activité qui semble se battre légalement contre le couvre feu. puisqu'il le faut puisque si un jour quelqu'un va dans l'espace il faudra bien lui servir de phare alceste allume et éteint les réverbères tous les jours à heures fixes.
En société : petit prolétaire fonctionnaire qui fait ce qu'on lui dit tête basse. longtemps surveillé puisque huysmans l'état a bien vite décidé en riant qu'il n'avait pas la trempe ou les idées de ses parents et l'a laissé seul dans ses miasmes.
Organisation(s) : et pourtant alceste une fois l'attention d'état perdue s'est offert à l'ordre du plomb puisqu'il n'avait rien d'autre à apporter que lui.
Besace : clés allen, chiffons, allumettes, journal de son père, plumes cassées et rêves qui n'en sortent jamais

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Re: lumière crépusculaire cadenassée.    Ven 15 Mai - 2:22

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je revois les yeux de tous ceux
qui, peut être, tiennent à moi.
et ces yeux m'interrogent.
toute une assemblée de regards
me reprochent mon silence.

st exupéry



mal dormi mal réveillé alceste trébuche jusqu'à l'hôtel de ville. la rue parfois l'englouti parfois l'entoure de ses bras mais c'est toujours pareil, possessive ou douce il n'en sort jamais. au coeur de la nuit s'est rendu à l'appartement qu'on lui a mis à disposition est resté planté là debout deux bonnes minutes. a erré entre les meubles et les tapisseries luxueuses, ne se sentant digne nulle part. il a fini par s'asseoir sur un tapis, le moins tape à l'oeil du logement, entourant ses jambes de ses bras, nez sur les genoux. il est resté là un moment à écouter le silence à fixer le plafond sans le voir, sa rétine y captant les mouvements des lumières des navettes fluviales rentrant au port, leur ballet régulier. trop. ce mot en boucle dans sa tête, trop. alceste n'a pas connu de vrai intérieur depuis qu'il a quitté l'école. des caves, des salles des machines, oui. mais pas d'appartement à lui tout seul. quand d'autres auraient sauté de joie, sauté littéralement sur le lit peut être, lui est incapable de savourer un bonheur simple qui lui est offert, un confort inespéré. c'est un maelström de petite estime de lui, des idées qu'on lui a mis dans la tête sur les bourgeois et le confort, d'une peur de salir et gâcher ce qu'on lui offre, de tant d'autres choses qu'il est incapable de se formuler qui le traverse. de longues minutes avant qu'il se lève, il sait que sa décision est déjà prise. il se lève, laisse la clef en évidence sur une desserte à dorures, et il s'en va.

les veilles d'assignation, autrement dit les dimanches, il s'arrange toujours pour trouver une planque non loin de l'hôtel de ville ou pour trainer nuit blanche dans le coin jusqu'à quatre heures du matin où les assignations de quartier pour la semaine sont distribuées. ce n'est pas une nuit qu'il peut employer à faire du trafic, montmartre étant trop loin pour l'aller retour - sauf les rares semaines où il est de service dans le coin. rester dans la zone de la mairie les dimanches, c'est son petit luxe pour ne pas avoir à se hâter quand il commence une heure plus tôt que d'habitude. son passe-droit d'allumeur de réverbère lui laisse le droit de errer pendant le couvre feu et ce droit, il le prend. il marche dans paris en permanence. c'est son activité principale, marcher, marcher sans cesse, courir parfois. toujours marcher pour une raison, pour rentabiliser le temps, pour contenter tel ou tel client - pas les dimanches. les dimanches il marche pour lui la nuit ou se pelotonne dans le coeur chaud d'un bar clandestin de la rue vieille du temple.

plus il le fait, plus il a conscience que son métier n'a pas de sens. il allume des réverbères qui ne seront utiles qu'à peine quelques heures avant le couvre feu, à peine après. ses promenades nocturnes de fin de semaine lui permettent au moins cela : se raconter que tous les réverbères de paris ne sont allumés que pour lui, lui et ses confrères consoeurs allumeurs de réverbères, qu'ils ne sont là que pour illuminer leurs errances. quand il est trop épuisé pour attendre la nuit et qu'il peut se le permettre, il trouve un coin où dormir tout le lundi jusqu'à la nuit rattrapant les heures qu'il a dépensées en rêveries.
ironie du sort ce lundi on lui assigne le premier arrondissement - celui du pont des arts, tout proche de l'hôtel de ville, tout proche du sixième dans lequel il s'est assis sur un tapis dans un appartement, quelques heure plus tôt. il aurait pu gagner sa nuit. il hésite après avoir éteint son dernier réverbère à y retourner, à s'y lover dans le luxe. quelque chose d'invisible l'en empêche. encore sa fierté vissée au corps, sa fierté absurde. alors il frappe à la porte de gabriel rue vieille du temple, qui a fermé son bar pour la journée mais accepte parfois de le laisser finir sa nuit dans la cave en échange de services. il frappe chez gabriel et y enfonce sa vie misérable dans le sommeil.
son horloge interne est pliée à l'administration. il s'éveille naturellement à six heures et sort précipitamment. les journées sont allongées mais la tâche est longue, le temps d'allumer tous les réverbères est parfois long. c'est encore endormi qu'il illumine les halles, le palais royal et les tuileries. arrivé aux abords du louvre il est de nouveau tout à fait alerte et son esprit commence à vagabonder. il pense à la clef, à l'appartement, aux dorures et aux danses lumineuses sur le plafond aux moulures travaillées. il repense à la clef et à la main de laquelle il l'a reçue. il pense à ce type au visage troublant qui a décidé de l'aider sans qu'il ne sache pourquoi.
il ne sait rien de lui et comme de chaque personne qui lui a voulu du bien depuis longtemps, il s'en méfie. il lui échappe et donc lui échappe physiquement. il prend ce qu'il donne sans déserrer les lèvres. ou plutôt, comme il a fait la veille, il fait semblant de prendre.

il s'avance vers le deuxième réverbère du pont des arts. plus qu'un, et il a fini. il glisse sa main couverte d'une mitaine miteuse dans sa poche et constate de l'état des finances. le lundi, c'est aussi jour de paye; après, il ira donc s'offrir un verre d'eau de vie à l'anita. il s'agrippe à ses écus et à cette pensée en arrivant au réverbère quand un bonsoir l'arrache à son futur. il plisse les yeux et découvre cam tordu sur le mat. il le fixe un instant ébahi. qu'est-ce que vous faites là ? il balbutie, et dans sa tête défilent à une vitesse ahurissante tout un tas de scénarios catastrophes. il a oublié d'éteindre une bougie en partant de l'appartement. il l'a vu entrer et sortir de l'immeuble et dénoncé à la maréchaussée. il a en fait oublié de laisser la clef là bas. il sonde sa deuxième poche de pantalon et n'y trouve rien. inutile de chercher dans sa veste dont les poches sont trouées depuis longtemps.
bien seul à allumer toutes ces lumières. difficile de viser plus juste. quand il a commencé c'était en hiver et alceste mort de froid, pas habitué à rester aussi longtemps dehors, ses doigts paralysés, s'était imaginé le ballet qu'ils devaient former avec ses collègues, vus de l'extérieur de la planète terre. ce bal de lumières avait été la seule chose qui l'avait fait tenir debout, mener à bien sa première ronde. jamais il n'a été abordé en pleine tâche. cam l'encombre, le gêne, le trouble. il ne sait que lui répondre. il pose son échelle contre le réverbère. avec ce type qui fait des acrobaties, il doute de pouvoir monter tout de suite ouvrir l'habitacle pour l'allumer. j'espère ne pas vous avoir fait de problèmes. c'est faux : il s'en fout. il n'est juste pas à l'aise. il ne comprend pas cet intérêt pour sa petite personne. ne peut le comprendre autrement que par ses noms de famille.
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Re: lumière crépusculaire cadenassée.    Dim 7 Juin - 14:56


il est facile de se perdre dans cette brume qui s’élève de l’eau faussement paisible, l’tourbillon du courant dans les profondeurs qui n’se fait pas remarquer à la surface, et vient s’fusionner avec l’éternel smog qui gouverne leur monde d’une main douce de fer invisible. une brume qui menace d’charmer et embrumer son esprit, à le lui faire perdre pour quelques instants. s’embrumer au point d’perdre les repères primaires, perdre les notions de temps et de réalité. est-il entrain d’errer sur c’pont depuis quelques minutes ou quelques heures ? il est facile de se tromper entre matin et soir dans cette grisaille blanchâtre à l’arrière goût d’une vie morte, mais qui n’a rien d’effrayant plutôt aux nuances de mélancolie, alors qu’il n’y a personne autour. que lui. et cam n’est plus tout à fait sûr du couvre-feu, pas que ce soit un problème pour lui s’il n’est pas en respect de la règle, il a toujours fait fi des lois en réussissant à passer entre les mailles du filet sans s’faire taper sur les doigts. il provoque sa chance et en profite bien. il est facile aussi d’oublier la réalité pour s’mettre à rêvasser éveillé. s’dire que s’il se laissait tomber d’son pont pour atterrir dans l’eau brumeuse, il s’mettrait à voler plutôt que couler. cam s’laisse agréablement porter par cette atmosphère presque magique de fantaisies légères, les yeux pas fermés mais tout comme, alors qu’il saute sur la rambarde du pont des arts.
c’est tout aussi agréablement qu’il est doucement ramené à la réalité par l’sujet de ses pensées, pourtant momentanément oublié dans sa rêverie délicieuse et abstraite. les lumières s’allument tout autour de lui, et il est délicatement guidé hors de la brume qui se dissipe tout autour de lui. c’est l’humeur joueuse qui revient parmi l’monde des vivants, bien qu’il soit toujours inéluctablement seul, si ce n’est pour le maître des réverbères qui vient d’faire son entrée mais n’a encore apparemment pas remarqué sa présence. ils sont seuls, à deux, en cet instant. et cam qui l’observe silencieusement ne peut empêcher son esprit d’faire un rapprochement avec l’petit soldat d’plomb. métaphore troublante.

c’est sans réfléchir qu’il élève la voix. c’est presque sans l’réaliser, au point de sursauter lui-même à l’entente de son propre bonsoir. mais cam a une force d’adaptabilité impressionnante, et il s’remet vite de son propre étonnement. son sourire contraste avec l’ébahissement d’alceste, et il s’réjouit presque – de manière attendrie et non perverse – de la surprise de celui-ci. il peut presque voir la panique dans ses yeux aux mille et une pensées provoquées à cause de sa simple présence ici. néanmoins, cam n’fait que hausser les épaules. un geste qui n’est pas concrètement calculé pour l’rassurer, mais qui dédramatise tout d’suite la situation. « rien d’spécial, j’me suis perdu dans l’coin. » une vérité diffuse qui masque l’autre moitié de sa raison. toutefois, il ne se sent pas de révéler qu’il espérait l’rencontrer. douce peur de le faire paniquer un peu plus, et que l’homme d’plomb l’prenne pour un fou et cherche à l’éviter – chose qu’il fait déjà peut-être, cependant cam n’a pas totalement conscience des convenances sociales et qu’il serait bon de ne pas imposer sa présence à une personne qui n’souhaite pas nécessairement l’voir. cam est intelligent avec une bonne perception, peut-être ignore-t-il délibérément l’fait évident qu’il dérange cet homme qui essaie tant bien que mal de travailler. mais il est attiré par alceste, une attraction qui n’a rien de physique, si ce n’est plutôt magnétique. un aimant. habituellement, c’est plutôt lui qui fait cet effet, alors s’retrouver dans une situation inversée l’perturbe, l’titille, comme un chatouillis étranger mais pas désagréable. un chatouillis qu’il cherche à accueillir à bras ouverts et à connaître. cam n’est pas grand chose si ce n’est influencé par ses propres obsessions qui n’ont parfois aucune base de raison.
son sourire s’agrandit, n’arrivant pas à savoir si alceste pense ce qu’il dit ou s’il essaie juste d’être poli. il a vraiment du mal à l’comprendre. « non, aucun problème. » secrètement, peut-être le souhaite-il. pas que ça retombe sur alceste, bien sûr que non. néanmoins, une part de lui commence un peu à s’ennuyer, et il a besoin de rebondissements chaotiques dans sa vie. « et même si j’avais eu des problèmes, ça n’aurait pas été un problème. » clin d’œil qui n’a rien d’énigmatique, qui est juste farceur, et il saute finalement d’sa rambarde, abandonne son lampadaire, pour atterrir sur l’pont, l’bois qui craque sous son poids et résonne dans l’air ambiant vide de toute foule.

l’premier réflexe que de s’allumer une cigarette en silence, comme pour laisser alceste finir son travail en paix sans non plus prétendre de véritablement le laisser tranquille en le délaissant de sa présence, cam n’a aucunement l’intention de lui demander des comptes et lui parler de cet appartement dans lequel l’prolétaire n’a à l’évidence pas dormi. l’temps s’dilue, quelques petites minutes passent et il recrache sa fumée en même temps qu’il s’met à chantonner, la voix d’crooner vient bercer l’atmosphère de plus en plus tamisée. « des choses de prévu après l’travail ? » question de politesse, le small talk habituel, comme les anglais disent, alors que cam s’doute de la réponse du peu qu’il connaît du jeune homme. mais ce n’est pas non plus une tentative de conversation anodine de sa part, c’est calculé pour une suite souhaitée. « j’te refilerai pas une clef d’un appartement ce soir, mais reviens avec moi à l’apollonide. » le tutoiement est délibéré, parce qu’alceste a plus de dix ans de moins que lui, parce qu’il essaie de provoquer un rapprochement. il est clair que cam n’compte pas partir avant qu’il n’ait fini d’allumer tous les réverbères qui lui sont dédiés, et ce dernier peut très bien refuser sa proposition, toutefois la figure du cabaret espère très fortement qu’il le suivra. il cherche à l’connaître, à ce qu’il s’ouvre en le titillant un peu sans non plus trop l’brusquer, et alors qu’il voit l’apollonide comme un refuge d’confort pour toute classe sociale, il croit en l’effet subtil d’son royaume qui l’fera s’ouvrir un peu. puis il pourra toujours l’réchauffer avec quelques verres.
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Re: lumière crépusculaire cadenassée.    Mar 23 Juin - 23:41

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gamin coincé dans un corps d'homme, voilà ce qu'on dit souvent d'alceste. plus son existence avance plus il commence à en comprendre la raison : il comprend toujours tout de travers, et ne sait jamais réagir à rien. comme si de s'isoler dans la pauvreté lui avait fait perdre tout fonctionnement social, toute étiquette, toute morale. parfois des réflexes anciens lui reviennent, mais ils reviennent toujours de travers, au mauvais moment, ne font que renforcer l'impression que cet homme là n'a pas encore assez fréquenté le monde des hommes. le voilà bras ballant, corps idiot, empêché d'accomplir la seule action pour laquelle il n'a plus besoin de mode d'emploi, dépourvu d'armes langagière pour s'extirper de ce dialogue qui s'amorce. si cam le met mal à l'aise, c'est probablement que lui semble traverser la vie avec une aisance déconcertante. il se perche sur un réverbère parce que pourquoi pas, il se perd dans le premier arrondissement parce que ses pas l'y ont mené, et ne se pose pas la question deux fois. dans l'esprit d'alceste, ce genre d'initiatives ne pointe même pas. gamin coincé dans le corps d'un homme, la fantaisie et l'imagination en moins. il se contente d'un petit geste de la tête en guise de réponse, qui pourrait aussi bien dire d'accord que frôler l'insulte. lui, il ne sait pas pourquoi il l'a fait : il sait vaguement dans son lointain catalogue de convenances que c'est une pantomime qui se fait.

et puis ça tourne à la farce et là vraiment si alceste ne savait pas comment se comporter avant, là c'est la fin de son pauvre esprit qu'il a volontairement mis sous l'eau il y a longtemps. heureusement cam quitte son perchoir et c'est presque frénétiquement qu'alceste monte à son échelle, fouille dans sa besace pour en retirer une allumette dont il embrase le bout de son roseau et après avoir précautionneusement ouvert la petite trape de verre enfin fait naître la lumière du géant de fer. c'est comme une case qui se coche dans un organe vital à lui ça lui fait un bien fou d'accomplir sa tâche réverbère par réverbère compter les réverbères qu'il allume pour savoir combien il lui en reste. ce décompte là c'est comme d'autres comptent les moutons puis les billets de banque puis les moutons. c'est sa triste raison d'être. il descend de l'échelle après ce long silence et s'aperçoit que même si cam s'est allumé une cigarette il attend probablement une réponse quand même. et lui encore une fois se retrouve désarmé. il éteint la flamme du roseau et se demande pourquoi ce type est prêt à avoir des problèmes juste pour lui. ce n'est pas comme s'il lui en devait une, comme si alceste lui avait rendu un service capital qui aurait donné lieu à une dette. à moins qu'il faille prendre la chose dans l'autre sens : peut être prenait-il ces risques pour lui dans l'idée qu'un jour, alceste ferait quelque chose pour lui ? mais quoi ? que peut un pauvre allumeur de réverbère pour un type manifestement assez riche pour fumer des cigarettes et trainer sur des ponts sans objectif véritable ?
et soudainement il se maudit de ne pas avoir eu le réflexe salvateur d'examiner la nuque de son interlocuteur. voilà la seule raison par laquelle il saurait justifier ce comportement dans son esprit rongé par la misère. comment est-ce possible que... non : trop tôt. trop frontale. peut être est-ce à son tour de la jouer fine et découvrir les motifs du chanteur par un biais plus subtil.

et ce biais, il lui offre presque aussitôt. lui offre clairement une sortie, de boire un verre ou que sais je dans ce lieu dont il a cent fois entendu parler sans y mettre les pieds. il sait peu de choses de cam, de leurs rencontres dans les rues fortuites, de ses yeux peinés à comprendre que lui dormait dans les rues. il sait simplement qu'il est chanteur à la maison close à ses heures perdues. il s'était dit, il faut décidément ne pas connaître les faubourgs pour se choquer de découvrir quelqu'un dormant dans les rues. il s'était dit alceste, on est mille au moins à dormir dans les rues constamment, comment peut-il ne pas en avoir conscience ? dans quel genre de prison dorée est-il né, cet homme là ? et puis il avait été démenti dans son aigreur en apprenant de la bouche de l'intéressé que les faubourgs l'avaient vu naître.
non, décidément tout ça ne colle pas. décidément, il y a quelque chose de faux chez cet homme et le suivre serait la meilleure manière d'essayer d'y voir clair.
mais alceste n'est pas un audacieux et la première réponse qui franchit ses lèvres c'est d'abord : j'ai prévu de dormir pour survivre à la journée de demain. et puis je n'ai pas les moyens de... il fronce les sourcils, bouche ouverte. pause. il plie son échelle dans un geste trop habituel. ça me plairait bien, de découvrir l'apollonide. le biais. et même, le sourire qui vient illuminer son visage est sincère.
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