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 Visite de courtoisie

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Louise Favager

Louise Favager
https://vifargent.forumactif.com/t324-ce-n-est-rien-juste-qu-une-petite-mort]Ce n'est rien juste qu'une petite mort[/url][url=https://vifargent.forumactif.com/t324-ce-n-est-rien-juste-qu-une-petite-mort]Ce n'est rien juste qu'une petite morthttps://vifargent.forumactif.com/t338-devouement-ingenu-louise

Messages : 43
Date d'inscription : 16/07/2020
Portrait : Sidonie-Gabrielle Colette
Visite de courtoisie OqWY7
Activité : Psychiatre par vocation. Fortifier les fragilisés, les ébranlés ou les chancelants. Auditrice, collaboratrice ou assistante ; elle observe, écoute, examine, reformule. C’est sa fortune, son ouvrage : guider les émus, les inquiétés, les surexcités, les déchirés ou les ivres. Passionnée par l’engrenage des encéphales, elle cherche et spécule pour parvenir à concevoir ce qui chemine au cœur des ramifications nerveuses de chacun – car le smog, mes bons amis, n’est parfois pas dans le ciel.
En société : Eclairée pour certains, charlatan pour d’autres. Episodiquement ingénue ou au contraire tout à fait impassible. Louise est difficile à cerner, qui est-elle vraiment au fond ? Le sait-elle elle-même ? Respectée par ses clients et confrères, elle reste au demeurant discrète et en retrait. Il serait fâcheux de mettre en lumière ses propres problématiques.
Organisation(s) : Orme
Besace : Un carnet de note couvert d'une housse en cuir marron usé, si ouvert, rempli d'observations écrites en patte de mouche à l'encre noire. Le stylo utilisé est accroché par l’embout à la côte du carnet. Divers livres avec des annotations et des pliures à certaines pages, mais également quelques seringues et un flacon à peine entamé de pypthur…

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Visite de courtoisie    Mar 28 Juil - 23:57

Visite de courtoisie
@léonce camus

C’était une de ces journées qui brisaient le cœur de Louise, une de ces journées où elle devait faire face aux inconvénients de son métier : vouloir aider sans vraiment pouvoir, le manque d'intimité n’étant pas ou difficilement propice au mieux-être des patients. Les visites se succédaient et bien que certaines d’entre elles se passaient relativement bien, d’autres s’avéraient être plus compliquées. La difficulté d’être psychiatre à l’Hôtel-Empire, c’est d’accueillir et de devoir traiter à la fois des personnes n’ayant vraisemblablement rien à faire céans, comme des aliénés ayant atteint le stade auquel la médication les a achevés avant que la maladie ne le fasse. Ceux-là seront les plus compliqué à soulager. Tantôt incapable de toute forme d’élocution, tantôt dans la fabulation et le délire constant, Louise se voit contrainte de d'user de fins stratagèmes pour pouvoir prétendre à un échange. Qu’il s’agisse d’utiliser le dessin, les gestes, le jeu ou encore d’autres tests projectifs comme celui de Rorschach, les multiples tentatives de Louise se soldent le plus souvent par un échec. Le plus malheureux à l’Hôtel-Empire, ce n’est pas tant les sanglots, la démence ou l’agitation, c’est plutôt le fait d’assister à l’avant-courrier de la mort. Ce laps de temps infini durant lequel les perclus sont inaptes aux sanglots bien qu’un effluve de vie persiste toujours dans leur corps. Être constamment au chevet de l’agonie est effectivement une activité pour le moins éreintante, surtout émotionnellement dans le cas de Louise – qui doit pourtant ne laisser rien paraître.

Il se faisait tard, si Louise voulait avoir le temps de rejoindre son cabinet dans les Faubourg il fallait qu’elle se presse davantage. Elle se dirigea vers l’accueil de l’hôpital sempiternellement désert, regarda un court instant sa montre en argent et inscrivit finalement son nom et l’heure de son départ dans le registre dédié. Une fois dehors, elle s’abstint de prendre une bouffée d’air frais pour des raisons évidentes, elle scruta un moment le ciel – ou plutôt le smog, désolée. Louise, ne voulant pas ternir sa journée encore davantage, s’élança sur la selle de sa bicyclette et commença à pédaler en direction des faubourgs. Elle y louait un genre de studio lui servant de cabinet, qu’elle avait elle-même meublé. Il s’y trouvait espace dédié à l’administratif, un bureau en pin massif autour duquel trônaient trois fauteuils en cuir. Evidemment une grande partie de l’espace de la pièce était réservé à l’espace de consultation. Celui-ci se composait d’un ensemble d’imposants fauteuils vert sapin séparés par une petite table basse en verre, avec immanquablement le traditionnel divan assorti. Le parquais foncé, agrémenté d’un imposant tapis aux motifs solaires dans les tons pourpres et dorés se mêlait avec le turquoise des murs de la pièce, eux-mêmes occupés par quelques toiles abstraites plutôt neutre – pour laisser court à l’interprétation de chacun. Rien de bien singulier en somme, mais c’était assez coquet pour y apporter la sensation de confort escomptée. Louise consulta sa boîte aux lettres, encore une fois vide, à l’exception d’un tract publicitaire pour le transbordeur Eiffel. Il en fut de même pour le conduit destiné à accueillir les orbes : vide. C’est vrai que Louise n’était à Paris que depuis un an, et en dehors des praticiens et patients de l’Hôtel-Empire ou de ses confrères et consœurs de l’Orme, personne ne la connaissait vraiment. Louise regarda longuement l’annonce pour le transbordeur et songea éventuellement à faire aussi la promotion de son propre cabinet, pour l’heure encore inanimé. Ainsi, elle s’adonna immédiatement à la conception d’une affichette qui parlerait aux Parisiens des faubourgs. Une fois élaborée, Louise se rendit faire des copies de ses affiches chez l’imprimeur.


✽ :

L’idée était maintenant de savoir où disposer les affiches. Louise multipliait les trajets quotidiens entre l’Hôtel-Empire, Ulmus, son cabinet et son logement, mais demeurait toujours une néophyte des lieux fréquentés de Paris. De plus, convaincue que ses soins ne se limitaient pas à ceux qu’elle offrait à la haute société dans l’enceinte de l’hôpital, accueillir les bonnes gens des faubourgs avec des échelles tarifaires individuelles semblait faire partie de ses priorités. Seulement les faubourgs, elle ne les avait pas tant arpentés depuis son arrivée à la capitale, peut-être était-il temps ? Elle avait vaguement eut vent du café-brasserie tenu par le couple Schneider près du marché des enfants-rouges, l’Anita. Elle savait désormais par ou commencer.

Elle longea les murs avant d’atteindre le tournant d’une rue où elle aperçut la devanture du lieu. « L’Anita » était inscrit en grandes lettres noire sur une imposante surface en bois, on pouvait y entrevoir aux travers des grandes fenêtres certaines des silhouettes des tablées les plus proches. Louise entra timidement, et sur le pas de la porte elle prit un temps pour observer l’enceinte du café. Il s’agissait là d’une salle plutôt vaste où se trouvait une quinzaine de tables à vue de nez, ainsi qu’en son centre un comptoir près duquel s’installer avec des tabourets. Des lampes à huiles parsemaient les murs tapis de bordeaux et se reflétaient sur les surfaces en bois ornées de quelques humbles motifs cuivrés. Il avait l’air d’y faire bon vivre, bien qu’à cette heure-ci il n’y eut pas foule. Quelques habitués jouaient aux cartes, d’autres mangeaient simplement. Louise s’avança en cherchant les tenanciers du café qui ne semblaient pas être au comptoir. Elle sursauta presque en remarquant un homme en manteau noir dans un coin de la pièce, discret, silencieux devant son maigre repas. Elle le regarda un instant avant de détourner le regard et de s’approcher du comptoir, attendant que l’on prenne sa commande – ce qui n’était qu’un prétexte pour demander aux responsables de l’Anita s’il était possible de disposer ses affiches sur leur devanture. Louise se sentait observée – sans doute à tort – par les quelques personnes du café-brasserie. Ses mains devinrent moites, elle se sentait intruse (peut-être à juste titre ?) et était mal à l'aise à l’idée que quelqu’un ne vienne lui demander ce qu’elle faisait là, elle qui avait sûrement plus de moyens que les clients réguliers de cet estaminet. Elle commençait à sentir venir l’urgence d’aller se laver les mains, ainsi se pressa-t-elle vers les cabinets. Après avoir savonné avec insistance et passé ses mains sous l’eau, elle revint. Les mains toujours moites, l’air toujours alerte. Louise ne pouvait feindre son malaise, on pouvait très clairement le lire sur ses expressions. Toujours personne au comptoir, il fallait résolument attendre la venue des propriétaires des lieux. C'est ce qu'elle fit, accoudée au comptoir, elle lâcha un soupir discret et passa nerveusement la main dans sa tignasse brune.
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Re: Visite de courtoisie    Jeu 30 Juil - 20:54

L'heure tourne la trotteuse court mais on aimerait surtout qu'elle court plus vite.
Tablé à l'Anita, salade de pommes de terre joliment décorée de sa persillade, on ne peut pas dire que le fossoyeur eut été spécialement gourmand aujourd'hui.
Fourchette enfoncée sous les morceaux jaunes sous les oignons coupés sous la vague d'huile Léonce attend, il attend après Gustave, Gustave qui avait dit "je viens à midi très exactement" mais Gustave à midi très exactement n'est toujours pas là.

C'est une catastrophe.
Léonce n'a pas l'habitude.
Perdu dans ses songes, le manteau noir encore sur les épaules comme si on ne pouvait pas le retirer c'est une seconde peau, les aliments dans son assiette qui se touillent qui s'écrasent sous les coups de couteau.
Léonce n'a pas l'habitude.
Et d'habitude, Gustave... Il est toujours à l'heure, Gustave. Toujours, la montre à gousset logée dans une poche ou au cœur. Le temps dans les yeux, les chiffres qui défilent sur la langue. Mais à l'heure, parce qu'être à l'heure c'est être sûr de ne jamais manquer aucune mort. Aucune cérémonie. Aucun devoir.
C'est dans ses gènes dans son sang, ça court partout. Et ça déborde.
Extérieurement on ne voit pas.
Extérieurement on ne voit rien.
On voit Léonce.
Simple et silencieux, au fond de la brasserie, vraiment tout au fond, une ombre recroquevillée sur elle-même collée au mur sous la photo d'un Paris gris, étrange et énigmatique, que personne n'a vu arriver, et que personne ne verra partir.
Les Schneider le connaissent, savent qu'il existe, et pire : qui il est.
Mais l'ombre est une ombre. Elle s'accroche aux pieds des gens pour un temps, un temps seulement, puis disparaît pour toujours jusqu'à ce que revienne le soleil.
Sauf qu'ici de soleil il n'y a pas, il n'y a plus jamais, alors l'ombre on ne peut pas la voir. Pourtant elle existe, elle cohabite avec nous, elle respire, on peut la toucher, l'écraser, il lui arrive même de sourire ! si seulement vous saviez.
Gustave est son repère. Gustave c'est le temps.
Alors Gustave qui n'est pas là c'est très grave.

La porte du restaurant s'ouvre tout à coup.
Un tintement discret de bienvenue.
Une chevelure bien rangée bien coiffée.
L'air propre, distingué.
Et nouveau.
Léonce lève les yeux. Juste un peu, assez pour voir apparaître les formes du comptoir et cette silhouette bien habillée qui patiente à son bord.
Il regarde, il regarde comme il regardait la trotteuse dans son cadran. Avec indifférence et insistance. Avec questionnement.

Lucien finit par apparaître. Il émerge de la porte de service qu'on réserve au personnel, de celle où émanent les odeurs de cuisine, la vaisselle qui cogne, les mains sous l'écume brûlante, la voix de sa femme.
On voit qu'il ne s'est pas dépêché de venir, Lucien.
Sans entendre, Léonce devine que le propriétaire du café prend la commande.
Et Léonce imagine que cette femme lui répond qu'elle a vu Gustave et qu'il va bientôt arriver.
C'est idiot mais ça rassure.
C'est idiot mais ça calme le combat des couverts qui cessent de torturer persil et pommes de terre. Cette tambouille informe tachetée d'herbe.

Viendra le moment où, où où la femme ira s'installer quelque part à une table choisie au hasard, dans le fond ? peut-être là-bas près de la rambarde pour y attendre la venue d'une connaissance.
Alors, à ce moment-là, il sera possible de demander.

Avez-vous aperçu Gustave ?
Louise Favager

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Organisation(s) : Orme
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Re: Visite de courtoisie    Ven 31 Juil - 23:44

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@léonce camus

L’attente commençait à se faire longue, Louise n’étant pas d’une nature très patiente se contenta de réfléchir à ce qu’elle pourrait commander. Il est vrai qu’elle n’avait pas pris le temps de manger, comme toujours. Les nerfs continuellement à vif, les muscles incessamment raides, Louise ne prenait jamais le temps en dehors de celui qu’elle pouvait accorder à son travail ou à ses recherches. Mais Louise ne voulait surtout pas avoir le temps, sinon elle y penserait et elle ne voulait surtout pas y songer. Elle tapait nerveusement des doigts sur le comptoir, attendant que l’un des propriétaires la sauve des ruminations que suscitait cette attente. D’ordinaire les consultations et les visites s’enchaînaient à l’Hôtel-Empire, un patient puis un autre, une histoire puis une autre. Louise en avait tellement entendu, cela ne lui laissait plus le temps de penser à ses propres soucis. Quel beau métier de s’occuper des autres, quelle aubaine quand celui-ci lui permettait de ne pas faire cas de ses propres tares de surcroît. Or, les minutes s’écoulaient longuement céans et Louise n’était pas familière à cette cadence. Elle attendit néanmoins, luttant tant bien que mal contre ses pensées.

La survenue du mari Schneider la surprit, il débusqua d’une porte qui donnait sur les cuisines. Il s’approcha de Louise, qui s’empressa de lui demander l’accord tant attendu. L’homme lui répondit chaleureusement qu’elle pourrait afficher ce qu’elle voulait à condition qu’elle commande un petit quelque chose à manger. Louise trouvait cette condition parfaitement juste, et s’exécuta aussitôt en le remerciant. Ayant préalablement réfléchi à sa commande en bonne maniaque de l’organisation, elle demanda à ce qu’on lui serve une purée de topinambour à la ciboulette. Elle sourit au tenancier et lui tendit volontairement plus que ce qu’elle lui devait. Le propriétaire demanda à Louise de patienter le temps de préparer son plat avant de lui lancer un sourire complice.  « Le temps pour moi d’aller fixer mes affiches sur votre devanture ? » convenu-t-elle en souriant, l’homme acquiesça joyeusement. Louise se rendit donc au dehors et commença à s’affairer. Elle contemplait maintenant son affiche, non sans une certaine fierté et songea un instant où déposer celles qu’il lui restait. Louise sourcilla en remarquant au loin un homme cavaler en sa direction. Il s’arrêta, pris d’une toux grasse puis se râcla la gorge. L’homme avait l’air souffrant, Louise s’approcha et lui proposa son aide qu’il refusa. Elle se sentit obligée d’insister, mais l’homme persista à refuser sa faveur en prétextant qu’il avait l’habitude.

Louise ne voulant pas le mettre mal-à-l’aise, se dirigea de nouveau à l’intérieur de la brasserie. Elle avança vers le comptoir où son plat encore chaud l’attendait sagement, puis alla s’installer à la table en fond de salle, près d’une rambarde. L’odeur de la ciboulette lui rappelait les paysages de son enfance, elle porta la fourchette à sa bouche pour mieux s’en imprégner avant de lâcher un souffle tiède sur sa bouchée.
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