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 les coeurs qui muent.

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les coeurs qui muent.    Mar 9 Juin - 23:56

LES COEURS QUI MUENT.


À travers les carreaux de la diligence, l'orage. La rage en suppôt et flot de perles grises. Paris pleure, à pâlir l'animosité mécanique de son sein. Un temps saisi, comme prit en flagrant délit. La pluie, Luce l'affectionne. Confectionne des sonnets à son égard. Car ça lui emballe le coeur; embellie ses ardeurs. Sourds ronrons. Et quand ça gronde en haut, ça grogne plus bas, là aux creux des entrailles. Les cieux à l'écho de ses batailles. La pluie, pour Luce c'est un belliqueux repit. Allégorie aux soupirs sereins. Ceux qui lui étreignent l'existence déjà bien trop ereintée. Ceux qu'elle pousse lors de rares instants, quand l'âme dépasse le cuir. À luire de ce suspens pour mieux se faire meurtrir par la vie. La mutilation bien-aimée. Parfois, ça pourrait être une de ces détraquées, à se laisser matraquer le corps par l'ouragan. De quoi laver sa pulpe des jus amers qu'elle s'injecte à grosses goulées. Sous la pluie, le salé de ses joues se plie. Et sous ce vice masqué, elle ne peut qu'être séduite. Et puis tout s'arrête. La destination atteinte et les pensées embuées qui cessent de dégouliner. Car lorsque ça sort de la boite ambulante, la sirène happe le pas vers la boutique tant attendue. Ignorant le ciel et son courroux.

Tombant bien bas de son perchoir, là, tout prêt de gloires en ferrailles.

Ici. Aux jolis métaux. Cette maison joaillerie; joyeuse mélodie. Un peu mélancolique. Luce en aime la résonance. Transe étrange. À traverser la marée urbaine pour l'entendre. Comme si l'acier fredonne le cristallin et que l'opalin teinte ses octaves. Pourtant, il s'agit de sa toute première visite. Car souvent, c'est l'inverse. C'est les artisans qui passent le seuil de sa maison. Lui greffant sous le nez, des joyaux de colosse, des extravagances en colliers. Où leurs griffes bouffées par le labeur, veulent une reconnaissance autour de son cou bourgeois. Sauf que là, c'est différent. Suivant les messes basses des trottoirs, les miroirs du peuple souterrain. Ici, loin du fastes en fausses facettes, avec leurs grandes pompes bien cirées. À lui conter des évangiles sur ces petites mains du coin. Ceux à là rescousse des vieilleries; ces bijoux aux vogues passées. Dogmes d'autrefois prônés. Et sous ce dôme prit en joug dans des venelles de la vieille cité, la voilà donc. Là dans ces abysses aux cratères plus brutes, plus pures, en guise d'enfers séraphiques.

Les contours allogènes qui déteignent du décor, comme une vénus d'hallucinogène.

Avec les larmes du ciel collant ses cheveux. Un arôme marin tout contre sa carne. Sirène jusqu'à la moelle; des étoiles cassées dans l'écrin. Ça contemple l'antre. Caverne aux milles reflets. Avec des oeillades qui s'appuient sur les moirures; qui ne s'épuisent pas face à la créativité en parures. Toucher avec les yeux qu'on lui bassine depuis toujours. Les manières. Avoir les mains pour soit; civiles, dociles. Alors que Luce a les crocs pour tâter ces belles choses. En goûter leurs défauts si polis. Curiosité mal menée; bien-aimée. Est-ce l'essence rescapée de son enfance ? Elle, l'ingénue vite remplacée par une tournure bien tordue. Cela remonte à présent. Ce temps où les pétales rosées ont été croquées. Où désormais, seul le pourpre gouverne dans une dictature des ronces. « Bonjour. Il y a quelqu'un ? » La voix ricoche. En cloche tout contre les étagères qui brillent. Comme dans ces bâtisses blanches d'antan où les oraisons n'étaient point trahisons. À attendre que le chant touche une âme. Celle qui doit régner sur ces lieux étincelants. Car la murène a un but bien précis. Là, sous les couches d'apparat qui bavent, il y a un trésor maudit.

Bonnie Thellier

Bonnie Thellier
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Activité : Bijoux aux bouts des doigts, délice des mains, l'œil pointu dans la structure du diamant, confectionner les plus beaux apprêts, amour de l'art et de la matière. Joaillière, Orfèvre
En société : Roturière des bas-fonds, clamant son innocence dans un silence. Activiste de l'ombre, portant à plus haute échelle l'humain que le dédain.
Organisation(s) : Assistante de l'ombre, dans l'Orme, elle voue entière espoir et confiance.
Besace : Quelques opales, des tiges d'argents, un paquet de gitanes pour abîmer un peu plus ses poumons.

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Re: les coeurs qui muent.    Ven 26 Juin - 14:06

—Les coeurs qui muent.—

Les gouttes battantes sur la tôle grise, le gris de Paris. Une mélodie qui sonne sur les carreaux, une sonate d’ailleurs qui pleure sur la ville, qui chante sur les toits. Bonnie, elle est au chaud, le crépitement du poêle, pour réchauffer les quelques battements de coeur. Dans un cocon, ouvert au monde, par cette vitre, par cette porte grinçante. Mais c’est cette bulle, qui l’entoure, reflétant les joyaux maudits, les opales gravées, les scintillements du cuivre sur l’or. Comme les faubourgs qui viennent s’aligner à la haute cour. Elle est la ligne, Bonnie, la frontière, elle la caresse du regard, jouant entre les deux mondes qui s’opposent et qui s’attirent dans Paris. Un effet nostalgique, l’amertume se glissant dans le présent.

Elle traînait derrière lui, petit chat esseulé, aux poils ébouriffés. La mauviette, la fragile, l'incomprise. Elle n’était que le reflet amer d’un visage qu’il voulait oublier, le père Thellier. La descendance de la haute, le fagot qu’on se trimballe, qui, finalement est trop dur à porter. Certain, serait outré d’un tel comportement, ceux qui ne peuvent enfanter, ne comprendraient pas, qu’un père ne puisse savourer cette sensation de parent, ne puisse caresser la chance d’un sourire pour l’enfant. Mais en tant qu’artisan, en tant que travailleur solitaire, le cadeau d’une relation sans lendemain, du paquet devant sa porte, ce matin-là, cette offrande empoisonnée. Alors, il jouera des apparences, chez les bons samaritains. Il la fera passer pour l’assistante précoce, chez les clients fortunés. Ce jour-là, c’était la famille Nguema, grande puissance détenant la plus belle flotte de Paris. Client parfait, acheteur fidèle des opales Thellier. Alors, à ce nom, la petite Bonnie, sourit, sourit à l’idée de revoir cette amie, de jouer avec des poupées qu’elle n’aurait jamais, de côtoyer un monde, qu’elle ne pouvait apercevoir qu’au loin, de sa lucarne de bonne.

Concentration et hésitation. Les bourses étaient maigres, les poches étaient vides. Ses préoccupations premières auraient dû être de les remplir, de trouver un moyen de faire fructifier sa boutique, d’une manière ou d’une autre. Mais loin d’ici, loin des rubis et des émeraudes, ses pensées s’envolèrent. Il y avait bien plus important, en cette période verte, qui préoccupait Bonnie. Une obsession qui avait empiété sur la raison, qui avait pris les reines, de la vie de Bonnie. Sans s’en rendre compte, sans un souffle en arrière, laissant les regrets dans les tréfonds.

Mélodieuses paroles, surprise sans failles qui fait écho dans l’arrière-boutique. Ça ne se pressait pas, dans les jolis métaux, ce n’était pas foule. Premier client, premier espoir du matin. Bonnie se réveilla de sa torpeur. Pas qu’elle ne dorme, mais cette mâtiné, emplit de questionnements, de doutes et d’indécisions l’avait mise dans un état somnolant. Inefficace, inerte, loin d’elle ces habitudes. Alors, l’entrain gagna, la chaleur d’une potentielle discussion, d’une découverte sociale. La voix se perd dans les aiguës, d’une tonalité plus forte qu’à l’accoutumée, pour que tu l’entendes de l’autre pièce.

“Bienvenue aux jolis métaux ! Comment puis-je vous être utile ?”

Et son visage apparaît, à Bonnie, à travers ce paravent de bois, c’est le fantôme du passé, qu’elle ne reconnaît pas bien. Tu as changé Luce, tu as grandi. Tu n’es plus la petite fille qui lui prêtait ses poupées, et elle n’est plus la curieuse qui venait visiter ton palais.



(c) oxymort

 
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