Tout à propos de Agathe Roussi

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19/09/2020

Roro (elle)

Eleanor Tomlinson par Atlantis, posté sur feux Bazzart

Officiellement, employée dans une casse à la périphérie de Paris, Agathe s’occupe de la réception, du tri, de désossage et de la destruction des différents éléments qui peuvent lui être apportés, allant des pièces pleines de défauts qui sortent tout juste de l’usine aux détruits mécaniques dont plus personne ne veux. Officieusement, hackeuse d’animomate, la rouquine prend un malin plaisir à les reprogrammer et les améliorer. Tous sont testés lors de combats clandestins, les plus robustes sont alors vendus à l’Ordre du Plomb. Les autres survivants finissent sur le marché noir? Quand à ceux qui ne s’en sortent pas indemnes, ils finissent désosser, priver de leurs Vif Argent lorsque l’extraction est possible et réutiliser dans l’améliorer de leurs congénères. Et lorsque les carcasses ne sont plus utilisables ? Ils finissent compressés dans des sculptures sans queue ni tête, des immondices n’ont que comme unique mérite de maintenir Agathe éveillée.

Prolétaire, Agathe ne possède ni titre, ni maison, ni appartement. Elle vit dans une chambre de bonne que sa patronne lui loue. L’argent que ses multiples activités, plus ou moins légales, s’évapore plus vite qu’elle ne le souhaiterait, c’est que ça coûte cher tout ces fichus composants ! Le jour, ce n’est que la gentille fille de la casse. Connue pour sa joie de vivre sans borne et son étrange habitat, il n’est pas rare de voir quelqu’un s’étonner face au sourire éclatant de blancheur de la fille à la peau couverte de suie. Mais lorsqu’elle quitte son habitat naturelle, lorsqu’elle déambule dans les rues de Paris, elle n’est qu’une pauvre de plus. Et personne ne prête attention aux pauvres. Son existence ne semble prendre sens qu’à la tombée de la nuit, lorsqu’elle s’aventure par delà la légalité, lorsqu’elle refourgue des animomates piratés sur le marché noir, lorsqu’elle force ces mêmes animomates à participer à des combats clandestins, lorsqu’elle hurle de joie après avoir écrasé son adversaire, lorsqu’elle s’égosille en attendant qu’on lui offre le verre de la victoire.

Agathe, c’est une opportuniste. Tout ce qui lui importe, c’est de s’enrichir sur le dos de ces révolutionnaires qui s’imaginent pouvoir renverser l’Impératrice. Leur cause est juste, ça, elle ne le nie pas. Fille du peuple ayant connu la misère et souffert de la dictature de l’Empire, Agathe sait ô combien il serait bénéfique pour le peuple de voir l’Empire choir. Mais Agathe est avant tout quelqu’un de réaliste. Elle connaît leurs moyens, et sait qu’ils sont loin d’être suffisants. La liberté ? Agathe n’y croit plus. Mais l’argent, ça, Agathe y croit ! Et quel meilleur moyen de s’enrichir qu’en vendant les animomates les plus robustes à l’Ordre de Plomb ?

Des feuilles froissées et recouvertes de plans et schémas, des outils ci et là, des vis et des clous, des petites pièces de métal pour les réparations d'urgence, un élastique, une brosse, et, bien cachés sous tout ce bardas, deux ou trois francs endormis