POLITIQUE ◇ les échos du passé

A l'heure où se déroule l'action de Vif Argent, soit l'an 1941, la France est toujours sous le Second Empire. En effet, notre point de rupture avec l'histoire réelle du pays est 1870, date à laquelle c'est Napoléon III qui règne sur la France. Nous imaginons ainsi que ce dernier décède dans des circonstances mystérieuses - d'aucuns diront louches - donnant lieu au couronnement de son héritier, Napoléon IV. Ce changement politique fait que la guerre franco-prussienne n'a pas lieu ; en découle donc une toute autre histoire, que nous tenterons de vous présenter ici. Nul besoin cependant d'être historien pour rejoindre le forum ! Notre action se déroule plus de soixante-dix ans après l'histoire connue, il est donc tout à fait possible de s'octroyer quelques libertés.

○ Avant d'aborder la situation actuelle du pays et du monde, quelques éléments concernant l'histoire du XIXème siècle qui vient de s'écouler. La période est marquée par les suites de la Révolution Française, et une succession de régimes aussi différents que sont nombreux. Il y a d'abord le Premier Empire (Napoléon Bonaparte) jusqu'à sa déroute en 1815, suivi de ce que l'on appelle Restauration des Bourbons (sous le règne de Louis XVIII), suivant l'héritage monarchique des centenaires passés. Suite à des émeutes connues sous le nom de Trois Glorieuses, le roi est chassé du trône par une autre branche, celle des Orléans, instaurant la Monarchie de Juillet (Louis-Philippe Ier) qui durera jusqu'en 1848. Une nouvelle révolution engendre la IIème République, dont l'un des principaux faits notables est l'abolition de l'esclavage, parmi de nombreuses tentatives de réforme qui se voient, généralement, avortées. Quatre ans plus tard seulement, en 1852, un coup d'état permet à Napoléon III d'accéder au trône et de restaurer un Empire, second du nom. Il est donc aisé de dire qu'il s'agit d'une période troublée. En 1941, on peut affirmer que le Second Empire, toujours en place, est sans aucun doute le régime le plus stable qu'il a été donné de voir au peuple depuis plus d'une centaine d'années.

○ Un élément majeur de ce XIXème siècle, et qui nous intéresse ici particulièrement, est la Première Révolution Industrielle qui démarre en 1840. Un bouleversement, qui ne cessera de poursuivre sa fulgurante ascension, est déjà palpable. La vapeur et la métallurgie en sont les principaux moteurs.

○ Revenons donc à notre an 1941 : la France a pleinement bénéficié de l'expansion industrielle et commerciale, mais aussi de la volonté de fer des Empereurs successifs (et notamment Céleste) de creuser le filon du vif argent, et s'impose aujourd'hui comme l'une des principales puissances mondiales. Elle développe des échanges commerciaux avec de nombreux pays voisins, non sans tensions, car le bois nécessaire à l'obtention du charbon est rare et difficile à obtenir. La zone alpine est particulièrement sujette à convoitise, divisée entre les différentes contrées - et notamment l'Italie, la Suisse et l'Autriche - dont elle fait partie.

○ La France s'est également imposée au cours du XIXème siècle comme une puissance coloniale, toujours en place à notre ère. A l'époque où s'opère la scission entre l'histoire réelle et celle du forum, le territoire colonial français n'a pas encore atteint l'ampleur qu'on lui connaîtra ensuite et comprend une partie à l'est de l'Inde, l'Algérie, et ce que l'on connaît aujourd'hui comme territoires d'outre-mer. La libéralisation et la promulgation de lois anti-discriminatoires ont assoupli les relations avec les territoires colonisés, qui sont gérés de manière assez libre avec des gouverneurs locaux, adjoints d'ambassadeurs souvent peu renseignés et issus des hautes-sphères parisiennes : il y a donc toujours une forme d'ignorance et de condescendance vis-à-vis de ces territoires surexploités. Les colonies ont pris (en théorie tout du moins) une forme de partenariats économiques, avec des échanges fréquents, de ressources naturelles notamment. Ce partenariat est cependant vu d'un point de vue local comme un prétexte à une nouvelle forme d'exploitation, les territoires gardant toujours le titre de colonie. La Guyane, avec la Forêt Amazonienne, est ainsi l'une des sources principales en bois du pays. Mais là encore, la volonté d'indépendance gronde, notamment face à une raréfaction des ressources pillées par la France.
NB : Nous vous invitons à imaginer et proposer vous-mêmes la situation particulière du/des territoire(s) qui vous intéressent, ne pouvant préciser ici les relations avec toutes les contrées colonisées.

○ Du point de vue des relations internationales, tous les pays n'ont pas parié sur le vif argent comme l'a fait l'Empire français, et certains gouvernements s'en passent tout à fait. On considère ici que cette découverte est essentiellement européenne et nord-américaine, et qu'à ce titre l'ensemble du continent s'intéresse à la question. Dans le reste du monde, l'intérêt pour le vif argent reste ainsi assez modéré, bien qu'on puisse imaginer que cela finisse par se répandre, en fonction des avancées effectuées par la recherche.

○ Si le terme de noblesse à proprement parler à été aboli dès la naissance du Second Empire afin de se détacher du passé monarchique, il n'en reste pas moins une classe aristocratique, évoluant dans les hautes-sphères de la société. Les titres ont désormais uniquement une fonction honorifique ; ils permettent cependant d'être bien vu dans le microcosme parisien et de récompenser des faits particulièrement importants pour le pays. Notez également qu'ils ne sont héréditaires que moyennant une coquette somme dont il faut s'acquitter auprès de l’État.
Parmi les plus récents récipiendaires d'un titre aristocratique, les alchimistes de renom bien sûr, dont les recherches sur le vif argent ont permis de considérables avancées, mais également les ingénieurs dont les prouesses techniques contribuent à la gloire du pays. Le titre se veut donc désormais davantage une récompense pour des travaux servant l'Empire, qu'une véritable distinction de noblesse.



○ Outre la Noblesse, le Second Empire et la Révolution Industrielle ont vu l'essor d'une nouvelle classe aisée et bourgeoise. Les empereurs successifs et particulièrement Céleste sont très attachés à la notion de mérite plutôt qu'à la naissance, et c'est ce qui va permettre l'émergence d'une bourgeoisie extrêmement riche qui n'a rien à envier aux nobles qui peuvent tout à fait se trouver désargentés. La richesse est par ailleurs intimement liée à la possession de terres, puisque l'on cherche encore à trouver un moyen de la cultiver malgré la pauvreté des sols ; posséder du terrain, c'est aussi avoir la possibilité de faire construire des serres, seul moyen d'obtenir des fruits et légumes qui ne soient ni racines, ni tubercules.

○ Mais le contexte social de ce milieu de siècle est particulièrement mouvementé : alors que la bourgeoisie et l'aristocratie se complaisent dans une recherche de vie éternelle, le peuple, quant à lui, peine à survivre dans le smog. Des Colonies au cœur de Paris, la grogne monte, et peu à peu, l'aube d'une révolution se dessine. Le 5 septembre 1932 a lieu l'événement Garnier, auquel on réfère sous le nom de Septembre Noir. Mené par l'Ordre du Plomb, organisation révolutionnaire dissidente, le peuple a pris d'assaut l'Opéra éponyme, avant d'être violemment réprimé. Si la révolution en porte encore les stigmates, elle n'en reste pas moins toute proche.